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Les trois amis, assis sur le sol, restaient circonspects. Tomoe s'affairait à analyser les parchemins entreposés en espérant trouver une solution. Elle se maudissait, parvenant à déchiffrer seulement quelques mots ici et là.
- Les gars ! Je viens de penser à un truc. On a pas besoin de se rendre dans la pièce pour inspecter la plante. Je l'ai filmé !
Kagi sorti à la hâte la camera de son sac et s'empressa de la rembobiner. Tomoe reposa le parchemin et fixa l'écran. Ils se repassèrent encore et encore les images pendant de longues minutes, espérant trouver une solution ou ne serait-ce qu'un indice.
- Cette plante n'est vraiment pas naturelle. Selon les dires du dernier survivant, tout a commencé avec elle. Il doit y avoir quelque chose qu'on a raté ! s'exclama Nori désemparé.
Kagi se releva et s'étira. Il s'approcha de l'entrée.
- Tu fais quoi là ? demanda Tomoe inquiète.
- Je vais juste passer une tête, voir si le fantôme est toujours là.
Le jeune homme poussa délicatement les lianes de la main et se raidit. Il était là. Le fixant sans pouvoir l'approcher. Son meilleur ami, son acolyte de toujours, son confident, Hito. Immobilisé dans la position qu'il tenait avant de se faire emporter par la plante, le visage figé sur cette expression de terreur.
- Hito...
Tomoe et Nori se relevèrent et se glacèrent à leur tour devant ce qu'il restait de leur ami. Le chef de groupe qui avait réussi malgré tout à garder son sang-froid jusqu'ici, fondit en larmes.
- Hito, je suis désolé... Si je ne t'avais pas amené jusqu'ici, tu serais encore vivant... Je devrais être à ta place. Je suis désolé... Je suis désolé...
Tomoe posa une main sur l'épaule de son ami. Voyant sa souffrance, elle fut prise d'empathie. La jeune femme aurait aimé pouvoir le soulager de sa tristesse, de sa culpabilité, de sa douleur. Elle pleurait silencieusement à son tour, tandis que Kagi semblait perdu.
Le jeune homme fixait la silhouette translucide de son ami sans émotion. Son regard se montrait vide, dénué de sentiment. Tomoe le remarqua.
- Kagi ?
La vidéaste avait la sensation que l'homme qu'elle aimait était une bombe à retardement impossible à désamorcer. Elle avait peur de ce dont il était capable sous le coup de la panique. Elle le connaissait bien : si Kagi n'extériorisait pas ses émotions, il devenait une boule de nerf qui agissait sans aucun sens. Dans cette situation, ce tempérament pourrait lui coûter la vie.
- Kagi, parle moi. S'il te plaît, ne fais pas de bêtise... Pleure si t'en a besoin. Ne garde pas ça au fond de toi... S'il te plaît.
Nori, qui connaissait également le caractère de son ami, s'approcha pour l'encourager à son tour à se laisser aller. En vain. Kagi restait là, immobile, sans émotion. Au bout de quelques minutes, il déclara :
- Vous l'entendez ? J'essaie de comprendre, mais sa voix me parait vraiment trop éloignée.
Le chef de groupe et la vidéaste tendirent l'oreille, mais ne perçurent que de lointains gémissements.
- Il fait comme les autres fantômes. Ça ne veut pas dire qu'il essaie de nous parler... expliqua tendrement Tomoe, alerte.
- Si ! il essaie de nous parler, c'est juste qu'on est trop loin.
Kagi fit un pas en dehors de la pièce et libéra immédiatement les lianes qu'il tenait jusqu'ici. Tomoe hurla son nom, paniquée, puis s'empressa de libérer sa vue de la végétation. Elle constata qu'Hito n'attaquait pas Kagi, bien au contraire. Le spectre restait immobile.
- C'est toujours Hito. J'ai l'impression qu'il ne lui fera pas de mal, s'exclama Nori, essoufflé par l'angoisse. Laisse-le faire. Reste là.
Kagi continuait de s'approcher lentement.
- J't'entends pas. J'arrive pas à te comprendre.
Les gémissements continuaient puis Hito lui tourna le dos pour se diriger vers la sortie de la pièce.
- Kagi ! hurla Tomoe.
- Ne t'inquiète pas. Tout va bien. Il veut juste me parler. Je pense qu'on a rien à craindre.
La jeune femme se tourna vers Nori :
- Je vais avec lui.
- Alors je te suis.
Les trois associés suivirent Hito jusqu'à la pièce adjacente contenant la plante. Ils pensèrent d'abord être tombés dans un piège, voyant les formes fantomatiques toujours en rang devant la fleur. Cependant, ces derniers, se positionnèrent sur le côté, leur libérant un passage. L'ancien vidéaste ouvrit la marche, escortant la bande jusqu'au pied de la flore. Kagi, ne comprenant pas ce qu'il devait faire, observa l'esprit de son camarade de toujours.
- Qu'est-ce que je dois faire ? On a déjà regardé la plante... Je sais pas Hito, aide moi.
Les gémissements reprirent de plus belle cependant, il n'arrivait toujours pas à les comprendre. Le spectre se tourna vers l'assemblée translucide. Une autre victime en sortit : une femme, le corps courbé en avant, la main tendue. Tomoe retint sa respiration, paniquée.
- Du calme ma chérie. Tout va bien, la rassura Kagi.
L'inconnue flotta entre les amis et se positionna à côté de Kagi. De sa main tendue, elle fit mine de toucher l'énorme tige de la fleur. Le caméraman se tourna vers son ami d'enfance :
- Hito, demanda Kagi, tu veux que je la touche aussi ?
Le gémissement d'Hito fut cette fois très bref.
- Très bien, je te fais confiance.
Effrayé malgré tout, le caméraman hésita. Il soupira longuement, agita ses mains comme pour s'échauffer et en posa une sur la tige en fermant les yeux.
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