~ Chapitre 1.2 ~ (005) (006) (007) (008)

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*

Comme à l’accoutumée, après ses cours et quelques heures passées avec son Crew, Zack Muller rentre chez lui. Des yeux bleus foncés, accompagnés de cheveux courts, brun-ébène, en bataille avec une mèche qui tombe sur une partie de son visage, lui offrent un charme certain auprès des demoiselles de son âge.

Il prend souvent le métro pour rejoindre son domicile, quand il ne squatte pas la voiture qu’utilise Joakim, son ami Drifterz et neveu. Un arbre généalogique atypique relie en effet leurs deux familles.


Mère des jumeaux Éva et Jeffrey, issus d’une première union avec Kylian Gutter, Vanessa Beckers/Muller refaisait sa vie avec Erwan Muller et donnait naissance à Zack, des années plus tard et juste avant sa ménopause.

Sur le papier, Zack se situe donc dans la génération de ses neveux, Joakim et Noah. Cela ne les a jamais dérangés, puisqu’ils ont toujours été élevés ensemble, tels des cousins


— Poussez-vous ! braille soudain une brune en bousculant vivement le lycéen perdu dans ses pensées ; le souvenir de la note désastreuse qu’il vient de décrocher en mathématiques.

Manquant de trébucher sous l’impact, Zack dirige aussitôt son regard vers l’impolie qu’il aimerait bien affubler de deux ou trois noms d’oiseaux.

Agacé par l’absence d’une éventuelle excuse, car il la voit déguerpir vers les quais, l’air de rien, il ne peut lui soupirer qu’un « Connasse », à peine audible.

Il n’a pas eu le temps de la dévisager avec attention, mais les quelques traits remarqués lui ont dévoilé une brune aux cheveux courts et au look « garçon manqué », vêtue d’un long tee-shirt/robe gris ample, avec un singe rose à deux têtes dessus. « Mocheté va, » songe-t-il, en haussant les épaules, alors que cette imbécile détale au loin, sans avoir posé ne serait-ce qu’un seul regard sur lui. Zack est outré par cet irrespect.

*


En fin de journée, Éva Bauer est de retour parmi les siens, ravie de retrouver sa famille. Joakim pénètre dans la pièce principale vingt minutes après elle.


— Mon fils, LE plus beau ! s’exclame-t-elle joyeusement en lui sautant dessus pour le couvrir de baisers.


La chanteuse brune aux cheveux longs dégradés et à la silhouette fine utilise le nom d’artiste Éva Lee. Dans la vie civile, elle signe Éva Bauer depuis son mariage avec son âme sœur.


— Désolé, je me suis pourtant dépêché, répond Joakim d’un air gêné et alors que sa mère lui tripote les joues.

— Tu exagères, râle sans attendre Raphaël en le fusillant du regard, déçu qu’il n’ait pas respecté ses consignes. 

— Hey, ne lui en veut pas, tu ne te rends pas compte que c’est prenant une vie d’ado ! rit Éva pour défendre la septième merveille du monde à ses yeux.

— Maman, je peux te montrer l’enregistrement du spectacle ?! s’enquit Erika à son tour en s’immisçant dans la scène, trépignant derrière sa mère, l’air suppliant.

— Bien sûr ! Allez, on vous abandonne les garçons ! s’exclame Éva en direction des concernés, avant de grimper au premier avec sa fille, frustrée d’avoir raté une représentation de l’école de sa danseuse préférée.

— Hey ! Où est ton sac de cours ? S’interloque Raphaël une fois seul au salon avec son ainé et alors que lui aussi allait prendre l’escalier pour rejoindre sa chambre.

— Au lycée.

— Tu te fous de moi ?

— Mes affaires sont dans mon casier.

— Mais tu ne fais pas tes devoirs alors ??

— Bien vu, Scherlock. Je monte si tu n’as rien d’intelligent à ajouter.

— Ce n’est pas avec ce laxisme que tu auras ton diplôme !

— Tu m’en diras tant ! soupire Joakim en disparaissant au premier.

*


— Alors, ça s’est bien passé en mon absence ? Raconte-moi tout ce que j’ai loupé ! demande Éva une fois seule avec sa fille, douillettement assise sur son lit moelleux, à ses côtés, dans sa chambre à la décoration très Girly. Posters, peluches et magazines adolescents qui trainent sur le bureau, trahissent l’âge de son enfant.


La mère et sa progéniture châtain aux yeux verts hérités de son père s’apprêtent à regarder, sur la télévision de la pièce, l’enregistrement du spectacle des Watcha Say.


— Il n’y a pas grand-chose à raconter, avoue Erika avec franchise en haussant légèrement les épaules — tu sais bien que la maison est morte quand tu n’es pas là.

— C’est de votre faute si je ne passe plus les portes ! Mais tu ne m’apprends rien, je le sais que je vous suis indispensable ! rit la femme d’âge mûr, — cela dit, je suis certaine que tu as des anecdotes à me filer, alors lâche-toi ! Ils ne peuvent t’entendre et se défendre ! Dis-moi tout sur ton père et tes frères ! Je ne vous ai pas porté neuf mois pour tant d’ingratitude ! N’oublie jamais que j’en ai expulsé deux, presque d’un coup… Et que vous étiez les pires, toi et Alarich !! Vous m’avez infligé ensuite un an de sport, trois fois par semaine, pour récupérer ma taille de guêpe…

— C’est vrai que tu as mérité que je balance… rit Erika en réfléchissant avec l’intensité d’un détective privé sur une grosse affaire, — alors du coup, BAM, Joakim a abimé le phare gauche du 4x4 il y a quelques jours ! Papa était vert ! Il l’a vite fait réparer avant ton retour.

