Chapitre 27 : Ajustements relationnels (3e partie)

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Rodric :

 Pourquoi diable venait-elle me parler des dryades maintenant ? Je venais de faire un grand pas vers elle et elle arrivait à me mettre en difficulté derrière, à croire qu'elle le faisait exprès. Jusque là, la question des dryades ne se posait pas puisque je n'avais pas vraiment le choix. D'ailleurs aucune ne m'avait sollicité depuis mon incartade avec la dernière après l'arrivée de Gaëlliane. J'étais étonné de ne pas encore avoir eu de retour de bâton pour mon écart de conduite mais je n'allais pas courir après. Je n'aimais pas la façon de ma femme de me rendre subitement responsable de mes ébats hors mariage. Elle voulait quoi? Me faire sentir aussi coupable qu'elle? Contrarié, j'étais un peu sec dans ma réponse :

– A dire vrai la question ne se pose plus pour le moment : j'ai été, et j'en suis assez honteux, plutôt brutal avec la dernière qui m'a sollicité. Aucune n'est venue à moi depuis. Elles ont même plutôt tendance à m'éviter. Ça ne vaut pas le coût de prendre le risque d'un conflit avec leur reine.
– Brutal?! Sursauta-t-elle.
– Oui, brutal. Tu venais d'arriver avec Lui, tu ne m'avais même pas accordé un regard, j'étais jaloux, blessé et en colère et cette fille qui m'a sollicité en a payé les frais…

 Elle me regardait avec des gros yeux surpris. Cela ajouta à mon malaise.

– Les choses sont ce qu'elles sont. Je me suis excusé mais le mal est fait et je n'y peux rien changer. Tout ça pour dire que nous reparlerons de cette question en temps utiles, si je devais être sollicité à nouveau.
– D'accord… Excuse-moi d'avoir abordé la question… C'est probablement mal venu de ma part mais j'ai mal quand je t'imagine en elles… Je suis à toi et tu es à moi… Je sais malheureusement qu'il m'a fallu trop de temps pour le comprendre vraiment.
– Tu es donc… jalouse?
– Oui… avoua-t-elle d'une petite voix en baissant les yeux, le rouge aux joues.

 Cet aveu me fit du bien. J'aimais savoir que je n'étais pas le seul à souffrir et qu'elle tenait réellement à moi. Finalement ce n'étaient peut-être pas des reproches qu'elle me faisait, juste l'expression de sa jalousie. J'avais l'envie légèrement sadique de profiter de la situation :

– Tu as été totalement transparente avec moi pour ce qui est de tes ébats. Veux-tu que je te raconte à mon tour ce que j'ai vécu avec ces femmes ?

 Elle sembla réfléchir avant de hocher la tête :

– Oui mais pas ici. Mélusine est entre de bonnes mains, retournons là où nous étions hier soir.
– Tu veux prévenir Geralt en cas de besoin ?
– Il a tout entendu, regarde, il nous fait un signe de la main : son ouïe est vraiment plus développée que la nôtre.
– Ok. Allons-y dans ce cas.

Gaëlliane :

 Nous marchâmes en silence jusqu'à notre point de chute de la veille. J'étais partagée : une part de moi avait besoin de savoir ce qu'il avait vécu et l'autre avait mal par avance. Je n'avais aucune idée de combien de ces dryades s'étaient unies à lui pour ses gènes. Autant tout savoir avant de voir fleurir les ventres ronds. J'avais croisé deux autres hommes convalescents dans le village donc certains de ces enfants à naître ne seraient pas de mon homme mais c'était vraiment étrange d'imaginer côtoyer dans quelques temps les autres enfants de mon mari…

 Étant guérisseuse, peut-être même serais-je amenée à mettre au monde certains de ces bébés… C'était une perspective d'autant plus difficile que Rodric ne souhaitait pas agrandir notre famille… J'avais du faire le deuil d'un frère ou d'une sœur pour Mélusine, le deuil de porter à nouveau la vie en mon sein, alors imaginer mettre au monde ses autres enfants était douloureux, même s'il n'aurait aucune place dans leurs vies, les dryades élevant leurs enfants seules.

