Chapitre 17
J’ai mal. Vraiment mal. Je me réveille en sursaut, faisant presque tomber Flock du lit qui ouvre les yeux juste à temps pour se rattraper. Mon ventre me brûle, tire et se contracte rapidement et fortement. En un instant, j’ai compris: le bébé va arriver. Balbutiante, j’annonce la nouvelle à mon mari. Il m’embrasse, me dit de ne pas bouger puis court comme jamais à la recherche les accoucheuses.
De nouvelles contractions me font crier de douleur, courbant mon dos en l’air alors que je voudrais me replier sur moi-même. Je sens entre mes cuisses un liquide couler. Les eaux ? Je n’en sais rien, mais le lit était sec quand je me suis réveillée. Des bruits de pas résonnent et les accoucheuses arrivent, encore en robe de chambre avec les cheveux dans tous les sens. À la vitesse d’un éclair, elles s’affairent autour de moi, faisant tremper des linges dans de l’eau chaude, ne laissant pas Flock entrer. Je panique, j’ai mal et je suis fatiguée. J’appelle mon époux entre deux hurlements de douleur, suppliant les femmes de le laisser venir à moi. Je sais qu’il saura m’apaiser et m’aider à faire sortir notre enfant. Finalement, je gagne cette manche.
Je marche difficilement jusqu’à la chaise d’accouchement, soutenue par Flock et Greta avant de m’effondrer à terre. Mes jambes ne me portent plus tellement la douleur est forte. Une fois sur la chaise, les jambes en l’air, je m’évanouis à moitié, seulement retenue par Flock et par la déchirure de mon ventre. Dedans, la pression monte de plus en plus et pousse vers le bas. Je force avec elle mais je ne sens aucune différence. Puis, après avoir poussé une dizaine de fois, je me sens m’élargir et la tête du bébé passer. J’ai tellement mal. Je voudrais que ça soit déjà terminé. Les encouragements et le bras de Flock qui me soutient me donnent du courage et la force de continuer. Lentement, le bébé descend vers le monde extérieur. D’abord le sommet du crâne chevelu, allongé par le passage étroit, puis des petites oreilles rondes, un visage se dessine, potelé et pissé, et la tête est sortie. Les épaules ont du mal à sortir. Les accoucheuses tournent mon enfant dans tous les sens pour l’aider à se dégager mais il reste bloqué. Épuisée, je tends les mains vers lui, le saisi doucement entre mes doigts et, profitant d’une contraction, l’attire vers moi.
Un léger « pop » se fait entendre, une douleur me déchire le sexe, mais les deux épaules sont sorties en même temps, laissant le passage pour le reste du corps rond. Le cordon de chair le relie encore à moi mais je m’en fiche. Je le pose sur moi, les yeux pleins de larmes. Mon bébé. Il est là, il est vivant et hurle à pleine gorge. Je me tourne vers Flock qui nous regarde, perdu, les larmes coulant le long de ses joues et un sourire béat étire ses lèvres. Hésitant, il tend sa main vers notre enfant et le frôle. Le brayard se tait, ouvre grand ses yeux bleus et lui rend son regard. Tout redevient silencieux.
Puis la douleur repart de plus belle dans mon ventre. Une accoucheuse s’approche, plonge sa main en moi et je sens une déchirure se faire. Elle jette un regard interloqué aux autres et demande l’aide d’une des plus anciennes. À son tour, elle laisse sa main glisser dans mon ouverture. Je la sens chercher quelque chose, puis elle grimace, secoue la tête et je sens un mouvement en moi, comme si le bébé était encore là. Je les regarde, interdite. Enfin, elle fait ressortir ses doigts, tenant une petite chose sanguinolente entre. Je ne vois pas ce que c’est, elle l’enroule immédiatement dans un drap et le sort. Je ne comprends pas. Une troisième s’approche de moi, s’excuse à l’avance de ce qu’elle va faire puis recoud mon entrée déchirée, me tirant des gémissements à chaque coup d’aiguille.
Finalement, on m’aide à me changer et à retourner au lit qui a été changé tandis que Flock tient notre bébé serré dans des linges propres et blancs dans ses bras. Je suis tellement épuisée que je ne me rends même plus compte de ce qu’il se passe devant moi et m’endors pendant que les accoucheuses parlent entre elles à voix basse, le regard inquiet.
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