— Jojo, Jojo, Jojo… Il n’en loupe pas une ! Il va filer un ulcère à ton père avant la fin de l’année à ce rythme !

— Je trouve que Joakim cherche les ennuis aussi ! Pensez-y quand vous vous demanderez quel est l’enfant préféré ici !

— Et sinon, à part te moquer de ton frère, parle-moi de tes amours !! Comment ça va avec David ?

— Ça va… grince Erika en forçant un sourire, ce qui intrigue bien évidemment sa mère qui ne la connait que trop bien. Elle réagit donc en conséquence,

— Hum ? Il t’a fait du mal ? Tu veux que j’aille le castrer ? N’y a pas de souci hein ! Ton père m’aidera à jeter le corps dans l’océan, on ne laissera aucune trace ! Tu sais qu’on a suivi chaque épisode de Dexter avec attention !

— T’inquiètes, tout va bien de ce côté-là !

— Mouais ! Si tu veux m’en dire plus, mon oreille et mes outils de tortures seront toujours là pour reprendre le sujet. En attendant, continue de me tout raconter !

— Alarich a été un peu malade, mais là ça va mieux !

— Hein ? Comment ça ? Personne ne me l’a dit ça, au téléphone !! S’interloque Éva en blêmissant d’angoisse.

— Parce que c’était rien, juste un rhume, on ne voulait pas t’inquiéter.

— Et qu’est-ce que tu es en train de faire, là, banane ?

— Oui, mais là tu n’es plus en tournée, mais de retour dans la vraie vie !

— Ouh les enfants indignes ! plaisante Eva en mimant l’effroi, ajoutant ensuite, — pour la peine, allons voir le plus sage de cette maison. Et oui, tu sais que je ne parle ni de toi ni de Joakim !


Riant encore, elles se mettent en chemin vers la chambre d’Alarich.


— Et toi la tournée, ça s’est bien passé ? reprend Erika d'un l’air enjoué.

— Elle était extra ! J’ai d’ailleurs pris plein de photos à New York, je te les montrerais tout à l’heure !

— Bof, New York… 

— Je ne parle pas de photos de la ville… mais de celles de certaines stars avec qui j’ai passé quelques soirées. Et il y en a une que tu aimes beaucoup....

— QUOI ? QUI ? MONTRE !

Trois heures plus tard, les retrouvailles faites, le repas du soir englouti et les « bonnes nuits » échangés, chaque habitant de la maison Bauer retourne dans ses quartiers et c’est avec plaisir que Raphaël et Éva rejoignent la chambre conjugale, ainsi que leur intimité.


— Tu m’as tant manqué, murmure Raphaël à sa femme avec désir, tout en caressant ses courbes délicates et prononcées, nullement dissimulées par ces sous-vêtements qu’il s’imagine déjà lui retirer… 

— Toi aussi, tu n’as pas idée, mais je suis là maintenant, renvoie amoureusement Éva en plongeant le regard de celui qui lui plaît toujours autant qu’au premier jour. Elle a sorti la lingerie affriolante et a bien l’intention de rattraper ces deux mois perdus, ce soir.


Après un long échange de baisers langoureux, elle lui demande toutefois et avec une suspicion qui la taraude depuis son retour.


— Est-ce que tout s’est bien passé en mon absence ? Tu ne m’as pas raconté grand-chose. — Ça a été, avec Joakim ? Tu es sur ?

— Oui, ne t’inquiète pas.

— Ne te mines pas pour lui, mon chéri, reprend-elle chaleureusement, — notre fils est un grand garçon maintenant et si tu lâches un peu de lest, sans doute que vous vous entendrez mieux. 

— Ça m’ennuierait juste que son laxisme lui fasse manquer sa graduation…

— Je ne pense pas cela possible… crois en lui !


Raphaël embrasse sa femme pour stopper là cette conversation qui n’ira nulle part. La confiance aveugle de son épouse, pour leur ainé ; le voyant comme la septième merveille du monde ; l’agace parfois, car lui se noie constamment dans de nombreuses inquiétudes vis-à-vis de l’avenir du concerné.


*


Dans la luxueuse maison voisine, à droite de celle des Bauer, un frère jumeau appelle sa sœur revenue ce soir de tournée musicale.

Jeffrey Beckers rayonne de bonheur. Il esquisse un large sourire tandis qu’il propose à son double de passer la voir pour sortir avec lui ! « Histoire de fêter son retour ! Leurs retrouvailles ! Tous les deux et rien qu’eux ! » Il souhaite marquer le coup, parce qu’elle lui a énormément manqué durant ces deux mois ! La proximité de ces deux-là amusait souvent leur entourage et tous savaient « que la vie ne séparerait jamais les jumeaux Beckers ! » C’est pour cette raison qu’une fois adultes, ils décidèrent de résider dans le même quartier, dans la même rue, dans des maisons voisines et côte à côte.


— Je suis crevée, Jeff ! Demain, sans faute ? Décline timidement Éva en avouant qu’elle avait prévu de passer la soirée en famille. Compréhensif, son jumeau ne lui en tient pas rigueur, mais la prévient qu’il sera chez elle dès neuf heures du matin pour la tirer du lit ! Sans attendre, il lui pose ensuite une question existentielle qui le taraude soudain.

— Si chez nous les bébés mangent avec une petite cuillère, les bébés chinois eux, devraient-ils manger avec un cure-dent ?

Eva pouffe de rire et lui souhaite une bonne nuit. Si son frère n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer…

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