Chapitre 13 : Jonas Perceval, Partie 3

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Avec une grimace de rage et de dépit, Thénardier ôta la chaine de son cou et la laissa tomber dans la paume de Sheamon, qui l’examina brièvement. Il ressentit aussitôt la puissance magique qui émanait de l’objet. Ce n’était pas une copie.

  • Comment es-tu entré en contact avec les Nocturii ? demanda-t-il au maire.
  • Pardon ? s’étonna ce dernier.
  • Ne joue pas aux innocents. La prime sur ma tête a été émise par les Nocturii, ou plutôt un de leurs serviteurs. Elle concerne les mercenaires et les criminels, mais certainement pas les autorités immortelles, puisque la Tétrarchie interdit tous contact avec Némésis. La milice démoniaque ne devrait donc pas me rechercher. Et pourtant mon avis de recherche est placardé sur tous les murs de la ville. Tu as inventé toute cette histoire m’accusant de la destruction du Quartier Umbrella pour pouvoir me faire passer pour un criminel et justifier ma traque. Tu étais donc forcément en contact avec les vampires. Ce que je veux savoir, c’est pourquoi et comment.

L’expression surprise de Thénardier se changea soudain en résignation.

  • J’aurais préféré ne jamais avoir affaire à eux… déclara-t-il avec une étonnante franchise teintée d’amertume. Si cela n’avait tenu qu’à moi, je me serais éperdument moqué que vous passiez en Enfer ou non… Ou même de savoir si vous avez vraiment massacré ces sales vampires, croyez-moi ! Mais ce nosferatu, Forlwey… je ne peux pas m’opposer à lui.

Sheamon plissa les yeux, attendant la suite. Le maire de Lutécia déglutit avant de continuer :

  • Cela m’est arrivé il y a quelques mois. J’ai reçu une lettre m’informant que quelqu’un détenait des éléments disons… compromettants à mon sujet. La lettre était anonyme, mais le sceau, une fleur de lys, m’a fait comprendre à qui j’avais affaire. L’auteur me donnait rendez-vous en me précisant que si je ne venais pas seul, les informations sensibles à mon sujet seraient diffusées dans tous les territoires de l’Enfer. Cela aurait provoqué ma chute. J’y suis allé, et j’ai rencontré ce fameux Forlwey, qui m’a montré des preuves indiscutables de mes… de ma…
  • Corruption ? lui souffla Sheamon.
  • Je préfère le terme d’engagements politiques secrets, répliqua Thénardier. Il m’a dit que si je faisais ce qu’il me demandait, il me laisserait tranquille. Je lui ai donc donné des renseignements concernant les fortifications de Lutécia, le nombre de miliciens, ainsi que tout ce que je connaissais de la politique des Enfers. Il s’en est contenté au début et j’ai commencé à me dire qu’il allait enfin me laisser tranquille… Le temps a passé sans qu’il fasse appel à moi, jusqu’à il y a deux semaines. Il m’a envoyé un message m’ordonnant de mobiliser tous mes hommes pour vous traquer et lui ramener la fille qui est sensée vous accompagnée. Mais cela ne lui a pas suffi. En plus, il m’a envoyé cette saleté d’espionne et m’a forcé à lui donner le poste de secrétaire ! J’ai désormais Manuela Walls sur le dos. Et elle se croit tout permis ! Cela me désole de l’admettre, mais en ce moment c’est elle la véritable maîtresse de Lutécia. Alors que j’ai passé tant d’années à…
  • L’incident avec les vampires qui ont tenté de passé la porte, c’était également votre idée ? Le coupa Sheamon, peu intéressée par ses récriminations.
  • Non… C’était la sienne. Elle s’est dit que la fille Nocturii ne résisterait pas à l’envie d’aider ses camarades si elle apprenait la nouvelle. C’est pourquoi elle m’a fait monter toute cette mascarade pour vous faire sortir de votre trou. De ce que j’en sais, ce sont de véritables survivants du massacre d’Umbrella. Mais Manuela ne m’a rien dit de plus.
  • Et où sont-ils en ce moment ?
  • Dans la tour sud-est… cracha Thénardier.

