~ Chapitre 7 ~

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*

Alarich ne bronche pas alors que Joakim lui désinfecte sa plaie une fois de retour chez eux. L’ambiance reste toujours aussi pesante qu’à la plage et l’adolescent brun-ébène se sent mal pour cette raison. L’air anxieux, il dévisage son frère pour essayer de lire en lui. Il craint le pire et déteste le voir ainsi haineux. Cela le rend triste. Cette aura noire qui l’enveloppe le terrifie…

Erika arrive dans le salon à ce moment-là et se fige devant la scène que lui dévoilent ses yeux. Elle y réagit sans attendre.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé ? questionne-t-elle, intriguée devant la figure blessée de son jumeau.

— Toi, monte dans ta chambre, lui ordonne Joakim d’une voix glaciale.

— J’allais te le dire, que j’allais obéir comme un toutou. M.D.R. grommelle fièrement l’adolescente en retour, l’air boudeur et en fronçant les sourcils.

— J’ai dit, MONTE DANS TA CHAMBRE, lui répète son frère ainé en lui fonçant soudain dessus pour la pousser brutalement contre le réfrigérateur derrière elle.

Il lui assène ensuite une gifle, puis l’attrape fermement et la jette dans l’escalier. Choqué par la dispute, Alarich leur crie d’arrêter en plaçant ses avant-bras devant son visage pour se créer une bulle de protection loin de la méchanceté humaine… Il ne peut pas les voir se comporter ainsi, non, pas eux !

— En l’absence des parents, c’est MOI le chef de cette maison, alors tu vas apprendre à m’obéir ! vocifère de nouveau Joakim avec une rage qui terrifie sa cadette. C’est la première fois qu’il lève la main sur elle et cela l’horrifie.

— Tu n’as pas d’ordre à me donner ! réagit-elle tout de même fièrement en se redressant sur les marches, craignant toutefois de se prendre une autre claque. Elle ne l’en croit pas capable, mais on ne sait jamais…

— Tu avais sa garde en mon absence ! Espèce de conne ! l’insulte Joakim en la giflant de nouveau pour qu’elle détale en courant au premier étage en hurlant à pleins poumons qu’elle le hait !

Furieuse, elle pleure à chaudes larmes et s’enferme dans sa chambre en lui souhaitant d’aller brûler en enfer ! « elle répètera tout à leurs parents, il ne s’en tirera pas comme ça, ce connard ! »

Elle revient vers son frère une demi-heure plus tard. Penaude, elle pénètre dans sa chambre, après avoir toqué doucement. Ses mains tiennent nerveusement un papier, qu’elle lui présente, en détournant le regard pour ne pas croiser le sien. Elle le déteste toujours, hein !

— Est-ce que tu peux signer ça ? lui demande-t-elle avec angoisse et rancœur.

— C’est quoi ?

— L’autorisation parentale pour faire partie des cheerleaders du lycée. Et comme papa et maman ne sont pas là… Il faut que tu signes.

— Pose, je m’en occuperai plus tard, répond Joakim avec indifférence.

— C’est juste une signature, tu peux pas le faire maintenant ?

— Non.

— OK, bref merci quand même, râle Erika en se mordant la lèvre inférieure. Elle reste persuadée qu’il veut la faire attendre pour l’ennuyer et se venger. « pfft, quel con », pense-t-elle en lui déposant sa feuille sur son bureau, avant de retourner dans sa chambre aussi vite que le vent.

« Quelle bonne blague, » songe Joakim avec dégoût, une fois seul. Voilà que sa cadette souhaite devenir pom-pom girl pour encourager l’équipe dont Joey Sanders est le capitaine…

Il en rit aux éclats, de cette ironie, mais il se pressera, dès le lendemain matin, de trouver l’entraineur des cheerleaders de son lycée pour lui expliquer l’incapacité de sa petite sœur adorée de faire partie de ces jeunes sportives si gracieuses et énergiques. La pauvre Erika Bauer souffre en effet d’une certaine infirmité au genou droit qui ne lui permet pas de sauts trop vifs… Sa discipline principale, la danse, passe à peine…

— T’es vraiment un connaaaaaaard ! hurle aussitôt Erika dès qu’elle le retrouve chez eux, en fin de journée. L’adolescente le méprise pour cette ignoble et fausse information qui l’empêchera surement de postuler de nouveau, même lorsque ses parents seront de retour pour signer son inscription.

