Chapitre 16 : Amis pour la vie, Partie 1

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Triss pencha légèrement sa tête sur le côté pour observer attentivement la patrouille de miliciens traverser la rue et tourner à l’angle d’une autre maison. Elle jaillit aussitôt de sa cachette en faisant signe à ses amis de la suivre.

Le groupe traversa aussi rapidement et silencieusement que possible la rue déserte.

  • Nous y sommes presque ! les encouragea Triss. Le point de rendez-vous avec Dast et Ryku n’est plus très loin.
  • J’espère qu’on ne nous attrapera pas avant ! marmonna Marco. On approche des portes, il y aura forcément une surveillance renforcée…

La jeune fille le savait bien. Jusqu’alors, ils avaient eu beaucoup de chance. Leur groupe n’avait en effet croisé que très peu de patrouilles depuis leur sortie des égouts sur la Place de la Discorde. Les miliciens paraissaient en effet tous se diriger vers l’est de la ville, ce qui n’avait pas manqué d’attirer son attention... Même si Philippa lui avait expliqué que la plupart des gardes avaient été réquisitionnés pour garder la forteresse et les alentours afin d’éviter tout risque de perturbation, la ville n’en restait pas moins sous couvre-feu, et les portes des Enfers devaient probablement être l’une des zones les plus protégées... Alors pourquoi y avait-il aussi peu de gardes dans le quartier ?

Le groupe de fugitifs arriva soudain devant une grande taverne aux volet tirés arborant une enseigne en forme de casque ailé, « Le Gaulois ».

  • C’est là ! annonça Triss.

Elle se rappelait très clairement les instructions de Sheamon et Amalia. La jeune fille se dirigea vers le portail qui barrait l’entrée de la ruelle à côté de leur point de rendez-vous. Avec agilité, Triss parvint sans peine à escalader l’obstacle ; elle retomba tout aussi aisément de l’autre côté, en veillant à faire le moins de bruit possible. Triss décrocha aussitôt le verrou et ouvrit lentement. Le portail grinça légèrement.

Ses amis s’engouffrèrent dans la ruelle, et Marco s’empressa de refermer derrière eux. Triss observa la rue étroite. Une échelle adossée contre le mur de la taverne permettait d’atteindre le toit.

Triss se dirigea sans hésiter vers cette dernière et commença à grimper, suivie par ses camarades. Là-haut, un miaulement lui fit tourner la tête. Elle se retrouva nez à nez avec le visage félin de Ryku, qui se frotta contre elle en ronronnant.

  • Oui, toi aussi tu m’as manqué, lui murmura Triss en le caressant, le sourire aux lèvres.

Elle se hissa sur le toit, tout en veillant à rester courbée pour ne pas se faire repérer. Triss fut alors saisie par la vue magistrale qui s’offrait à elle.

Les immenses portes d’acier, gardiennes du passage des Enfers, s’étalaient devant elle, telles des obstacles infranchissables. D’aussi près, elle pouvait constater que de véritables chemins de ronde avaient été incrustés dans les portes elles-mêmes. D’autres passages paraissaient mener à l’intérieur de l’immense édifice ; certaines plateformes supportaient même des canons tournés vers la place. Triss se sentait ridiculement petite devant cette incroyable muraille qui était pratiquement une forteresse à elle seule. Deux grandes tours encadraient les portes. Elles ressemblaient à des phares : au dernier étage de chacune d’entre elles dans une immense pièce vitrée, brillait un imposant cristal eyra de couleur écarlate. D’après Sheamon, c’était ces deux-là qui commandaient l’ouverture des portes. Amalia avait ajouté que, de mémoire, les portes n’avaient été ouvertes en grand qu’une seule fois depuis qu’elle vivait à Lutécia : lorsque Satan en personne était venu en ville.

La grande place en demi-cercle était coupée par la ligne de chemin de fer qui tranchait la ville en deux depuis la gare. Elle s’élevait largement au-dessus des bâtiments, telle un pont gigantesque dont les multiples arches paraissaient enjamber la cité pour s’arrêter face aux portes des Enfers, comme si la voie eût été stoppée net en plein milieu de son expansion. Cependant, en observant plus attentivement les lieux, Triss remarqua que la porte avait en fait été forgée de façon à fermer le passage du chemin de fer sans couper la ligne. Dast lui avait expliqué qu’une ouverture plus petite permettait de laisser sortir et entrer les trains dans la ville sans avoir à ouvrir totalement les gigantesques portes. Autre détail important :

L’endroit était envahi de miliciens !