Sheamon se rappela brusquement que c’était précisément dans cette direction que se dirigeait Triss lors de sa tentative de communication. Mais elle n’était pas censée connaître la rumeur concernant les survivants… Et si elle l’avait appris malgré tout ?

Un bruit de déchirure derrière lui l’arracha à cette sombre pensée. Jonas avait pris un livre dans l’une des bibliothèques, puis en avait arraché une clé collée à la couverture intérieure. Il avait ensuite décroché un tableau représentant Thénardier avec un tigre à dents de sabre mort à ses pieds. Sheamon détourna les yeux. Cela lui rappelait Ryku.

Un coffre-fort enfoncé dans le mur apparut derrière. Jonas déverrouilla prestement la serrure. Un déclic se fit entendre tandis que la porte s’ouvrait en grinçant. Sheamon se rappela avec une certaine ironie que Sirius avait une cachette semblable. Le démon plongea alors le bras dedans et en retira un petit paquet enrobé dans un tissu de soie rouge. Il le déballa, dévoilant une poignée d’épée brisée avec un joyau d’un bleu étincelant incrusté dans la garde finement ouvragée. L’arme était parfaitement conservée. Seule la lame amputée démontrait qu’elle était inutilisable.

Jonas rangea la relique avec précaution dans son manteau. Puis il braqua son regard furieux vers Thénardier.

  • Où est l’argent que j’avais sur moi au moment de mon arrestation ? Lança-t-il brutalement.
  • Il a été… réquisitionné par le gouvernement… Comme dommages et intérêts dus à…
  • C’est une blague ?! hurla Jonas en sortant son couteau. Non seulement vous m’avez emprisonné et volé mon héritage, mais en plus, vous m’avez pris ce que…

Les mots parurent se bloquer dans sa gorge. En poussant un grondement de rage, il s’avança vers le maire avec l’intention manifeste de lui planter sa lame dans la gorge. Thénardier se raidit dans son fauteuil, balbutiant des excuses inaudibles.

Sheamon fut plus rapide. Il plaqua sa main contre la poitrine du maire et un flash de lumière s’échappa de sa paume. Thénardier se figea, avant de s’écrouler sur son fauteuil, évanoui.

  • Pourquoi l’as-tu assommé ? le tança Jonas. J’ai besoin qu’il soit conscient pour qu’il sente la souffrance que je vais lui infliger…
  • Arrête, lui dit Sheamon. On a ce qu’on voulait. Le tuer ici serait une grave erreur qui pourrait bien nous perdre. Il a beau être un sale type, c’est le représentant du Roi-Démon. Satan ne laissera pas passer ça, c’est une question de fierté pour lui. Si tu veux te suicider, c’est ton choix, mais attend le moment où cela ne risquera plus de contrarier mes plans !

Jonas poussa un soupir exaspéré et rengaina son arme.

  • Tu as raison, mon ami, déclara-t-il en reprenant un ton enjoué, bien qu’un peu forcé. Cela me déplait, mais mieux vaut manquer son coup qu’avoir la corde au cou !

C’est alors qu’Amalia se redressa, faisant sursauter le devin.

  • Enfin ! s’exclama-t-elle en se relevant. Par Azaël, j’ai cru devenir folle à force de jouer les inconscientes…

Elle jeta un regard dégoûté sur Thénardier assommé sur son siège.

  • Dire qu’il était prêt à me vendre après tout le soutien financier que je lui ai apporté pendant ses mandats… Tanya ferait décidément un maire bien plus digne ! Es-tu sûr que ton plan marchera, Sheamon ?
  • Ce n’est pas le mien, c’est le sien, répliqua l’exorciste en désignant son compagnon d’un signe de tête. Amalia, je te présente Jonas Perceval, escroc et devin.
  • Je me qualifierai plutôt de gentleman, corrigea Jonas avec un sourire charmeur à l’adresse d’Amalia. Enchanté, Madame Da Silva, je suis votre serviteur. Si je peux me permettre, vous êtes réellement magnifique…. Un seul mot de votre part et mon cœur sera vôtre à jamais.

Il baisa délicatement la main d’Amalia, qui ne put s’empêcher de rire.

