~ Chapitre 6.1 ~

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Le lendemain matin, en plein milieu d’un cours de mathématiques, un professeur distribue les copies de ses élèves…

— Ne prends plus la peine de venir si c’est pour continuer de me rendre feuille blanche, souffle-t-il avec colère à Joakim, en lui jetant son « F » dessus.

— C’est de la merde, aussi. Soupire le jeune Bauer avec désintérêt et en mimant un bâillement.

— Pardon ? 

Joakim le dévisage d’un air hautain.

—  Oh et puis je m’en fous ! Écoute, tu as raison. Après tout, ce n’est pas moi qui vais redoubler mon année, à ce rythme, lui rappelle le professeur en revenant vers son tableau.



Au même moment, dans le vestiaire des Watcha Say, Riley Adams profite d’un moment où elle se trouve seule avec Jonathan Bell pour le tacler, avec un soupçon de méchanceté. Le jeune danseur était en train de finir de se préparer pour rejoindre sa classe et commencer son entraînement du jour. 

— Tu perds ton temps, oublie la car tu n’as aucune chance ! lui lance-t-elle férocement.

Jonathan, interloqué par cette phrase qui lui tombe dessus sans crier gare, pique un far et revient vivement vers son interlocutrice, l’air paniqué.

— Mais de quoi tu parles ?

— De ce que tout le monde sait ! Sauf Erika, bien sûr ! rit Riley sans retenue ni discrétion, se fichant que quelqu’un surprenne leur conversation. 

— Je vois… se contente de souffler Jonathan en retour, haussant les épaules.

— Le prends pas mal ! Tu auras d’autres meufs ! Sans doute moins canon par contre, pour qu’elles soient à ton niveau…

— Ça t’amuse ? De faire ça ? Très bien, je peux donc rejoindre la partie et te rappeler qu’Erika n’est pas lesbienne. Lance Jonathan avec un calme maîtrisé.

— De quoi ? Quel rapport ? Crache Riley en sursautant. Elle devient rouge comme une pivoine en moins de deux. Son cœur lui déchire soudain la poitrine et son esprit se perd au milieu de mille doute et angoisses. Son petit secret aurait-il été percé à jour ?

— Et je te rappelle que tu n’as pas le droit de trainer dans nos vestiaires, reprend Jonathan avec assurance, ignorant la terreur de la jeune fille.

Riley ne se remet pas de la gêne qu’elle vient de ressentir, car Jonathan ne devrait pas avoir connaissance de son homosexualité ; et encore moins des sentiments qu’elle éprouve pour sa meilleure amie !

— Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler, pauvre fou ! bégaie-t-elle, prête à tout pour enterrer son petit secret.

— Pourquoi tu paniques ? C’est pas la honte. 

Jonathan conclut ainsi sa conversation et se dirige vers sa salle de danse, tout en incitant son interlocutrice à le suivre, d’une voix plus chaleureuse.

— Tu viens nous regarder, comme d’habitude ? reprend-il même, — et arrête de stresser, je sais être une tombe quand il le faut, avec les gens sympas.

Un clin d’œil ainsi qu’un sourire amical amènent la réplique.

— Me.. Merci… et pardon.... s’excuse timidement et avec honte Riley, encore sous le choc de l’émotion, l’air désespéré et fuyant son regard.

Une fois dans la salle de sa classe de danse, Jonathan se dépêche de rejoindre quelques garçons et Riley se laisse lentement tomber au sol, dos au mur, aux côtés d’autres accompagnatrices.

Bouleversée, elle n’engagera pas la conversation avec sa voisine la plus proche pour discuter et passer le temps, comme d’habitude. Jonathan vient de lui jeter en plein visage les sentiments qu’elle dissimulait au monde pour tenter de vivre heureuse. En une seule phrase, il lui a rappelé son amour à sens unique et cela lui dissèque désormais le cœur.

Désespérée, elle soupire en observant les Watcha Say qui commencent à danser sur leur chorégraphie prévue pour « LA Dance Magic », qui se déroulera dans deux mois.

Son regard reste comme souvent rivé sur Erika qui s’exécute habilement parmi les autres élèves de son école. Elle sert aujourd’hui de modèle et guide à quatre nouvelles…

*

Quelques heures plus tard, au sein de la demeure Bauer, Raphaël et Éva se préparent à partir une semaine en amoureux. Ils laissent leurs trois enfants à la maison, sous la responsabilité de l’ainé de la fratrie qui a déjà fait ses preuves deux fois auparavant.

