Chapitre 1 - Le fils de la sorcière
Augustin se leva, son corps était encore endoloris par la torture que les villageois lui infligeaient. Cela faisait tellement longtemps qu’il en avait oublié la durée qu’il a passé ici. Un jour, une semaine, peut être plus, il n’en savait rien. La lumière du matin, faible et filtrée par le bois de la grange qui lui servait de cellule, dessinait des ombres inquiétantes sur les murs. Les rayons du soleil qui passait à travers les planches de la grange avait créés un motif de barreaux, sur le mur opposé. Comme si le soleil lui même voulait lui rappeler sa position. Il dormait a même le sol humide, un tas de foin lui servant de matelas de fortune.
Il avait été un enfant aimé, bercé par les histoires de sa mère, la sorcière. Elle lui avait appris à lire les étoiles, à comprendre les animaux, et à puiser sa force dans la nature. Il n'aurait jamais les pouvoirs de sa mère, mais pour autant, il pouvait puiser une sorte de force avec de la concentration. Seulement les femmes, de mère en filles pouvaient être des sorcières. Mais la peur des hommes avait tout bouleversé, et tout détruit. Sa mère ayant été accusée d’avoir lancé une malédiction sur le village, il avait été emprisonné, ici, dans cette pièce de bois.
Il se souvenait de ses premières heures d’emprisonnement, de la solitude accablante, et des interrogatoires sans fin. Les villageois l’avaient torturé pour qu’il avoue les crimes de sa mère. Pour qu’il admette un pacte avec le diable, quelle avait sûrement passé afin de décimer le village. Il avait tout nié, mais ses dénégations n’avaient servies à rien. Il avait compris que cette maladie qui ravageait le village avait créé de la souffrance, et qu’il fallait l’apaiser. Il fallait calmer les dieux avec deux vies, deux vies contre un village, qui ne le ferait pas?
Après s’être réveillé, il inspira profondément l'air vicié, le goût du bois brûlé le pris instantanément à la gorge, lui rappelant la sentence qui pesait sur lui. Et cette sensation était décuplé par la fumée qui émanait des cheminées avoisinante des villageois. Sa peur et son angoisse avaient maintenant fait place à la détermination. Il voulait sortir d’ici sans plus tarder. Il savait qu’un jour, tout cela pouvait arriver, sa mère l’avait préparée a cela. Reste fort et lucide, jamais il ne t’arrivera quelque chose, je m’en assurerai, elle lui disait.
Les jours se suivaient, identiques les uns aux autres. Il passait ses journées à regarder les nuages se transformer en créatures fantastiques à travers les planches de sa geôle, et à écouter les chants des oiseaux qui se posaient sur le toit de la grange. Il se parlait à lui-même, revivait les souvenirs heureux de son enfance. Il profite des dernièrs jours avant le bûcher. Son sort était surement scéllé par les villageois.
Ces derniers jours, il avait également senti une présence, une compagnie bienveillante qui le réconfortait. C’est comme si il était entouré des pensés d’un autre. Ces pensés extérieures, le rassérénaient, cette voix, c’est mots qui résonnaient dans sa tête, ces visions vagues au bout d’une sorte de tunnel, des cliquetis. D’ou cela venait-il? Il n’avait pas les dons de sa mère, la folie ne l’avait pas encore accueillie à bras ouvert. Et pourtant, tout cela le consolait, il était enfermé, mais il avait l’impression de s’évader.
Par moment il arrivait a distinguer la voix, lointaine mais douce, il était bercé par ces sensations qui se faisaient de plus en plus forte. Ces images défilaient devant lui, encore des paysages entouré d’un tunnel, et de nouveau ces cliquetis. Par moment, les images étaient remplacées par des mots, des phrases, des textes. C’est bien sa langue, mais pourtant, il ne comprends pas tout, les cliquetis avaient fait place au tapotement incessant. Un carrefour de lettres devant lui. Il est toujours enfermé, dans la grange, nul doute la dessus, mais cette lumière qui affichait tout, des images, des mots, et encore ce tapotement. Sa vie défilait devant ses yeux, mais en mots, et en lignes, est ce que l’heure était venue? Malgré cette angoissante vision, son réconfort était a son paroxysme, calme et apaisé il en redemandait, quelle était cette sensation, que vivait-il? La douleur n’était qu’un souvenir quand tout cela frappait à la porte de son esprit.
Et de nouveau cette voix douce, ces pensées qui n’étaient pas les siennes. Il n’avait rein d’autre à faire, il s’adressa donc à cette voix.
- Bonjour, Demanda Augustin
- C’est toi qui es dans ma tête? Lui répondit cette voix douce et mélodieuse
- Est ce que tu es un esprit ? Pourquoi je t’entends, et je vois ces images?
Augustin connaissait les pouvoirs de sa mère, elle entendait et s’adressait régulièrement aux esprits. Mais il savait aussi que les hommes n'avaientpas se genre de capacités.
- Non je suis pas un esprit. Tu ne m’avais jamais parlé avant. J’entends ta voix depuis tellement longtemps, j’ai des images par moment de toi.
- Si tu n’es pas un esprit, comment tu fais pour me parler?
- On m’a dit que j’étais malade, que cette voix n’existe pas. Mais je savais que je n’étais pas fou.
- Pourquoi malade? Ma mère parle souvent aux esprits. C’est peut être aussi pour cela que je suis prisonnier.
Etait-ce simplement son imagination qui le transportait. Ou lui aussi était-il aliéné. En fermant les yeux, il voyait maintenant son reflet, mais pas son visage. C’était surement celui qui s’adressait à lui. Un sourire naquit instantanément sur ses lèvres. Il était prêt. Prêt à affronter l’inconnu, prêt à rejoindre ceux qu’il aimait, son père, sa mère, les esprits, prêt à embrasser le brasier, le bûcher.
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