  • Quel charmeur ! s’amusa-t-elle. Ravie de faire votre connaissance, Monsieur Perceval.
  • Navré de briser l’ambiance, intervint Sheamon, quelque peu agacé. Mais nous devons continuer. Lady Viviane et Maxwell ne devraient pas tarder…

Il tourna son regard vers le sceau toujours dans sa main. Un puissant flash de lumière s’échappa de sa paume : l’artefact s’illumina intensément avant d’éclater en morceaux.

  • Maintenant, on ne peut plus revenir en arrière, annonça le renégat avant de s’adresser à Amalia. Tu sais ce qu’il te reste à faire…
  • Attendre une demi-heure avant d’aller chercher de l’aide en feignant que je viens seulement de me réveiller, répondit celle-ci avec assurance. Ne t’inquiète pas, ce n’est pas moi qui ait une prime d’un million d’inferis sur la tête ! Allez-y, ne perdez pas de temps. Et retrouve vite Triss, Sheamon. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé...

Elle et le renégat échangèrent un regard inquiet. Le silence s’éternisa pendant quelques secondes, que Jonas fut le premier à rompre quand il s’inclina une dernière fois devant Amalia.

  • Au revoir, Belle Dame, lui dit-il. Le devoir m’appelle, mais je ne vous oublierai pas...

Sur ces mots, il sortit du bureau après un bref regard meurtrier en direction de Thénardier. Sheamon s’approcha à son tour de la porte, puis s’immobilisa. Il avait déjà fait ses adieux à Amalia au Primera. Mais il éprouva soudain le besoin de lui parler une dernière fois. Le renégat se tourna alors vers son amie qui l’observait tristement.

  • Le costume que tu m’as acheté… murmura-t-il brusquement. Je n’ai jamais eu l’occasion de te le dire, mais il est vraiment magnifique.

Amalia esquissa un sourire amusé.

  • Enfin, tu l’as dit, ironisa-t-elle. N’oublie pas ta promesse Sheamon. La prochaine fois que tu viendras me voir, tu devras le porter, et pas ce vieux manteau rapiécé que tu affectionnes…
  • Je sais, grommela Sheamon en quittant la pièce. Prends soin de toi, Amalia.
  • Toi aussi. Fais-moi le plaisir de ne pas mourir et de revenir me voir sans une armée à tes trousses, la prochaine fois !

Le renégat referma la porte avec un sourire, après un dernier regard en direction de son amie. Jonas l’attendait, adossé au mur. Sheamon consulta l’Horologium pour savoir où était Triss, car l’aiguille se déplaçait.

  • Au nord, déclara-t-il en marchant d’un pas rapide, suivi de près par le démon.

Il éprouvait à la fois un sentiment de satisfaction et de l’inquiétude. Certes, ils avaient trouvé le moyen de franchir la Barrière, mais Triss était en danger. Si elle tombait entre les mains de cette Manuela Walls… Sheamon devait la retrouver immédiatement.

Avant qu’il soit trop tard.


***


Cela faisait une demi-heure que Sheamon était parti. Amalia se leva de son fauteuil et quitta le bureau pour partir à la recherche de secours, comme convenu. Attendre davantage aurait pu faire peser des soupçons quant à son implication dans l’attaque contre le maire.

« Sheamon… Triss… J’espère que vous vous en sortirez sains et saufs » songea-t-elle en poussant un long soupir.

Amalia aurait tant aimé posséder comme ces deux-là un talent naturel au combat pour partir à l’aventure à leurs côtés ! Hélas, même du temps où elle était exorciste à la Colonie Six, elle n’avait jamais brillé par ses faits d’armes… Avec ses maigres compétences, Amalia n’aurait été qu’une gêne pour Sheamon. Il était d’ailleurs étonnant de constater que leur amitié avait traversé les décennies, alors qu’ils avaient suivi des voies si différentes l’un de l’autre.

Pourtant, malgré leurs différences, le destin s’évertuait à les rapprocher, pour mieux les éloigner. Combien de fois Amalia s’était demandée ce qui avait poussé Sheamon à franchir la porte du Primera ce fameux soir, après des années de silence ? Pourquoi n’avait-il pas tiré un trait sur elle comme sur tous ses autres amis ? Revenu d’entre les morts, Sheamon avait séjourné chez elle quelque temps : il était changé, inquiétant, torturé par le désespoir et la haine. Sans se décourager face à ce changement brutal, Amalia avait essayé de l’apaiser, mais au moment où il paraissait enfin commencer à redevenir lui-même, l’exorciste avait disparu…

Malgré tout, il revenait toujours… Et repartait presque aussitôt qu’il commençait à s’apaiser, comme s’il ne voulait pas oublier la douleur qui continuait de le hanter. Amalia, malgré tous ses efforts, ne parvenait pas à l’aider durablement.

