~ Chapitre 11.1 ~ (065) (066)

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*

Pendant ce temps, la cible à abattre ne ressent aucun sifflement d’oreilles alors qu’il embrasse langoureusement sa petite amie à Santa Monica Beach !

À force de le supplier, la rouquine lui avait finalement obtenu d'y courir, avec une serviette de plage sous le bras, pour admirer le coucher de soleil en amoureux !

Une fois sur place, elle lui ajoutait de s’acheter de quoi manger ici, histoire de se régaler devant l’entièreté du crépuscule.

L’arnaque passait crème, car Joakim ne craignait pas de rentrer après le repas du soir. Il prévoit de mentir à ses parents, d’affirmer qu’un projet scolaire à travailler chez un ami le retarderait. Un argument qui ne pourrait que combler un paternel préoccupé par ses études.

Allongé sur sa rousse pour lui dévorer la bouche, l’excitation monte. Il la prendrait bien directement sur leur serviette de plage s’ils ne se trouvaient pas devant pas mal de regards indiscrets qui vont et viennent. Sa jupe courte ainsi que son corps, qu’il estime parfait, le provoquent, mais tant pis, il ne la dévêtira pas aujourd’hui…

Sa compagne se délecte de ces échanges de baisers et, surtout, de cette main qui se glisse sous son dos pour le lui électriser. Le cœur battant, le bas-ventre en feu, elle se détache finalement de ses lèvres la première pour lui rappeler, dans un souffle :

— La température doit redescendre…

— Ouais, lui ronchonne-un homme frustré pour réponse en se redressant pour s’asseoir derrière elle, les jambes ouvertes pour l’y enfermer.

Ravie, sa rousse se love contre lui et dans ses bras, plus heureuse que jamais de partager ce moment.

Un sentiment d’extase que Kristofer Varels ne ressent pas depuis la lecture du SMS de son comparse ; message qui lui apprenait qu’il ne passerait pas chez lui ce soir. Le gérant de l’empire Peninsula en fulmine, de se dire que d’un côté, son plus grand allié niait tout attachement à sa petite amie, quand, de l’autre, il ne la dégageait pas de sa vie ! Alors qu’elle ne devait lui servir qu’à anéantir un abruti de lycéen !

— L.A est superbe d’ici, s’émerveille Trisha en admirant l’orange d’un crépuscule magnifique, blottie dans les bras musclés de son homme.

— J’avoue, lui répond celui-ci en bâillant.

Il cherche encore les raisons de sa présence, car ce genre de moments l’ennuient terriblement…

— Tu as toujours vécu à L.A ? reprend sa rousse, en pivotant la tête pour lui déposer un léger baiser sur le bout des lèvres.

— Oui. Et toi ?

— Aussi ! Je demandais ça à cause de ton prénom, qui s’écrit avec un « k », ce qui, avouons-le, est plutôt rare !

— Inspecteur Trisha le retour !

— Mais euh ! Je m’intéresse à mon chéri ! C’est normal !

— Mes parents sont allemands.

— Ah, tout s’explique ! s’exclame la jeune fille avec un grand sourire.

— Que projettes-tu de faire, l'an prochain ? Des universités en vue ?

— Eh bien… je ne sais pas du tout, je pense qu’une fois diplômée, je postulerais à l’UCLA*, et ensuite à un programme d’études supérieures… que je n’ai pas encore choisis. Tu m’as posé une colle ! Et j’en ai honte…

— En fait tu prévois juste aller à l’université pour t’amuser ?

— C’est sur que dis comme ça…

— Tu as bien une petite idée de ton avenir professionnel, quand même. Je sais que tu n’es pas conne et que tu te montres plutôt brillante sous tes airs de chieuse. Alors, réfléchis : que souhaites-tu faire plus tard ?

— Merci du compliment et je fais semblant de ne pas avoir entendu la suite ! Moi chieuse ! Hey, si je l’étais, ça se saurait !

— Je t’ai posé une question, reprend Joakim en s’installant différemment.

Ses deux jambes à droite de son interlocutrice, lui toujours derrière elle, penché sur sa gauche avec son bras droit qui lui enlace le cou pour la ramener contre son visage afin qu’elle frémisse au contact de son souffle chaud et emplit de désir.

— Je vais te décevoir, mais je ne sais pas du tout… Je sais que j’aime beaucoup les animaux, la lithothérapie, la mode, le contact avec les gens… Alors peut-être que je pourrais viser une carrière dans le commerce, comme ma mère, qui serait ravie, car elle pourrait m’embaucher. Elle n’attend que ça en plus !

— Je t’ai demandé tes goûts, et tu me parles de ta mère.

— Oui, mais, euh… c’est pour dire que, si moi je ne sais pas trop quelle direction prendre, ma mère peut m’ouvrir des portes et cela lui ferait même très plaisir, car on partage une grande complicité ! donc du coup je serais heureuse de marcher sur ses pas pour la rendre heureuse !

— Intéressant. Sur ce, on rentre, l’heure tourne, lance Joakim en se relevant d’un bond.

Sa petite amie l’imite aussitôt, tout en lui demandant timidement :

— J’ai dit quelque chose de mal ?