Il y avait au moins une centaine de sentinelles sur les chemins de ronde des portes ou patrouillant sur la place… Si la ville paraissait étrangement peu protégée, les portes des Enfers étaient quant à elles scrupuleusement gardées !

Elle aperçut soudain Dast, allongé près du bord du toit, qui observait la place en contrebas. Triss le rejoignit.

  • Mademoiselle Aleyran, la salua le majordome d’un signe de tête. La mission s’est bien passée ?
  • Plutôt bien… chuchota celle-ci. Il y a eu quelques changements, mais le plan reste le même.

Dast jeta un bref coup d’œil derrière la jeune fille, car Philippa et Romy venaient d’émerger et attendaient un peu en retrait, pendant que Marco aidait Stella et Vanessa à monter sur le toit.

  • Ils viennent avec nous, expliqua Triss. C’est une longue histoire…
  • Je vois… commenta brièvement Dast. Où est Monsieur Wave ?
  • Il est… Il arrivera bientôt. Apparemment, le sceau magique ne fonctionnera pas. Cependant il a trouvé une solution pour traverser la barrière sans danger. Nous sommes partis devant, mais il ne devrait pas tarder.

Heureusement, Dast ne posa pas davantage de questions. Il reporta son attention sur la place.

  • Il y a beaucoup de gardes… remarqua Triss.
  • Moins qu’il y a une demi-heure. Il y en avait au moins trois cents au début, ce qui n’avait d’ailleurs rien d’anormal. Habituellement tout un corps de la milice campe ici depuis l’instauration de l’état d’urgence. Mais le gros des troupes est parti vers l’est. J’ai pu entendre les explications d’un officier. Il y aurait une émeute de mercenaires là-bas. Apparemment, la rumeur s’est répandue que le couvre-feu aurait été proclamé parce que les autorités sauraient où se cache Monsieur Wave, et les miliciens chercheraient à le capturer pour s’emparer eux-mêmes de la prime. Les mercenaires sont furieux et nombre d’entre eux ont bravé la consigne. Ils sont armés et bien décidés à en découdre…
  • Cela nous permettra de nous esquiver plus facilement, non ? l’interrogea Triss, réjouie.
  • Je n’en mettrai pas ma main à couper, Mademoiselle, la contredit le majordome, le front plissé par l’inquiétude. Les mercenaires sont peut-être pour la plupart des gens peu recommandables qui méprisent l’autorité, mais ils respectent en général les lois et se plient aux règles. Pour qu’un nombre aussi important décide soudain de les enfreindre, j’ai bien peur que quelqu’un ait volontairement attisé leur colère dans le but de faire diversion…
  • Une diversion ? Mais pour le compte de qui ?
  • Je l’ignore, Mademoiselle. Ce ne sont peut-être que les affabulations d’un vieil homme anxieux, désormais plus habitué à servir le thé qu’à dégainer son épée…

Il tendit le doigt vers un train stationné devant les portes et fouillé par l’armée.

  • J’espère que Monsieur Wave ne va plus tarder, déclara-t-il. Votre ticket pour les Enfers est sensé partir dans moins de quinze minutes. Heureusement, la situation pourrait jouer en notre faveur et le retarder un peu.

Triss tressaillit. Elle savait que Sheamon serait là d’une minute à l’autre et craignait la confrontation. Cela risquait d’être difficile, mais il y avait trop de choses en jeux. Triss recula à plat ventre et ne se releva que lorsqu’elle se jugea hors de vue des sentinelles, puis se dirigea vers ses compatriotes attendant patiemment à l’autre extrémité, sous l’œil méfiant de Ryku.

  • Ton chat est magnifique Triss, déclara Stella en tendant la main vers le félin.

Ryku cracha soudain en direction de celle-ci. En un éclair, sa patte arracha une exclamation de douleur à Stella qui serra sa main blessée contre elle.