— C’est la vie, lui souffle froidement Joakim en haussant les épaules.

— J’men fou, je vais tout dire à papa et maman et ils iront contredire tes conneries devant la prof.

— Ferme-la.

— Je te déteste ! Je te hais ! T’es un pourri ! hurle Erika avec rage et détresse, submergée par une vague de colère. Elle montre quatre à quatre les escaliers pour courir s’enfermer dans sa chambre.

— Je ne t’ai jamais demandé de m’aimer, mais de filer droit… souffle Joakim en attrapant une bière dans le frigo, appelant ensuite Alarich pour qu’il vienne se mettre à table avec lui.

Leur cuisinière leur a préparé des spaghettis bolognaise, aujourd’hui ! Ils vont se régaler !




Le lendemain matin, peu après avoir déposé sa stupide cadette au lycée, Joakim ramène la voiture familiale puis repart en bus chez un concessionnaire, dans le but de s’offrir la sportive routière qu’il souhaite depuis longtemps. Une SuperSport 950 que son père refusait qu’il possède, car paranoïaque vis-à-vis de la dangerosité des véhicules à deux roues…


« Les absents ont toujours tort », songe Joakim en se fichant qu’il en perde des cheveux de rage.


Détenteur du permis moto depuis un an maintenant, il se juge légitime d’en obtenir une et personne n’a intérêt à lui « chier une pendule » ! Il paie rapidement l’engin comptant puis réfléchit qu’il sollicitera sa mère pour l’assurance de sa bécane, qui nécessitera une signature de personne adulte.



*



Pendant la pause de midi, en ville, Erika exprime sa colère vis-à-vis de son ainé, à Kaylah Moore, l’une de ses amies de son école de danse.

L’adolescente boudeuse raconte avec dégoût de quelle odieuse façon son frère l’a giflé, avant de ruiner ses chances de rejoindre les cheerleaders de son lycée.

Elle grommelle ensuite qu’elle n’a pas dit son dernier mot. Dès le retour de ses parents, elle les fera intervenir en sa faveur devant le proviseur !

Plus amusée qu’autre chose par ces disputes interfrangins, Kaylah rappelle à son amie qu’il ne faut pas qu’elle se mette dans des états pareils pour des futilités, car elle doit se recentrer sur leurs priorités du moment, leurs compétitions qui approchent, dans l’ordre… StarQuest, LA Dance Magic, Le Tremaine Tour, Les Nationales, American Dance Awards…. Erika l’interrompt rapidement en râlant.

Elle reste capable de danser avec les cheerleaders et les Watcha Say en même temps, tout en excellant sans difficulté !

*

Peu avant le début des cours, en début d’après-midi, Joakim se rend au lycée et fonce dans le couloir qui jouxte sa salle de classe.

Il sait qu’il y trouvera Trisha en train de discuter avec Amy, devant le distributeur de canettes. Comme d’habitude.


La rouquine sent son cœur s’emballer dès qu’elle le voit se rapprocher. Elle chuchote sans attendre à son amie.


— Devine qui arrive !


La jeune fille blonde sursaute et constate que Joakim apparait pour s’adresser à Trisha.


— Je peux te parler un instant ? lui demande-t-il en se collant presque à elle. Il esquisse un sourire charmeur et Amy n’en revient pas, pensant qu’elle a désormais besoin de lunettes.


Trisha rougit, impressionnée par l’éphèbe qui lui offre l’intérêt qu’elle n’espérait plus.


— Le dieu de la connerie est descendu de l’Olympe pour se mêler aux mortels, tient donc ! lance Amy, en direction de celui qui est surement en train de se moquer de sa meilleure amie, Joakim Bauer ? Un sourire charmeur ? Et puis quoi encore.

— Tu n’as pas quelque chose à faire ? Une faciale à prendre, peut-être ? lui renvoie Joakim en se tournant vers elle, alors que depuis le début il ignorait sa présence.

— De quoi ? Répète un peu ? réagit Amy en levant les sourcils en l’air, profondément choquée par l’insulte. Elle aimerait le tuer ! Lui arracher les globes oculaires avec une petite cuillère !