Néanmoins, cette fois, Sheamon avait paru plus… joyeux. Malgré son attitude apparemment distante, Amalia avait surpris plusieurs fois son sourire. Et c’était Triss qui était à l’origine de ce changement. La jeune fille était en train de réussir là où elle avait échoué… Mais la maitresse du Primera toutefois s’en réjouissait. Peut-être Triss arriverait-elle à tirer Sheamon des ténèbres dans lesquelles son esprit semblait irrémédiablement plongé ? Amalia l’espérait de tout son cœur.

Elle entendit soudain des bruits de pas qui se rapprochaient devant elle. En relevant la tête, Amalia aperçut un homme surgissant de l’angle du couloir. Ce n’était ni un invité ni un milicien. Mais il avait la stature d’un guerrier et il arborait une imposante épée dans le dos, bien loin de la hallebarde règlementaire de la garde municipale. De loin, Amalia n’arrivait pas à distinguer son visage, mais elle eut l’impression que cet homme ne lui était pas inconnu… C’est alors qu’elle réalisa subitement que le nouvel arrivant portait l’uniforme des exorcistes !

  • Bonsoir, Amalia, déclara celui-ci, comme s’il s’attendait à la rencontrer. Cela fait longtemps…
  • Qui êtes-vous ? l’interrogea-t-elle en s’avançant avec méfiance. Seule la milice a le droit de porter une arme dans l’enceinte du palais municipal !
  • J’ai obtenu le droit de garder la mienne. Je peux être très persuasif, quand je le veux.

Il fronça les sourcils, dévisageant Amalia avec une pointe d’incrédulité.

  • Tu ne me reconnais vraiment pas, tante Malia ? demanda-t-il en se rapprochant.

Soudain, le déclic se fit dans l’esprit de la maitresse du Primera. Elle se rapprocha, incrédule, pour mieux distinguer ses traits. C’était bien lui. L’enfant avec qui elle avait si souvent joué il y a longtemps quand elle rendait visite à ses amis de longue date ! Le petit garçon joyeux qui l’adorait et lui avait même donné ce surnom affectueux. Amalia tressaillit, tétanisée. Cela faisait sept ans qu’elle ne l’avait pas vu.

  • Liam ? murmura-t-elle.

L’homme hocha la tête.

  • Je suis venus pour Sheamon, expliqua-t-il. Je voulais rester près du maire et le surprendre, mais on dirait qu’il m’a devancé de peu. J’ai été retardé à cause d’incidents sur notre territoire à la Surface. Il a fallu que je prête main forte aux brigades de la Colonie Neuf. Mais ce n’est pas grave, je sais où il va aller de toute manière. Je l’intercepterai aux portes, et même avant avec un peu de chance.

Amalia sentit la peur emplir son cœur.

  • Comment… murmura-t-elle.
  • Simple déduction, répondit Liam. Si Sheamon était effectivement coincé à Paris, j’étais certain qu’il se cacherait chez toi. Mais si j’étais intervenu directement au Primera, il aurait peut-être pressenti mon arrivée et se serait enfui. Il est malin, c’est indéniable. Mais surtout, cela t’aurait causé du tort auprès des autorités si on avait appris que tu l’hébergeais. Te causer du tort, c’est vraiment la dernière chose que je veux. De toute manière, je n’avais pas besoin de le chasser, simplement de l’attendre. je savais que tôt ou tard, Sheamon essayerait de s’infiltrer dans la forteresse afin de voler le sceau du maire. Et il n’y avait pas de meilleur moment que cette fête pour risquer une opération pareille…