  • Aïe ! Je regrette ce que j’ai dit, c’est un monstre, cette bestiole ! fulmina son amie en examinant les griffures. Regarde ce qu’il m’a fait !
  • Ce n’est rien, tempéra Marco en posant la main sur son épaule. C’est juste une égratignure.
  • Mais ça fait un mal de chien !
  • Silence ! ordonna Philippa d’une voix plus brutale que d’habitude. Vous allez nous faire repérer !

A la grande surprise de Triss, Stella tressaillit, le visage effrayé. Elle qui n’hésitait pas à tenir tête aux adultes, réclamant toujours à grands cris l’attention de ceux qui l’entouraient, obéit sans discuter à l’injonction impérieuse de Philippa… La jeune fille se dit que l’angoisse de savoir sa vie ainsi mise en jeu devait sûrement bouleverser le caractère de ses amis.

  • Je suis désolée, Stella, murmura Triss en caressant doucement Ryku qui continuait de montrer les crocs en directions des autres vampires. Généralement, il est bien plus sociable… Je ne sais pas ce qu’il a ce soir…
  • Quand partons-nous, Triss ? s’impatienta Philippa.
  • Bientôt. Sheamon ne devrait pas tarder à arriver. On monte dans le train dès qu’on pourra traverser la barrière, puis adieu Lutécia !

Philippa sourit.

  • Bien. C’est…

Soudain, l’expression de celle-ci se figea. Philippa saisit Triss par les épaules et se jeta au sol, entraînant brutalement la jeune fille trop étonnée pour réagir.

C’est alors qu’elle entendit quelque chose siffler au-dessus de sa tête, comme si un projectile était passé à l’endroit exact où elle se trouvait juste avant. Triss comprit avec stupéfaction que les réflexes de Philippa (depuis quand était-elle aussi vive ?) venaient probablement de lui sauver la vie. Ses amis ne tardèrent pas à réagir.

  • C’était quoi ça ? s’exclama Marcus.
  • Une flèche ! répondit Vanessa d’une voix tremblante de peur.
  • Mademoiselle ! s’écria Dast en se levant d’un bond.
  • Philippa… balbutia Triss avec stupéfaction. Comment as-tu…

Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Son ouïe si fine perçut le son d’une masse lourde et puissante progressant à une vitesse fulgurante sur le toit des bâtiments voisins. Elle se retourna juste à temps pour découvrir l’ombre rampante se catapulter au-dessus la ruelle et atterrir avec fracas sur le toit, à un mètre seulement des fugitifs. Ryku cracha dans sa direction, le dos hérissé, tandis que Triss observait son assaillant.

Ou plutôt son assaillante, puisqu’il s’agissait d’une jeune femme aux cheveux rouges retenus par un diadème de chasseresse. Elle tenait d’ailleurs un arc à la main. Elle avait des yeux de reptile et des oreilles pointues recouvertes d’écailles écarlates. Son corps se transformait à partir du bassin en une queue de serpent longue de cinq mètres et dotée d’une magnifique myriade d’écailles rouges de différentes nuances. Pendant quelques secondes, personne n’osa bouger. Stella et Vanessa tremblaient de peur, tandis que Marco s’efforçait de paraître brave, alors que Romy paraissait sur le point de s’évanouir.

La créature à l’apparence féminine croisa soudain le regard de Triss.

  • Trouvée… susurra-t-elle. Ton odeur est différente de celles des autres… Tu es la fille Nocturii, n’est-ce pas ?

Philippa fut la première à réagir, malheureusement pas assez vite… Elle tenta de dégainer son épée, mais la créature la prit de vitesse. Sa queue foudroya l’ancienne secrétaire d’Umbrella, l’éjectant hors du toit…

  • Philippa ! hurla Triss.

Elle poussa un cri de colère et s’empara de sa pièce écarlate, mais avant d’avoir pu esquisser un geste de défense, le monstre se jeta sur elle : de sa main armée de griffes acérées, la créature la saisit à la gorge avant de la plaquer au sol avec une telle force que Triss crut perdre connaissance pendant quelques secondes.

