~ Chapitre 4.1 ~

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*

Le lendemain et dès les premières heures de la matinée, Joey Sanders se rend chez sa petite amie pour passer la journée avec elle. Il culpabilise énormément de l’avoir négligée ces derniers temps, au profit de son équipe de football et souhaite donc se rattraper afin de ne pas voir les restes de son couple partir en fumée. Il n’oublie pas qui est sa compagne… la magnifique et populaire Trisha Hill, qui pourrait le remplacer en un claquement de doigts, à la seconde où elle le désirerait.

En chemin vers l’immeuble de sa rousse, il reçoit soudain un coup de téléphone de son meilleur ami, Michael Davis. Zut, pourvu que celui-ci ne lui propose pas une activité, car il aurait bien du mal à refuser…


Son comparse va droit au but dès qu’il l’a salué. Il semble pressé de l’informer d’une scène qu’il a surprise la veille, dans un nightclub réputé.


En effet, Michael Davis est un Drifterz, qui balance les faits et gestes de Joakim ; et ce malgré qu’ils soient tous deux membres du même Crew. Les deux se côtoient au quotidien, au milieu de leurs autres camarades, avec courtoisie et hypocrisie, alors qu’ils ne se supportent pas. Michael ne peut se résoudre à respecter quelqu’un qui respire la fourberie. Pour lui, Joakim Bauer n’est qu’un trublion, une pourriture, un menteur ainsi qu’un arriviste, mais ça, il ne l’a jamais soufflé qu’à son meilleur ami. 


— Merci mec, répond tristement Joey à son interlocuteur, après avoir été informé de l’humiliation publique que lui fait subir sa rousse. Le capitaine de l’équipe de football en reste choqué et sent son cœur se serrer avec un dégoût palpable au creux de la voix. 

— De rien, c’est normal, renvoie Michael dans un soupir — c’est un chien Joakim. Je suis vraiment désolé…

— Ne t’inquiète pas, je vais m’occuper du cas de ce minable. Il va regretter de s’être frotté à moi, prononce Joey avec beaucoup d’assurance et une brulante envie de vengeance. Il arrête ses pas, puis tourne les talons pour revenir d’où il vient. 

— J’espère bien… il est tant que quelqu’un lui remette les idées en place.

— Et bien dans ce cas, tu vas être servi, crois-moi.

*

De son côté, Trisha se dépite de la honte subie la veille. Elle vient de se réveiller ; en témoignent les marques de son oreiller sur sa joue droite ; et observe avec lassitude son bol de céréales allégées — taille fine oblige ! Elle souffre d’une gueule de bois, assise dans la cuisine moderne du luxueux appartement qu’elle habite avec sa mère. 

Elle a très peu dormi après cette soirée alcoolisée, où Joakim lui a infligé la pire humiliation de sa vie, devant sa meilleure amie ainsi que quelques camarades de classe. 

Soupirant qu’elle s’est fichue dans une « incroyable merde », elle jette un œil vers l’horloge de la pièce en se dema

ndant dans combien de temps sa deuxième confidente, après Amy, va se décider à la rejoindre.


Effectivement, Maya Hill et son unique enfant jouissent d’une fabuleuse complicité.


Trisha idolâtre celle qui l’a mise au monde, pour tout ce qu’elle est et représente : la dirigeante d’une grande entreprise de prêt-à-porter, qui a réussi dans la vie en partant de rien. Celle-ci incarne l’excellence, le travail ainsi que le talent. La suprématie ultime. La lycéenne ne tarit en effet pas d’éloges pour sa mère et regrette parfois de ne pas avoir hérité de sa perfection.


— Houla, tu es tombée du lit, ma chérie ! Il est huit heures et demie ! S’exclame soudain Maya en pénétrant dans la pièce, en chemise de nuit et chaussons — ça va ? Bien dormi ? 


Un rire taquin accompagne la réplique, ciblant la soirée que vient de passer sa progéniture qu’elle voit recroquevillée devant la table en verre de leur cuisine, le nez presque dans ses corn-flakes.


— C’était une catastrophe… souffle Trisha en grimaçant avec embarras — je n’ai jamais été aussi humiliée.

— Par qui ? Joey ? S’intrigue immédiatement Maya en prenant place auprès de sa fille, tasse de café en main — raconte !

— Joey n’était pas là, je suis sortie avec les amis d’Alex.

— Ah oui, c’est vrai, j’avais oublié ! Alors du coup, ça s’est mal passé ?

— Tu te souviens de Joakim ?

