Sur ses gardes (Inktober jour 13)

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Noyée dans le silence, elle lutte pour ne pas s'endormir. Quelle idée d'avoir accepté l'invitation de son amie à passer le week-end seule dans cette grande maison de campagne le temps que les travaux de rénovation se terminent dans son appartement ! Elle a l'habitude de plonger dans les bras de Morphée sur fond de klaxons embouteillés et de bandes de copains rentrant bruyamment chez eux après avoir fait la tournée des discothèques. Une vraie citadine, pure et dure, qui évolue dans le bruit et le mouvement permanents !

Ici, blottie dans un lit immense, cachée sous une épaisse couverture garnie de plumes, lampe de chevet encore allumée, elle écoute. Mais rien ne répond à ses repères. Au premier étage de cette bâtisse ancienne entourée de plusieurs hectares de terrain, rien ne la rassure. Autrefois corps de ferme, la demeure possède néanmoins un charme bucolique indéniable... beaucoup plus frappant de jour !

Même les combles semblent prendre vie quand vient la nuit ! Non, ne comptez pas sur elle pour aller voir ce qu'il s'y passe... L'idée même d'ouvrir cette trappe au plafond la dépasse !

Les chambres rustiques se succédant le long de ce couloir rectiligne lui ont immédiatement rappelé les films d'épouvante qu'elle se forçait à regarder à l'adolescence pour ne pas perdre contenance devant ses amis de l'époque... Avec nostalgie, elle se replonge alors brièvement dans ce souvenir lui rappelant que c'est au cours d'un film d'horreur au cinéma qu'elle a reçu son premier baiser... Rêveuse, elle ose fermer un peu les yeux, pour mieux les rouvrir subitement en réponse au bruit du parquet qui semble avoir grincé dans le couloir... Le genre de parquet vieux comme Hérode, dont les anciennes bibliothèques s'habillent pour plus de majesté... Le genre de parquet qui peut également supporter les allers et venues d'une fillette sur son tricycle...

Pour plaisanter, son amie avait joué sur sa peur du paranormal et lui avait raconté quelques histoires d'apparitions supposées à cette maison. Comme les pas d'une femme accompagnant les rires discrets d'un enfant pendant la nuit... Mais qu'elle se rassure : ces manifestations pouvaient paraître effrayantes, mais se révélaient toujours bienveillantes ! Ah. Ah. Ah. De quoi la mettre à l'aise... Comme tous ces portraits anciens en noir et blanc trônant sur la commode, du temps où les postures rigides des sujets les y rendaient encore plus terrifiants pour notre génération...

Le vent souffle légèrement au dehors, et les lourds rideaux tirés devant les fenêtres ajoutent au mystère ambiant.

Non, elle doit résister à la fatigue malgré son état d'épuisement avancé accentué par sa crainte de l'inconnu. Elle se sent presque étrangère à ces murs, plongée dans cette atmosphère énigmatique, presque mystique... ou tout du moins digne d'un excellent roman noir au cours duquel une enquêtrice reconnue viendrait mener ses recherches sur la disparition inexpliquée d'une jeune femme partie en retraite dans une maison isolée recélant moult légendes surnaturelles... Cette dame visiterait chaque pièce, chignon soigné et petites lunettes en équilibre sur un nez fin, et mettrait en lumière la réponse à toute cette agitation en sirotant une tasse de thé anglais et...

La maison se trouve à nouveau figée dans le silence de la nuit depuis un long moment...

Une jeune femme dort, seule, dans un lit n'ayant plus d'âge...

Le parquet grince un peu...

Des bruits de pas se font entendre dans le couloir...

Un enfant rit...

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