  • Triss ! s’écria Marco en tentant de porter secours à son amie. Lâche-la sale monstre !

La bête esquiva l’attaque sans difficulté. Elle lui asséna sur le crâne un coup si puissant avec son arc que le jeune vampire s’écroula, sous les cris de Stella qui l’agrippa aussitôt pour le tirer hors de portée de la terrifiante créature, tandis que Vanessa, tétanisée par la peur, continuait de reculer en tremblant de tous ses membres. Romy leva alors son épée au-dessus de sa tête, prêt à l’abattre sur le monstre. Rapide comme l’éclair, la queue de la bête s’enroula subitement autour de sa gorge, le contraignant à lâcher son arme sous le coup de la surprise. Romy se débattit, essayant en vain de se dégager de son étreinte.

Triss sentit la rage l’envahir. Elle lâcha le poignet de la créature pour tendre la main vers cette dernière, en libérant un rayon incandescent qui faillit atteindre la tête de la femme serpent.

  • Hé ! protesta cette dernière en écarquillant les yeux. Attention avec ça ! C’est dangereux de…

Ryku sauta aussitôt sur la main retenant Triss et planta ses crocs dans le poignet de l’assaillante, qui poussa un cri de douleur. La jeune fille profita que sa prise se relâchait pour s’esquiver d’une roulade en arrière. Elle s’aperçut soudain qu’elle avait repris son apparence normale. Son collier enchanté gisait au bord du toit, sa cordelette déchirée par les griffes de son adversaire. Tant pis. Inutile d’essayer de le récupérer.

La femme serpent, sifflant de colère, voulut envoyer Ryku valser dans les airs, mais le félin bondit facilement hors de sa portée. Le monstre tendit alors le bras vers Triss, qui se prépara à encaisser l’attaque.

Mais une boule de feu passa soudain devant ses yeux avant d’éclater sur le toit, séparant par une barrière de flammes Triss et ses amis du monstre qui tenait toujours Romy sous son emprise. La créature poussa un sifflement d’horreur tout en reculant pour éviter d’être brûlée. Dast sauta sans crainte dans les flammes, qui ne lui firent pas le moindre mal. Il leva son épée, prêt à décapiter la femme serpent, mais cette dernière esquiva de nouveau.

  • Temps mort ! s’écria-t-elle en tenant Romy devant elle comme un bouclier vivant.

L’épée de Dast se figea. Les flammes autour de lui disparurent aussitôt. Triss lança la pièce dans les airs et rattrapa l’épée transformée avant de se placer aux côtés du majordome pour protéger ses amis, alors que Ryku se tenait près d’elle en grondant sourdement.

  • Vous connaissez ce monstre, Dast ? demanda-t-elle au majordome.
  • C’est sans conteste une lamia, répondit ce dernier sans quitter la créature des yeux. J’en ai combattu quelques-unes qui attaquaient des voyageurs dans le Comté d’Einzad. Ce sont des créatures vicieuses et sauvages. On dit qu’elles sont capables d’arracher le cœur de leur victime et de le dévorer aussitôt…
  • Quoi ? s’offusqua la lamia, outragée. Je n’ai jamais dévoré qui que ce soit de ma vie ! Ce ne sont que des rumeurs ! Certaines d’entre nous sont peut-être un peu sauvages, c’est vrai, mais aucune lamia saine d’esprit ne mangerait…

Elle secoua la tête vigoureusement, comme si cette idée la dégoutait profondément. C’est alors que des cris d’alarme interrompirent leur discussion. Triss se retourna vers la place et comprit que les sentinelles les avaient aperçus, car des miliciens accouraient en nombre vers le bâtiment sur lequel ils se trouvaient.

Leur couverture avait été démasquée !

  • Le temps presse ! reprit la créature en se recomposant un visage sérieux. Ecoutez, c’est très simple : donnez-moi la Nocturii, ou votre ami risque d’en subir les conséquences. Je vous laisserai partir en échange.

Elle désigna Romy d’un signe de tête. Le teint de ce dernier devenait de plus en plus violacé à mesure que l’air lui manquait. Triss fit un pas en avant avec l’intention d’éliminer ce monstre pour sauver son ami, bien décidée à lui faire payer toutes les douleurs infligées à ses camarades. Dast la retint par le bras.

