~ Chapitre 3.1 ~ (021) (022)

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*


À quelques mètres de là, Erika revient aussi chez elle, avec Jonathan Bell, un ami et partenaire de chorégraphie. Ils ont le même âge et viennent aujourd’hui travailler au domicile de la jeune fille pour se préparer à Starquest. 

« N’est pas le duo inégalé des Watcha Say qui veut ! » La quasi-totalité de leur temps libre est consacrée à leurs répétitions. Soit à leur école de danse, soit chez Erika qui possède une pièce spécialement dédiée à cet effet.

En descendant les trois marches qui rejoignent l’extérieur de sa maison et sa salle d’entrainement personnelle, Erika aperçoit son frère qui fait le tour de leur demeure pour y entrer par l’autre porte. Elle lui tire la langue de loin, avec un sourire qu’il ne lui rend pas. Elle en hausse les épaules.


Arrivée enfin sur place, l’adolescente aux cheveux châtain foncé se pose en plein milieu du parquet de piste pour fixer Jonathan avec conviction.

— Si on n’est pas premiers, on est des salopes ! 


Elle baisse ensuite les yeux en laissant échapper un soupir qui révèle son stress à son camarade brun aux pupilles ébène ; un ami qui connait bien son caractère lunatique, ainsi que son humeur en dent de scie avant chaque concours… Jonathan sait qu’elle se met trop de pression et oublie bien souvent de danser par passion… Il le lui reproche fréquemment.

Elle râle aujourd’hui, car elle soupçonne Molly d’avoir discrètement demandé à leur professeur une chorégraphie plus compliquée que la sienne. Elle craint que la talentueuse blonde impressionne plus les juges qu’elle, lors de Starquest. Jonathan jette sa paume gauche contre son front devant de telles âneries.


Bienveillant et compréhensif, il décide quand même de la rassurer :

— Tu te fais des films et ton solo sera incroyable. Comme d’habitude.


Il ajoute ensuite, l’air déçu par son attitude, qu’il ne voit pas d’intérêt de cette bataille d’égo qui existe entre elle et Molly, puisque les deux représentent les couleurs de la même école de danse ! « Chacune de leurs victoires doit rester collective, dans leurs cœurs, pour faire briller les Watcha Say de Los Angeles ! »

Erika n’approuve pas ses répliques mièvres et hausse les épaules. Elle lui rappelle très vite que lorsqu’ils s’exécutent en solo, sur la scène, ils ne portent plus de bannière d’école, car face au public, c’est seuls qu’ils tracent leur avenir et façonnent leur future carrière !

« Certes… », souffle Jonathan avant de lancer le titre de leur chorégraphie, préenregistré dans le répertoire musical de la chaine hi-fi de son interlocutrice. L’heure tourne et ils doivent s’entrainer au lieu de continuer de s’enliser dans un débat stérile qui pourrait déclencher une dispute. 


— Oh my god, tu gardes ce truc ! La honte ! rit soudain Erika, les yeux rivés sur son téléphone.


Elle le fouille sans gêne et avec amusement, alors qu’il l’avait posé sur le piano d’Alarich, le temps de chercher leur chanson.


— De quoi ? lui renvoie-t-il alors en arrivant derrière elle, intrigué.


Il sourit d’émotion puis reprend, l’air nullement embarrassé, car contrairement à elle, il assume son passé : 

— Eh ouais, on était incroyables !


Ils avaient onze ans et décrochaient la 8e place en duo Junior, au Hall Of Fame, il y a cinq ans. Jonathan ressent de la fierté pour leur prestation et ne supprimerait cette vidéo pour rien au monde.


— J’avais oublié ta coiffure de l’époque ! Taquine Erika pour camoufler la honte qu’elle éprouve de ne pas apprécier ces vieilles prestations.


Elle aimerait posséder la personnalité agréable et bienveillante de son camarade et réalise la chance qu’elle a de l’avoir à ses côtés.


— Ah ça veut tacler, attention, je peux réagir ! riposte Jonathan en ricanant. Et tu sais à quoi je pense…

— Tu n’oserais pas ! menace Erika en riant. Elle agite son index droit de gauche à droite très vivement. Non !

— Planche à repasser !

— Ça, c’est vache ! Surtout quand on constate les bras de mouches que tu te trimbalais !


Elle devait se défendre et lui tire la langue, fière de sa réplique. Jonathan réagit immédiatement et poursuit le jeu des taquineries.


— C’est clair que je n’étais pas très musclé à l’époque ! T’as vu comme j’avais l’air de galérer à soulever tes grosses fesses ? Maintenant, demande-toi pourquoi aujourd’hui j’ai gagné des biceps sans jamais aller en salle…

— Oh l’enculé ! Je vais te niquer ! le menace-t-elle en pouffant et alors qu’il rit à gorge déployée.


Des bruits de pas dans l’escalier les font brusquement sursauter.

— Eh bah, ça rigole beaucoup par ici, vous ne deviez pas répéter, plutôt ? leur demande Riley avec suspicion en arrivant vers deux compères. 

— J’avoue, mais c’est de sa faute, il garde des trucs suspects ! lui renvoie Erika en pinçant amicalement le bras de Jonathan.


Riley hausse les épaules, nullement amusée par leur petit cinéma :

— Venant de Jonat', je ne m’étonne pas.


Le jeune brun s’étire et suggère à Erika qu’ils annulent leur entrainement du jour, vu qu’ils ne sont plus seuls et que cela le déconcentre. Une demande validée à contrecœur par Erika, consciente que la situation actuelle ne se prête plus au moindre exercice sérieux. « Elle lui rappelle toutefois qu’ils mettront les bouchées doubles la prochaine fois ! »


— À plus, le nul, plaisante Riley en voyant Jonathan se préparer à quitter les lieux.


Il rit et leur souhaite un bon week-end, finalement satisfait de rentrer chez lui plus tôt que prévu. 


— On va se baigner ? propose Erika une fois seule avec son amie.

— Je ne le sens pas net avec toi ! grommelle Riley d’un air boudeur

— Tu es surtout jalouse parce qu’on répète de plus en plus ensemble en ce moment, mais n’oublie pas qu’on a quatre compétitions qui arrivent ! Il ne squatte ici que pour travailler ! rappelle Erika dans une unique tirade.


Elle se met ensuite joyeusement en chemin vers l’intérieur de la maison pour filer récupérer un maillot de bain.


— C’est cool, j’ai plus besoin de me plaindre avec toi, tu devines mes craintes avant même que je ne les dise !

— J’avoue, on se connait trop maintenant, il est temps de rompre, il n’y a plus rien de neuf dans notre histoire !

— Impossible, tu mourrais sans moi !


En effet, Riley Adams reste l’une des personnes les plus importantes dans la vie d’Erika, malgré qu’elle ne partage pas sa passion.

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