— Hmmm… Vaguement ! C’est le garçon de ta classe qui est magnifique, mais qui a l’air de mépriser le monde entier ? renvoie Maya en réfléchissant, avant d’ajouter calmement — ce sont des choses qui arrivent ! Il n’y a pas de quoi être dévasté si tu as fait une entorse au contrat. Tu es jeune et ça se voyait qu’entre toi et le p’tit Sanders, ça sentait le sapin…

— Ce n’est pas ça le pire, soupire Trisha avec nervosité en se relevant de sa chaise pour s’en aller ranger son paquet de Kellogg’s dans le placard. Elle reprend, l’air dépité, tout en lavant son bol de céréales — mais en effet, ce que j’ai fait à Joey me rend encore plus nulle…

— Joakim t’a fait du mal ? demande Maya avec suspicion en fronçant les sourcils et en se retournant vivement vers elle.

— Du tout. C’est moi qui aie été complètement ridicule, et je… Je ne sais pas du tout comment le recroiser au lycée maintenant. 

— Tu es sortie avec lui, si je comprends bien ?

— Oui et non… Disons qu’on s’est embrassés, mais il m’a bien fait comprendre à quel point je pouvais être minable lorsqu’on en a eu terminé. En gros, il s’est moqué de moi.

— D’accord. Eh bien, ne te victimise pas et sers-toi du fait que tu as eu ses lèvres contre les tiennes, comme d’une fierté ! Tu m’avais dit que beaucoup de filles du lycée le regardent avec envie, non ? 

— Une fierté de m’être fait bafouer devant tous mes amis ? Il m’a fait passer pour une trainée, maman !

— Tu n’as jamais été une trainée. Et tes amis le savent.

— Je lui ai sauté dessus ! Ce n’est pas lui qui m’a dragué, c’est moi ! Oh mon dieu, la honte ! Il va pouvoir se servir de cette soirée pour m’humilier pendant dix ans ! Je suis finie maman, ma vie sociale est foutue ! Je vais être la risée de tout le lycée !

— Ma chérie, n’oublie pas qui tu es au lycée. La magnifique et populaire Trisha Hill ! Alors, comporte-toi en fonction de ce titre, ignore Joakim et agis comme si c’était toi, qui avais joué avec un charmant jeune homme, mais que dès le lendemain, tu n’en as plus rien à faire. Renverse la situation.

— Ça va être compliqué de l’ignorer, car désormais, avec Amy, on traine avec la bande d’Alex qui est aussi la sienne ! Du coup, vu que c’est un connard, je suis persuadée qu’il va aller me chambrer devant eux !

— Mon Dieu, s’exclame Maya en faisant les gros yeux, riant des joues rosées de sa fille — c’est qu’il te plait vraiment le fameux Joakim ! 

— Hein ? Bah non ! s’offusque Trisha en faisant la moue — n’importe quoi !

— Soldat Trisha, votre mission, c’est de rompre dès que possible avec Joey ! Parce que chez les Hill, nous avons des valeurs ! Ensuite, vous devrez me séduire le séduisant, Joakim Bauer ! Puis, vous me l’amènerez ici et me le présenterez ! Que je vois de mes propres yeux quel est le garçon qui a réussi l’exploit de bouleverser ma fille, car il est forcément formidable ! 

— Mais je ne suis pas bouleversée, réplique Trisha en piquant un far — et je ne peux pas sortir avec lui après tout ça !

— Ma chérie, tu n’as fait qu’échanger des baisers avec un garçon, dans une boite de nuit et tu m’en parles depuis vingt minutes comme si c’était la fin du monde, tandis qu’une jeune fille populaire qui se fiche de sa proie, aurait juste profité hier soir en n’en ayant rien à cirer qu’il dise quoique ce soit à un ou deux lycéens ignares. Ce garçon te plait donc énormément. Il t’impacte.

— Mais ce n’est pas réciproque, soupire Trisha, abdiquant devant sa mère qui l’a percée à jour — en plus, c’est sur que physiquement il est très beau, mais à l’intérieur il a l’air sacrément mauvais. J’ai donc peur pour mon image au lycée…

— Encore une fois, je ne m’inquiète pas pour ça. Il a plus à perdre que toi s’il tente d’entacher la réputation de la belle et populaire Trisha Hill. 



*



Peu après, Trisha décroche un appel de sa meilleure amie qui lui propose de venir passer l’après-midi à la plage avec elle et Noah. La rouquine accepte rapidement l’invitation en ne craignant plus l’éventuelle présence de Joakim. Elle se sent emplie de confiance en elle, grâce à sa formidable mère ! Cet idiot ne lui fait plus peur ! Rira bien qui rira le dernier !

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