— Je reviens dans deux minutes, intervient Trisha en direction de son amie, tout en attrapant Joakim par le bras pour le trainer à quelques mètres, dans un bout de couloir où ils pourront discuter seuls.


— Du coup, que me voulais-tu ? lui demande-t-elle une fois isolée avec son fantasme du moment.

— J’organise une soirée chez moi, samedi, et je me disais que tu souhaiterais venir, lui propose Joakim avec un clin d’œil ainsi qu’un sourire qui le rend encore plus magnifique que d’ordinaire. Trisha fond, rougit, puis lui répond en bégayant.

— Hein ? Je.. Quoi ? Toi, une soirée ? Toi, moi ? Une soirée ? nous ? Ensemble ?

— Oui, non ? J’ai pas la journée.

— Pourquoi ? lui renvoie-t-elle d’un air horrifié, car elle s’attend au pire venant de lui.

— Parce que j’organise une soirée, à laquelle tu es invitée ! Pfiouh, le cinéma pour juste répondre un oui, ou un non.

— Oui, euh, oui, je veux bien ! bafouille Trisha, le cœur battant. Elle n’en revient toujours pas et continue de se demander si son interlocuteur n’aurait pas une petite idée perfide derrière la tête…

— Parfait. Lui sourit-il en prenant appui sur le mur derrière lui — tu habites où ? Je passerais te chercher à 21 h.

— 6e rue, 2230 W, à Westlake.

— Westlake? C’est un joli quartier.

— Oui, rit timidement Trisha en commençant à se sentir un peu mieux à ses côtés. Aurait-il réfléchi finalement ? Songeant que tous les deux iraient bien ensemble ? Elle rougit deux fois plus a cette pensée.

— Du coup, on se dit à samedi, 21 h, reprend Joakim en redevenant sérieux.

— Qui est-ce qu’il y aura ? Alex ? Le Crew ?

— Euh, non.

— Ah, d’accord.

— Je te laisse, je dois voir quelqu’un, conclut-il en esquissant un sourire étrangement doux et charmant, en se préparant à filer à l’anglaise.

— Comment ça, tu pars ? Notre cours commence bientôt !

— Quel malheur ! rit-il franchement avec un clin d’œil, en lui faisant un signe d’au revoir.

Trisha le regarde s’éloigner, le cœur battant, tandis que sa meilleure amie revient vers elle, les sourcils froncés.

— Il est parti l’autre abruti ?

— Il m’a invitée à une soirée chez lui, samedi, révèle Trisha en remettant en place une de ses mèches rousses.

— Quel crétin, il manque pas d’air !

— J’ai accepté.

— Oh mon dieu, tuez-moi.

— Je te laisse, il faut que j’aille voir Joey, reprend Trisha avec sérieux.

— Ne me dis pas que tu vas enfin rompre, juste pour ce cloporte !

*

Quelques heures plus tard, chez les Bauer, Erika toque nerveusement contre la porte de la chambre de son frère, en râlant de l’autre côté, d’un air agacé, parce qu’il lui interdit d’entrer.

— On mange quand ? bougonne-t-elle en trépignant.

— Démerde-toi, tu es grande, lui renvoie Joakim, choqué par sa bêtise alors qu’il sait qu’un repas de leur cuisinière les attend, comme toujours, dans leur four.

— Mais on ne mange pas ensemble ? s’étonne Erika en boudant, car hier déjà, il avait mangé seul avec Alarich, sans l’appeler !

— Non. Bon appétit, lui grogne t-il avec agacement. Sa puérilité commence vraiment par lui sortir par les yeux…

Blessée, Erika ne réplique plus rien et ressent de la colère vis-à-vis de son attitude envers elle. L’adolescente se souvient de cette ignoble gifle, de sa violence et de sa méchanceté. Elle lui en veut encore terriblement, mais elle souhaitait quand même enterrer la hache de guerre parce que cela ne leur ressemble pas de se disputer ainsi. Soupirant avec dépit, elle appelle Alarich pour s’en aller manger avec lui, énervée par le comportement d'un crétin insensible qui ne se rend jamais compte de la peine qu’il peut causer à ses proches.

Et pendant qu’elle le maudit de toute son âme, tout en mettant la table avec son jumeau, Joakim, toujours dans sa chambre, assis devant son ordinateur, réussit a hacker, sans la moindre difficulté, un certain site…

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