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Pendant ce temps, Kagi et Tomoe continuèrent l'exploration du temple tandis que l'ennui commençait à gagner la jeune femme.
- On se fait royalement chier !
L'EMF restait désespérément silencieux et la caméra thermique, quant à elle, ne détectait rien de plus que les deux amis.
Kagi vérifia qu'ils se trouvaient bel et bien seuls et prit Tomoe par les hanches.
- Qu'est-ce que tu fais ? Si Nori l'apprend, il va péter un plomb !
- Il est sûrement encore dehors avec Hito. Tu as juste le temps de me faire un petit bisou !
Alors que leurs lèvres étaient sur le point de se rencontrer, le duo fut interpellé par un bruit suspect. Ils sursautèrent, puis, armés de leurs lampes torches, partirent frénétiquement à la recherche de l'origine du bruissement.
Tomoe se figea, paniquée. Elle chercha son ami en tâtant l'air de sa main sans détourner le regard. Kagi se retourna silencieusement puis hoqueta de peur en voyant un homme, accroupi, recroquevillé sur lui-même, dans un coin de la pièce. L'inconnu ne cilla pas lorsque le duo l'illumina. Il semblait jouer avec un petit caillou trouvé sur le sol, à l'aide de mouvements très lents et saccadés. Tomoe prit une grande inspiration dans l'optique de se donner du courage.
- Monsieur ? Est-ce que tout va bien ?
Aucune réponse. L'homme posa délicatement la pierre sur le sol puis s'immobilisa en relevant la tête, toujours dos aux deux amis. Il resta plusieurs secondes dans cette position tandis que Kagi avança d'un pas vers l'inconnu.
- Monsieur, vous avez besoin d'aide ?
L'étranger se retourna très lentement, tandis que Kagi fit deux pas en arrière. Tomoe comprit que quelque chose clochait lorsqu'elle vit que l'homme restait immobile durant sa rotation. Il ne fit aucun mouvement, on aurait dit que la pièce tournait autour de lui et non l'homme qui pivotait. Lorsqu'ils parvinrent enfin à voir son visage, ils poussèrent un cri à l'unisson et s'échappèrent aussi vite qu'ils le purent.
Les deux amis retrouvèrent Nori et Hito, debout devant les escaliers. Ces derniers se retournèrent, paniqués, lorsqu'ils entendirent les cris de leurs deux amis.
- Quoi ? Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Hito, pas rassuré pour un sou.
- Là, dedans... Il y a... Homme... Yeux...
- Quoi ? Je comprends rien, respire et explique.
Tomoe reprit son souffle en se tenant les côtes. Elle s'efforça de garder un œil sur l'entrée du temple, au cas où l'homme accroupi les aurait pourchassés. Kagi, quant à lui, fixait les escaliers.
- Il y a un homme dans le temple il est pas normal il a les yeux tout noir c'est un fantôme un vrai de vrai il a le visage décomposé il a pas d'yeux il est transparent il est pas humain faut qu'on s'en aille.
Alors qu'elle avait l'intention de dévaler les escaliers, Kagi intercepta Tomoe afin de la dissuader.
- Tomoe calme toi, regarde ! dit il en pointant du doigt l'issue. Les torii ne sont plus là.
La jeune femme s'arrêta net, tout en admirant la vue et l'absence de piliers. Puis, énervée, elle fonça droit sur Nori :
- Ok, c'est quoi cet endroit ? Où tu nous as emmenés ?
- Mais qu'est-ce que j'en savais qu'il était vraiment hanté ?
- Non non, joue pas à ça avec moi, je sais que tu nous as caché des choses. Je te connais Nori. Le fait que tu ne veuilles pas qu'on visite le temple de jour, le fait que tu ne voulais pas qu'on cherche des infos sur Internet, car je cite "ça risque de nous faire plus flipper". Qu'est-ce que tu nous caches ?
Nori fit les cents pas en se grattant la tête.
- D'accord, d'accord. Je vais vous dire ce que je vous cache. Mais ça n'a rien à voir avec tout ça. C'est juste une rumeur, une légende débile.
- On t'écoute ! s'exclama Tomoe sur les nerfs.
Nori leur conta la vraie légende du temple, celle qui était crue par les anciens de la ville d'en bas, celle dont certains n'osaient pas conter, de peur d'attirer le mauvais sort.
Il y a fort longtemps, vivait en ces terres un peuple décimé par la famine et la maladie. On murmure parfois qu'un paysan, à bout de forces, passa un pacte avec le yôkai afin de l'aider à faire prospérer les cultures du village. Jour après jour, une plante immense et magnifique se mit à pousser au sommet de la colline, crevant le sol desséché de ses racines puissantes. Lorsque la situation des villageois sembla enfin s'améliorer, ceux-ci jurèrent que cette plante providentielle en était la cause. Convaincus qu'elle avait des pouvoirs divins, les paysans érigèrent un temple autour, en son honneur et défilèrent jour après jour pour la remercier sous forme d'offrande.
Cependant, durant ce temps, un dessin plus sombre se forma. Les paysans étaient de moins en moins nombreux. Beaucoup disparurent sans laisser de traces, jusqu'à ce que le village soit totalement désert. Les anciens racontent que cette plante n'y était pas étrangère.
Après avoir écouté Nori, Tomoe s'approcha de lui :
- Et tu comptais nous dire ça quand, hein ?
- Ce n'est qu'une légende, comme toutes celles qu'on a entendues concernant les endroits où on s'est rendus jusqu'ici.
- Ouais, sauf qu'il y a un ou deux trucs qui sont pas comme d'habitude. De un, les torii ont disparu, de deux, un type fantomatique s'est pointé devant Kagi et moi, et de trois, il y a une énorme plante au milieu du temple. T'en dit quoi de ça hein ?
Alors qu'ils argumentaient leur dispute, Kagi aperçu l'inconnu fantomatique, toujours accroupi dans la même position, derrière la porte du temple, disposé à les observer avec un sourire des plus inquiétants sur le visage.
- Les gars, regardez ! Il est là !
Au moment où le groupe se retourna, ils entendirent du bruit dans les escaliers. Le silence laissa la place aux grognements d'une foule fantomatique qui grimpait les marches très lentement, en direction de l'équipe.
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