  • Doucement, Mademoiselle, lui conseilla le majordome avant de se retourner vers la femme serpent. Je crois que tu ne comprends pas la situation, lamia…
  • C’est très impoli de m’appeler comme ça ! J’ai un nom vous savez ? protesta de nouveau la femme serpent en bombant le torse avec fierté. Je suis Syana, servante du grand Liam Jeagan, capitaine des Indomptables.
  • D’accord, hum… Syana… Le fait est que nous sommes plus nombreux. Si ce jeune garçon meurt, sois bien assurée que tu y passeras aussi.

Le majordome fit alors apparaître une boule de feu dans sa main, ce qui eut pour effet de contraindre la femme serpent à reculer davantage.

  • Je n’en suis pas si sûre ! rétorqua pourtant celle-ci. Il me suffit d’attendre que les miliciens encerclent ce bâtiment. Vous ne voulez sûrement pas qu’ils vous attrapent, n’est-ce pas ?
  • Ils t’auront aussi ! lança Triss avec hargne.

Le visage de Syana fut étrangement frappé de stupeur. Triss haussa les sourcils. N’avait-elle pas réalisé que les démons risquaient également de la capturer ?

  • Ça… Ce n’est rien ! déclara cependant la créature en arborant un faux sourire confiant. Je m’en sortirai sans difficulté, contrairement à vous ! Alors, que décidez-vous ? Sacrifier votre ami et être tous capturés ? Ou me donner la Nocturii et fuir pendant qu’il est encore temps ?

Tout en continuant d’afficher un rictus confiant, elle jeta un bref coup d’œil à Romy. Syana écarquilla brusquement les yeux en découvrant le teint violacé de sa victime.

  • Mais il est en train de s’étouffer ! s’écria-t-elle en devenant aussi pâle qu’un vampire. Ça ne va pas du tout !

La queue reptilienne qui étranglait lentement Romy se desserra aussitôt, lui permettant de respirer de nouveau. Il s’effondra en toussant bruyamment, peinant à reprendre sa respiration.

  • Je… je suis désolée ! s’excusa Syana, paraissant soudain avoir oublié qu’elle était censée menacer ses ennemis avec l’otage qu’elle tentait de réconforter.

Le toit fut brutalement baigné par une aveuglante lumière blanche. Dast et les autres se couvrirent instinctivement les yeux. Les projecteurs magiques des miradors entourant la place venaient d’être braqués sur le toit de la taverne.

  • On les tient ! s’écria une voix masculine postée juste en dessous du bâtiment.

Syana qui avait eu la mauvaise idée de tourner la tête vers la source de la lumière fut soudainement aveuglée. Elle recula maladroitement vers le bord du toit. Mais le bout de sa queue tenait toujours Romy par le torse.

Triss décida d’agir. Contrairement aux autre, la lumière aveuglante ne l’affectait absolument pas. Était-ce grâce à ses pouvoirs ? La jeune fille n’eut pas le temps de se poser la question. Avant que quiconque pût réagir, elle se jeta sur la femme serpent.

Cette dernière entrevit Triss qui brandissait son épée et s’écarta d’un bond pour éviter la lame. La rapière de Triss ne faucha donc que l’air. Syana se propulsa aussitôt vers la jeune fille, prête à l’assommer avec son arc en acier. Mais Triss para habilement l’attaque et repoussa son assaillante. Cette dernière n’abandonna pas pour autant. Sa queue libéra Romy pour s’enrouler autour du poignet de Triss tenant son épée. Celle-ci serra les dents car la pression ainsi exercée par la lamia broyait son avant-bras.

  • Abandonne, princesse ! suggéra cette dernière. Je n’en ai pas l’air, mais les muscles de ma queue sont suffisamment puissants pour briser ton poignet en un clin d’œil. Tu ferais mieux de ne pas tenter le…

Triss poussa un cri de rage et se jeta sur Syana, trop étonnée pour réagir. La jeune fille percuta la lamia de toutes ses forces, et elles basculèrent toutes deux dans le vide.

A suivre...

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