Chapitre 2

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Dans une pièce obscure aux murs de pierre d'un gris terne, un endroit qui semblait profondément enfouie sous terre, quatre hommes observaient un énorme tube en verre. Le grand récipient d'une hauteur de plus de dix mètres de haut et de circonférence considérable se trouvait au milieu de la pièce. Enchâssé entre le sol et le plafond. Un liquide jaune et fluorescent le remplissait totalement, fournissant la faible lumière dans la grande salle. Des bulles agitaient la substance, rendant le tube opaque.

  • C'est de la folie Helvetios, tu vas trop loin ! s'écria soudainement l'un des hommes qui contemplait la cuve alchimique, rompant le silence qui régnait.
  • Moins fort, Talos ! Tu risques de troubler la perfection des calculs ! s'insurgea le nommer Helvetios dans un chuchotement énergique. Je t'avais dit que je disposais des atouts nécessaires pour mener à bien notre quête. Je t'avais dit qu'il n’était pas nécessaire que tu voies ces atouts... Tu as fait ton choix. Assume-le, finit-il par annoncer d'une voix sans timbre qui s'adressait en fait à l’ensemble des protagonistes.

La menace sous-jacente était claire. Et Talos qui pourtant était d'une carrure imposante dans son armure d'orichlon runique ne put s’empêcher de ressentir un profond sentiment de crainte. Talos était le seul des quatre Seigneur Pourpres qui n'avait pas décidé de son plein gré de rejoindre cette cabale. Helvetios le tenait. Part une habile manipulation, et grâce à ces talents magiques inouïs, ce dernier avait réussi à détourner la Source de toute Vie de sa lignée. Et pour s'assurer de sa coopération entière, Helvetios retenait dans un lieu connu de lui seul l'agent qui lui avait permis une telle trahison. La fille de Talos.

  • Tu as raison, c’était mon choix. Quoi qu'il en soit, je doute que ta formule soit parfaite, tes matériaux le sont encore moins. Il prononça ce mot avec dégoût, en regardant dans la substance, les formes humanoïdes en train de dériver lentement, ballottées par les bulles.
  • J'en ai assez vu. L'un des hommes, qui n'avait toujours pas décroché un mot, se retourna pour gravir les escaliers de pierre au fond de la salle et sortir de cette atmosphère viciée par une magie des plus lugubres.

Helvetios était un vieil homme. Les Pourpres, le peuple dont il est issu est de grande taille, mais ce dernier était immense. Bien que son dos ploie sous le poids des années, sa tête s'élevait à plus de deux mètres du sol. Il avait des cheveux d'un blanc immaculé dépassant de sa houppelande à capuche rouge carmin, décorée de runes tressées finements d'or et d'argent. Malgré les rides qui parsemaient son visage, on pouvait le considérer comme beau. Ces traits étaient dessinés, comme par la main d'un artiste. Un nez plat à la base et angulaire au bout. Ses yeux étaient d'un noir insondable, et minces. Ses lèvres, rouge, étaient perpétuellement tordues dans un pli réprobateur qui lui donnait un air sévère. Sa peau était d'une pâleur blafarde, cadavérique, tandis que de grosses veines bleues contrastaient avec la couleur de ses mains. Pour canne il s'appuyait sur un étrange bâton, marron clair, presque jaune et gravé de symboles argentés. Le bout supérieur se terminait par une Pierre-rouge foncée et légèrement translucide, émettant un faible scintillement.

Helvetios raffermit la prise sur son bâton et la pierre se mit à luire plus intensément. L'homme s’arrêta soudainement. Il était lui aussi équipé d'une armure dorée faite d'orichlon. Les runes anti-magie gravées sur son armure s’illuminèrent, activant les protections. Toutefois cette armure avait été façonnée par Helvetios en personne. Il en connaissait toutes les subtilités. Il savait comment en outrepasser les défenses. L'homme s'agrippa la poitrine des deux mains et s'écroula au sol. Son armure provoqua des bruits de tintements aigus et les bulles dans la cuve s'agitèrent de plus belle, dérangées par la nuisance. Comme foudroyé, le visage grimaçant du Pourpre indiquait une souffrance intense.

  • Demioth, c'est moi qui déciderais si vous en avez assez vu, puisque vous avez tous tenu à être ici. Ceci vous rappellera qui commande cette entreprise et que vous, tous autant que vous êtes, (il se retourna pour adresser à chacun son air sévère) ne pouvez rien contre moi. Ne pensez surtout pas à me trahir ou vous le regretteriez amèrement. À la fin de sa tirade, la pierre de son bâton avait repris son aspect habituel. Lord Demioth se releva péniblement, de la sueur coulant sur son front.
  • Loin de moi l'idée de vous trahir Grand Alchimiste Helvetios, Maître des trois secrets. Je ne pensais pas vous manquer de respect en agissant de la sorte, dit-il en reprenant difficilement son souffle. J'ai simplement été surpris de voir que vous utilisez de la magie... qui n'a plus été invoquée depuis la guerre d’Équilibre. Il évita soigneusement de prononcer le mot interdite qui aurait mis l'Alchimiste dans une colère terrible. Ceci pourrait nous coûter très cher à tous, avança-t-il d'un ton hésitant.
  • Ne vous préoccuper pas de cela Demioth. J'ai un contrôle total sur les événements. Tout ce que vous avez à faire, c'est de mener à bien la mission pour laquelle je vous ai choisi. Ne soyez pas si lâche ! Où est passé le Demioth d'antan, Le Chevaucheur de la tempête, le pourfendeur du Béhémoth ? Cette paix ridicule et décadente vous aurait-elle vous aussi transformer en couard ? Demioth jetait des regards inquiets à Talos dont il espérait obtenir le soutien, mais ce dernier gardait la tête baissée. Soumis. Vous ne m'avez pas déçu jusqu'à présent, dit Helvetios aux trois hommes. Veillez à ce qu'il en soit ainsi jusqu'à l'accomplissement de notre devoir sacré. D'un geste, Helvetios congédia les occupants de la pièce.
  • Oui Grand Alchimiste. Répondirent-ils de concert.

Les Seigneurs sortirent de l'endroit froid et oppressant, sauf le dernier homme. Celui qui n'avait toujours pas parlé depuis la rencontre et à qui Helvetios fit signe de rester.

Ces deux idiots vont me poser problème. Ce sont des outils que je vais devoir manier avec précaution.

  • Seingeur Sila, qu'en pensez-vous ? Cette fois, les calculs ont l'air plus stables...
  • Nous sommes tout proche de la réussite. La pierre que nous fournira cet incubateur sera d'une puissance suffisante pour nos autres projets. Mais elle n'est pas parfaite. La voix de l'homme, qui portait lui aussi une houppelande, d'un noir profond, semblait venir d'ailleurs. Comme parvenant d'un autre plan d'existence.
  • C'est l'analyse que j'ai faite. Vous n'avez rien perdu de vôtre finesse depuis toutes ces années.
  • Et ma colère n'a pas faibli, répondit Sila.

Helvetios remarqua qu'un léger tremblement avait envahi le corps de Sila.

  • Mon ami, tout est en place. Réjouis-toi. Car bientôt, justice sera rendue ! dit Helvetios d'une voix exaltée, mais toujours basse. Il ne fallait surtout pas troubler plus encore la magie opérante.

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