 Notre banc de fortune nous accueillit comme la veille et Rodric commença à me raconter. Je découvris ainsi que l'ébat auquel j'avais assisté lors de ma projection astrale était le tout premier pour lui. Il me fit part de ses pensées et de ses sentiments du moment : son embarras, sa culpabilité et le plaisir fugace pour être aussitôt remercié. Quitte à être instrumentalisé de la sorte il avait pris le parti d'essayer de tirer un maximum de plaisir des situations suivantes. Je ne pouvais pas le blâmer pour ça.

 Elles étaient pas loin d'une dizaine à l'avoir sollicité. Il me raconta comment en l'espace de quelques jours il n'avait eu que peu de répit pendant que Mélusine s'occupait avec les autres enfants. Les scènes qu'il me décrivait avait pour certaines un côté orgiaque qui me rappelait mes propres ébats. Malgré-moi, au delà de la douleur provoquée par la jalousie, une chaleur familière était en train de s'installer dans mon bas ventre : l'imaginer avec ces femmes, parfois plusieurs à la fois, m'excitait. Cette constatation me fit monter le rouge aux joues. Il constata mon émoi :

– Ça va Gaëlliane ? Tu as un drôle d'air… C'est trop violent pour toi? Tu veux que j'arrête de te raconter ?
– N…No... Non, c'est pas ça…

Rodric :

 Elle était vraiment rouge comme une pivoine et commençait à se trémousser sous mon regard en se mordant les lèvres. Je n'en croyais pas mes yeux, elle semblait passablement excitée ! J'avais l'impression de revenir à nos débuts, quand elle était insatiable ! Mon corps s'enflamma en réponse à cette observation et je le tençai intérieurement pour sa réactivité, je n'étais pourtant pas en manque. Nous envoyer en l'air encore une fois n'allait probablement pas résoudre nos problèmes… Ni m'aider à prendre le recul que je jugeais nécessaire… Et merde. Elle était vraiment désirable. Quel mal y avait-il à coucher avec ma propre femme?

– Tu es vraiment infernale! J'ai l'impression de me retrouver devant toi ado ! Ah oui, à l'époque tu m'avais laissé mariner le temps que je te courtise mais une fois que tu t'es offertes à moi je ne savais plus t'arrêter ! À croire que tu n'étais jamais rassasiée ! Depuis quand tu en es revenu à ça ?!

 Elle baissa les yeux. Je ne savais pas si c'était par embarra ou pour mieux m'exciter vu le regard qu'elle me lança en passant une langue gourmande sur ses lèvres.

– Depuis que j'ai eu l'occasion de me souvenir que je suis avant tout une femme, pas seulement une mère, une épouse ou une guérisseuse… Ça faisait des mois que je t'envoyais des signaux, sans grand succès… J'aime le sexe, j'ai toujours aimé ça. J'en veux plus. J'en ai besoin. Ça m'a manqué plus que je ne l'avais réalisé… Je veux ton corps, je veux ta peau sur la mienne, je veux tes mains et ta bouche sur mon corps, aujourd'hui, demain, aussi souvent que possible et jusqu'à ce qu'on soit deux petits vieux tous tordus… Je te veux tout entier encore et encore… Toi et plus jamais personne d'autre parce que je suis à toi!
– Dis le encore…
– Je suis à toi !
– Pour toujours ?
– Et à jamais. J'ai déconné mais c'est définitivement terminé. Je suis tellement désolée…

 Il ne m'en fallait pas plus. J'avais envie d'elle mais je ne voulais pas qu'elle se sente pardonnée pour autant. Je décidai de calmer mon excitation et de la laisser mariner, lui annonçant avec un sourire en coin :

– Je vais réfléchir à ta demande, rentrons voir si Mélusine n'a pas épuisé Geralt.

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