Chapitre 12
Par Rowani et Diraxo
Nathan, de son côté, était prêt à partir. Il avait déjà réussi le plus difficile en annonçant celui-ci. Alors, après avoir fermé la porte de la chambre de Livia, il inspira un grand coup et se dirigea vers l’autre chambre où se trouvaient les sacs. Il poussa la poignée vers le bas et ouvrit la porte. À l’intérieur de la chambre, Nathan vit quelqu’un qui marchait en se passant la main dans les cheveux.
Le garçon dans la chambre était plutôt grand, au teint pâle. Il avait les cheveux blonds mi-long et une coupe très soignée. Un petit nez pointu, des lèvres fines et une silhouette carrée. Habillé uniquement avec de la marque, il avait tout du parfait gosse de riche.
— J’vais pas déranger longtemps, j’prends juste mon sac, lâcha Nathan, saoulé.
— Oh mais tu es Nathan. On s’connaît pas. J’suis un pote de Baptiste, il m’a dit que t’étais nouveau ici. Tu pars déjà ? lança Paul tout bas.
Nathan, qui avait déjà passé une journée catastrophique ne voulait qu’une seule chose, c’était d’avoir la certitude : qu’il réussirait à trouver quelque chose pour l’aider à aller mieux. Alors il allait jouer franc jeu.
— Oui, j'suis pas à ma place ici. Les gens se connaissent tous et je dérange.
— Tu tombes sur la bonne personne, alors ! J’suis toujours prêt à rencontrer du monde, moi !
Un sourire se dessina sur les lèvres de Nathan.
— Enfin une bonne nouvelle alors ! s’exclama-t-il.
— Tu sais, j’pense qu’on va bien s’entendre. J’ai pas beaucoup de gens avec qui me poser ce soir et on est mieux tranquille.
Pendant plusieurs dizaines de minutes, Nathan et Paul firent connaissance. Paul semblait posé et montrait une bienveillance presque maternelle envers Nathan.
— Puis tu sais. J’ai aussi un petit espoir ce soir. Y’a une fille qui me plaît beaucoup et j’ose pas trop lui parler. J’ai peur qu’elle me recale, expliqua Paul.
—Tu parles de qui ?
— Elle s’appelle Livia, je pense pas que tu la connaisse.
Nathan eut un léger instant une pointe au cœur.
« Eh merde ! », pensa-t-il.
Paul avait raison, Livia était très belle en plus d’être adorable. Mais Nathan laisserait son tour, il ne croyait de toute façon plus vraiment en ces conneries de sentiments et voulait faire une bonne action. Et puis, c’était surtout l’occasion pour lui de se faire un premier ami.
— Tu sais quoi, j’ai une idée ! Reste ici et je m’occupe du reste !
Nathan s’en alla alors, le laissant seul dans la chambre.
Paul attendit quelques secondes, toujours avec un sourire au coin des lèvres et des yeux pétillants. Il avança lentement vers la sortie, mais Lucas surgit à ce moment-là, faisant barrage avec son corps.
— Reste ici, on a une discussion à avoir, tous les deux.
Paul dévoila toutes ses dents avec un immense sourire et ricana.
— Pas de souci !
Lucas entra dans la chambre et ferma la porte derrière lui, il voulait se montrer menaçant, gonflant le torse, gardant la tête haute, et surtout s’assurant de toujours bien regarder son interlocuteur droit dans les yeux. Mais au fond, il avait peur. Il avait l’impression que ses jambes étaient en guimauve, ses mains étaient moites et son souffle rapide. Il essayait de dissimuler son inquiétude derrière cette assurance qu’il renvoyait.
— J’ai fait ma part des choses, même si je regrette de l’avoir fait. Maintenant, n’essaye pas de foutre la merde ici et dégage le plus vite possible.
L’expression de Paul changea. Ses yeux n’étaient plus remplis de cette sorte de mépris constant. Non, là, c’était plutôt de l’indignation, de la colère…
— Tu peux pas m’inviter et me dire de partir en plein milieu de la soirée ! J’ai pas l’droit de m’amuser, comme tout le monde ?
— Arrête tes conneries ! gueula Lucas. Tous les deux, on sait très bien que les soirées, la tease, les gens entassés sur 20 mètres carrés de salon, t’en as horreur ! T’es venu pour elle, t’as réfléchi à un moyen de la forcer à revenir avec toi, et ce soir, c’est l’occasion parfaite ! J’ai tout cramé, joue pas à l’innocent avec moi et laisse-la tranquille.