Les deux parents étreignent leurs progénitures en donnant leurs ultimes recommandations, pendant que leur chauffeur finit de charger leurs valises dans le coffre. Leur avion décolle bientôt.

— Erika, tu as le droit de te défendre si ton frère t’embête ! informe Éva en direction de sa fille et en feignant un air sérieux.

— T’inquiète, on dirait pas mais c’est mon esclave et il m’obéit au doigt et à l’œil dès que vous n’êtes plus là ! rit Erika à son tour pour poursuivre la taquinerie, tandis que sa mère l’enlace chaudement.

De son côté, Raphaël prend discrètement son ainé à part.

— S’il y a le moindre problème, tu m’appelles, hein. Je compte sur toi !

Il lui glisse ensuite qu’il sera le chef de famille pendant sept jours et qu’il lui fait une totale confiance pour gérer les « deux petits ». Joakim hausse les épaules suite à cette réplique et soupire avec lassitude et indifférence, blasé d'entendre ces consignes pour la troisième fois.


Le jour suivant, Joakim rejoint une fête de Kristofer après avoir déposé sa sœur au lycée en lui demandant de récupérer Alarich chez son éducateur spécialisé, dès la fin de ses cours.

Erika soupirait lassement là ce moment-là, comprenant que si son frangin lui ordonnait cela, c’est qu’il allait repartir aussi sec. « Rira bien qui rira le dernier, quand ce fainéant ratera son examen ! » 


Une heure et demie plus tard, Joakim traine sur l’un des canapés de Kristofer, avachi en face de quelques cadavres de bouteilles posés sur la table basse devant lui. Une jolie brune complètement saoule lui somnole dessus en lui caressant le torse à travers son sweat shirt, tandis que lui laisse une de ses mains se promener sous sa jupe pour attraper l’une de ses fesses. Il la sait sous l’effet de diverses substances, comme chaque convive ici présente, sauf lui.

En effet, si Joakim possède peu de limites en ce qui concerne l’alcool, en soirées, il n’approche jamais la moindre drogue qui pourrait l’amoindrir d’une quelconque façon, et ce, même si Kristofer propose les meilleures lors de ses fêtes. Cannabis, cocaine, ecstazy, ethanol, amphetamine, methamphetamine... 

— Oh ! La pêche a été bonne ! s’exclame soudain et joyeusement l’hôte de la demeure en riant et montrant du regard celle qui dort sur son camarade. Son euphorie, ses narines rougies ainsi que ses yeux dilatés dévoilent à Joakim qu’il vient de sniffer de la Méth.


Contrairement à son ami, Kristofer est un consommateur régulier de drogues ; addiction débutée aux côtés de son ancien et premier amour toxicomane, Shane Helms… 

C’est pour lui que Kristofer avait fait son coming out, quitte à perdre tout contact avec sa propre famille, avec qui il avait déjà des relations très conflictuelles avant ça.

Shane exigeait, Kristofer obéissait. Dingue de lui, accro, il se persuadait de la réciprocité de ses sentiments. Il aurait déplacé des montagnes pour cet homme ! Il croyait fermement aux âmes sœurs. Lui et Shane ne pourraient jamais se séparer très longtemps. Que celui qui ose lui dire le contraire brûle en enfer !

Naïf, dévoué et émotif dans ses relations amoureuses, il aurait donné jusqu’à sa vie entière pour combler sa moitié, qui ne s’est d’ailleurs pas gênée pour la lui prendre en profitant sans vergogne de lui. 


Depuis et malgré leur rupture, Shane revient très régulièrement ici et il apparait aujourd’hui encore.

Toxicomane depuis de nombreuses années, le jeune homme aux cheveux châtain clair et aux yeux gris, a besoin des restes de sentiments de son dépravé d’ex, pour se procurer des doses à prix réduit ou à crédit. Utiliser ce fils de millionnaire est un jeu d’enfant et c’est avec un faux sourire qu’il lui dissimule un mépris évident, alors qu’il le salue rapidement.

Joakim qui se trouve souvent sur place, lors de ces transactions, se dépite toujours de voir Kristofer aussi pathétique et ridicule devant ce magouilleur habile. Afin de défendre l’honneur de son camarade, il lui arrivait fréquemment, par le passé, d’insulter Shane pour le faire dégager, mais ces tentatives lui revenaient aussitôt en plein visage tel un boomerang, car son ami ne supporte pas que l’on critique son grand amour.

Au bout de la troisième fois, le jeune Bauer décidait de ne plus interférer.

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