Amalia réfléchit à toute vitesse. Si Liam rencontrait Sheamon…

  • Ecoute, essaya-t-elle. Ce qui est arrivé à ton père était une tragédie, mais Sheamon…
  • Il est inutile de tenter de m’en dissuader, Amalia, la coupa l’exorciste en secouant la tête. Mais ne t’inquiète pas, je te protègerai. Ton implication dans son infiltration de la forteresse et le fait que tu aies hébergé deux personnes recherchés… Tout cela restera secret. Personne n’osera te faire du tort, je te le garantis.
  • Je me moque de tout ça ! s’écria Amalia. Liam je t’en prie, tu ne comprends pas…
  • C’est toi qui ne comprends pas, répliqua Liam s’avançant vers elle. La justice l’a sauvé auparavant, mais cette fois c’est l’équilibre du monde qu’il met en jeu à cause de sa folie. On m’a enfin donné l’ordre de l’arrêter, et j’ai bien l’intention de mener ma mission à terme. Je le retrouverai et je lui ferai payer son crime. Ecarte-toi, je n’ai aucune envie d’utiliser la force… Pas contre toi, Tante Malia.
  • Il va falloir t’y faire, Liam ! répliqua cette dernière. Je ne te laisserai pas commettre une erreur pareille !

Liam durcit son regard et Amalia ressentit soudain une incroyable pression sur ses épaules. Le souffle lui manqua. La directrice du Primera grimaça et tomba à genoux, essayant tant bien que mal de résister à cette force qui la détruisait intérieurement. Liam passa près d’elle et poursuivit son chemin comme si de rien n’était. Amalia essaya tant bien que mal de rassembler son esprit malgré la douleur qui l’écrasait mentalement.

Liam ne devait pas rencontrer Sheamon. Sinon… cela finirait en bain de sang.

Avec un cri de désespoir, Amalia tendit sa main en direction de Liam, concentrant son pouvoir magique. La lourde tête d’une statue d’archer en marbre s’arracha de son buste et s’élança dans la direction de l’exorciste.

Mais ce dernier dégaina son épée à une vitesse hallucinante pour éclater le projectile d’un seul coup. La pression qui écrasait Amalia disparut soudain : elle put se redresser face à Liam en cherchant son souffle. Amalia savait très bien qu’elle n’avait aucune chance contre un exorciste du calibre de Liam, mais elle pouvait gagner du temps. La moindre minute glanée aiderait Sheamon et Triss.

Elle concentra son pouvoir et les fenêtres du couloir volèrent en éclats. Ces derniers, mus par une force invisible, s’élancèrent en direction d’Amalia et tournoyèrent au-dessus d’elle, tel un nuage menaçant. Liam contempla son adversaire avec réticence et une pointe de surprise.

  • Amalia je t’en prie, je n’ai pas envie de faire ça, lui dit-il avec une note de supplication dans la voix malgré son visage de glace. Cela ne servira à rien.
  • Peut-être, mais je ne perds rien à essayer ! rétorqua Amalia en tendant ses bras en avant.

Les éclats de verre fusèrent dans la direction de Liam. Amalia savait pertinemment que ses projectiles n’atteindraient jamais l’exorciste, mais cela aurait au moins le mérite de l’occuper. Liam tendit alors deux doigts vers son adversaire à la manière d’un pistolet. La directrice du Primera crut voir un léger éclat mauve s’échapper des mains de l’exorciste.

Presque aussitôt, elle s’immobilisa, complètement paralysée. Son esprit semblait figé, incapable de donner la moindre directive à son corps. Les éclats de verre s’arrêtèrent à deux mètres de Liam avant de tomber au sol avec fracas. Amalia sentit ses jambes se dérober en même temps que son énergie et elle s’écroula, à moitié inconsciente. Elle tenta de se redresser, de bouger son corps, mais c’était impossible. Il lui restait à peine assez d’énergie pour respirer.

  • Je suis navré, Tante Malia, déclara Liam avant de se retourner. Je ne voulais pas en arriver là. J’espère que tu pourras me pardonner…

A bout de forces, les yeux mi-clos et sentant les ténèbres l’envahir, Amalia fixa tant bien que mal Liam qui s’éloignait rapidement. Pathétique… elle n’avait même pas été capable de le retenir une minute !

« Sheamon… Triss… » songea-t-elle faiblement.

Puis son esprit sombra dans le néant.



A suivre... 

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