Paul serra les poings. Son regard se remplit encore de noirceur. Il baissa la tête et fixa le sol pendant de longues secondes.
Et soudain, après quelques instants, il se mit à rire doucement. Pas un de ces rires diaboliques ou ironiques, un rire franc, le genre de rire qui sort après une bonne blague. Lucas était totalement perdu.
— Tu trouves ça drôle ?! hurla-t-il, à bout de nerfs.
Paul releva enfin la tête, ses lèvres s’étiraient jusqu’à ses oreilles.
— Ouais ! Parce que tu sais très bien pourquoi j’suis là. Alors ouais, j’assume, tous ces trucs de gamin, se soûler, danser, crier, je déteste. Tu sais pas à quel point j’ai envie de me barrer tout de suite ! Mais tout ça, j’le fais pour elle, pour qu’elle voit à quel point je tiens à elle !
— Si tu tiens vraiment à elle, casse-toi. C’est toi qui lui fais du mal.
— Ah bon, c’est moi ? Si tu savais si bien pourquoi je suis venu ici, pourquoi tu m’as aidé ? Pourquoi tu m’as parlé de cette soirée qu’elle organisait ? J’suis le seul coupable, ici ?
Lucas serra la mâchoire, sa respiration s’accéléra. Paul venait de toucher une corde sensible.
— C’est tes putain de menaces qui m’obligent à faire ça, tu l’sais très bien !
— J’ai pas besoin de te menacer. Tiens, j’te fais la promesse de rien balancer sur toi. Maintenant, tu peux faire c’que tu veux ! Nan, on sait tous les deux pourquoi tu fais tout ça pour moi…
— Ta gueule. J’ai pas envie de parler avec toi, j’me tire. Fais c’que tu veux, mais laisse-moi tranquille.
En disant cela, il se retourna brusquement et sortit.
Au même moment, Nathan gambadait dans les couloirs à la recherche de Livia. Dans la cuisine, non. La salle à manger, non. Peut-être était-elle dans l’entrée, non plus. Finalement, Nathan trouva Livia sur la grande terrasse de sa maison un verre à la main.
— Eh ! Livia !
— Nathan ! T’es resté finalement ?
— Oui, c’était quand même bête de partir tôt d’une si belle soirée. Surtout que je t’y ai rencontré !
Un large sourire s’esquissa sur le visage de Livia qui avait un peu viré au rouge. Nathan trouvait ça mignon et terriblement craquant. Mais il n’oublia pas sa mission principale.
— Enfin, grâce à toi j’ai déjà fait quelques rencontres finalement donc c’est cool !
— Je suis contente que tu te plaises ici, ça me fait sincèrement plaisir, t’as l’air très sympa ahah !
— Merci ! Ça te dirait qu’on aille dans un endroit plus calme ? Genre, la chambre par exemple ?
Pendant quelques secondes, Livia eut un moment de flottement. Elle semblait réfléchir à la proposition de Nathan, qui avait eu peur de la bousculer en jouant franc jeu.
— Ouais, mais pourquoi ?
— Rien de spécial, pour être plus au calme. T'inquiètes pas !
Livia semblait étrange, elle fronça les sourcils. Nathan avait peur d’une mésentente, mais dans tous les cas, il savait que ça serait réglé quand elle verrait Paul qui était bien plus séduisant que lui.
— Bon, ça me fera au moins un moment sans tout ce boucan !
Nathan marcha fièrement jusqu'à la chambre, suivi de Livia.
Une fois devant la chambre parentale, celui-ci ouvrit la porte et vit le sourire ravi de Paul qui se tenait assis sur le lit.
Pour Livia, la chute émotionnelle fut brusque et terrible. Elle eut une pointe qui lui serra le cœur, les oreilles qui se bouchèrent, et la tête qui commença à tourner. Paul était la dernière personne à qui elle voulait adresser la parole. Malgré tout, elle entendit Nathan dire : « Profitez bien tous les deux ! », puis le son d'un claquement de porte.
En sortant, Nathan était fier d’avoir amené Livia à son nouvel ami qui n’osait pas franchir le premier pas. À présent, Paul n’avait plus d’excuses et ne pouvait plus jouer les timides !
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