Pourquoi attendre ?
Elle loue depuis un mois une chambre, à deux rues de là, et propose un verre à son "invité". Ils sortent donc du bar, en duo éméché, tout feu tout flamme.
Soudain un orage éclate : la magie d’un Paris mystique sublimé par des couleurs à la fois sombres et électriques. Les deux amants en devenir se réfugient alors sous une porte cochère, à l’abri de la pluie mais surtout des regards. Une tempête qui commençait seulement à menacer s’abat sur Paris : une telle chute de pluie n’est souvent que l’histoire de quelques minutes. Un éclair fend brusquement le ciel, le déchirant en sa moitié comme Luis a envie de déchirer la robe d’Elle.
Ils profitent de ce moment suspendu : ce moment de règne en maître de la météo pour s’embrasser goulument, à grand renfort de caresses et frottement des corps, l’un contre l’autre. L’orage a ce puissant pouvoir de réinitialisation du cours des choses. Nous ne sommes rien en ce bas monde. Un tsunami apparaît, et il raye de la carte une île. Un volcan se réveille, et il réduit en cendres maisons et forêts. Un tremblement de terre débute, et ce sont les entrailles de la Terre elles-mêmes qui engloutissent toutes les matières ! Il n’est plus question de guerre, de convenances, d’ordre : le pouvoir suprême est détenu par Mère Nature, ainsi en sera-t-il toujours. Le tonnerre fait vibrer le cœur et augmente la fréquence cardiaque : il contracte la pupille et fascine. Le sexe aussi.
Les éléments naturels déchaînés nous font basculer sur un cerveau plutôt reptilien. En somme : ils rendent plus vivant ! Elle est tellement excitée par le moment et abandonnée à Luis qu’elle ne sent même pas la charnière de la porte derrière elle s’enfonçant dans son dos chaque fois que Luis la serre.
Elle monte machinalement une jambe sur le côté de Luis, qui s’empresse de lui attraper la cuisse et la serrer plus fort contre lui. Le coude de Luis commence au genou d’Elle et sa main termine sous la robe, tous doigts écartés pour mieux saisir la surface de sa peau. Il tient sa fesse droite dans la paume de sa main, tandis que son entrejambe rencontre le pubis d’Elle. Elle peut à cet instant sentir l’effervescence flatteuse du partenaire, augurant un beau moment de volupté à suivre.
L’orage cesse et ils courent jusqu’au bon bâtiment. Ils rentrent et entrent dans l’ascenseur pour dix étages. Les portes se ferment. L’ascenseur joue une chanson suave à souhait. La bombe à retardement explose un peu plus: ils s’embrassent avec passion, les bras s’empressant de commencer à se déshabiller l’un l’autre. Elle a le dixième étage rien que pour elle, aucun risque d’atteinte à la pudeur à l’ouverture des portes ! L’ascenseur lui-même semble s’embraser, théâtre du crescendo de pulsions sensuelles commençant tout juste à être assouvies, à justes doses.
Sans réfléchir, Luis soulève Elle et l’assoit sur la barre d’ornement du miroir de l’ascenseur. Il peut alors tenir ses jambes fermement de part et d’autre de lui et la caresser volontiers. Sa robe est un cache-coeur laissant apparaître la forme généreuse de sa poitrine: il approche son visage de ses seins et se met à les caresser de ses joues tout en laissant traîner ses lèvres dans le creux du décolleté. Pendant ce temps elle caresse les cheveux de cet homme si excitant et l’encourage à continuer, levant les yeux vers le plafond de l’ascenseur. Elle respire profondément mais a l’impression de manquer d’oxygène et d’espace. Elle savoure néanmoins l’instant présent, ses mains moites venant s’appuyer contre le miroir, témoin de cette chaude communion des corps. Cette absence momentanée d’oxygène n’est bizarrement pas sans lui déplaire et aide finalement à comprendre ce que cherchent à produire ces amants qui jouent à se priver d’air pendant un acte sexuel… un doux étourdissement procure des sensations physiques ressenties plus fortes : Elle en faisait alors l’expérience.
Quoi qu’il en soit le dixième étage est atteint. C’est le dernier. Deux minutes se sont écoulées, en un battement d’aile de papillon. La robe d’Elle est à mi-corps et Luis est torse nu.
Elle cherche les clés de l’appartement frénétiquement dans son sac, mais elle s’aperçoit qu’elle les a perdues. Elle éclate de rire, réfléchit un instant, lui prend la main et lui dit : "Suis-moi"!
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