— Non, pourquoi ?

— Ton magnifique visage est redevenu neutre et froid. Et ça, c’est quand je te saoule.

Son interlocuteur laisse échapper un rire amusé, puis reprend :

— Bien vu, mais là, non, mis à part que je te trouve pathétique à ne pas vouloir tracer ton propre chemin.

— Pa-thé…tique ? se blesse et s’agace la jeune fille, tout ça parce que je ne sais pas vraiment quoi faire plus tard ? Des tas d’étudiants sont dans mon cas, c’est pas un drame de se diriger vers un métier nourricier quand on en a l’opportunité !

— Tu as sûrement raison, se contente de répondre son interlocuteur dans un haussement d’épaules, tout en ramassant les cadavres de leur repas pour s’en aller les jeter dans la poubelle publique.

Sa rouquine l’imite pour l’aider, tout en lui proposant timidement :

— Tu ne veux pas qu’on reste encore un peu ensemble ? Il est tôt…

— Je dois aller chez Kristofer.

— Oh… d’accord…

— Quoi encore ?

— Tu es fâché…

— Non, j’ai dit !

— Si, tu es fâché ! Ça se voit.

— Mais non ! Tu redeviens soulante !

— C’est de ta faute, tu refais ton froid !

— Mais je ne suis pas froid ! se défend son compagnon en s’emparant de ses lèvres pour un long et tendre baiser.

— Tu m’appelles ce soir ? lui demande-t-elle encore timidement dès la fin de leur échange et entre deux battements de cœurs

— Pourquoi ? On se verra surement demain au lycée !

— L’un n’empêche pas l’autre !

Las, il lui assure dans un soupire qu’il lui enverra un petit mot au cours de la soirée, pour illuminer son visage amoureux et alors qu’il la ramène chez elle.


*


Bien entendu, la rouquine digérera très mal qu’il trahisse encore une promesse. Elle se plaindra de lui devant sa mère, qui va lui soupirer rapidement le classique et très agaçant, « tu l’as voulu, tu l’as eu ! »

De mauvaise humeur, énervée, frustrée, Trisha tournera en rond dans sa chambre pendant une dizaine de minutes, avant de téléphoner à son idiot de petit ami pour lui râler dessus !

Le goujat lui raccrochait aussitôt au nez ! À cinq reprises et avant d’éteindre son smartphone !

*University of California Los Angeles

*

Furieuse, elle ne laissera pas passer ce comportement odieux ! Un coup d’œil sur son iPhone lui permet de constater l’heure et de décider de se rendre illico chez son compagnon pour le voir en personne !

Elle arrive devant la demeure Bauer vers vingt heures dix avec une certaine appréhension dans laquelle se mélange un peu de honte, saupoudrée par une évidente angoisse. « Zut, pourquoi n’avait-elle écouté que sa colère et sa rancœur ? Sortir ainsi avec rage alors que sa mère l’a prévenue que son idée restait ridicule et impolie vis-à-vis des parents de son petit ami ? Ils dinent peut-être tous en famille actuellement et la jugeront surement très négativement pour sa venue à l’improviste… »

Elle trépigne face à la maison aux grandes baies vitrées, sans oser descendre les quelques marches devant elle, malgré qu’elle entende de la musique alternative se diffuser : il y a quelqu’un à l’extérieur ! Sur la terrasse en contrebas !

Motivée de réaliser cela, elle pénètre dans la salle de danse d’Erika pour l’y trouver en tenue de sport. La jeune fille en soupire de soulagement, moins honteuse que si les parents de son petit ami la surprenaient trainer devant chez eux.

— Coucou, Erika ! lance-t-elle très vite en arrivant vers l’adolescente qui bondit soudain dans sa direction.

— What the fuck, Trisha ? Qu’est-ce que tu fous là ?

— Bonjour, d’abord ! Enfin, bonsoir ! Je… comment dire…

— Il n’est pas encore rentré, il doit être chez Kristofer ! lui apprend d’une traite son interlocutrice avec assurance. Vous aviez rendez-vous et il t’a posé un lapin ?

— Du tout… Je voulais juste le voir.

— Je vois… Hum… Évite à l’avenir ce genre de visite imprévue, il déteste ça ! Alors du coup, je ne lui dirais rien, pour ta survie. Et fais de même !

— Vraiment ? grince la jeune fille rousse, blessée. Je ne suis pas n’importe qui, quand même…

Son cœur se serre et elle reprend d’un air bougon, mais aussi avec une infinie tristesse :

— Je sais ce que tu penses de moi… Et, comme tu peux le voir, oui, je me suis accrochée… malgré tes paroles… et tu penses que je n’aurais pas dû…

— Uuuuhhh… Je sais que j’ai été un peu méchante avec toi, la dernière fois. Alors, je te présente mes excuses. Renvoie Erika avec un petit sourire penaud et taquin. Je voulais surtout l’embêter, lui, parce qu’on venait de se disputer, pour une broutille. Ce n’était vraiment pas contre toi ! Par contre, je dois m’entrainer avant qu'on passe à table, alors tu dois filer ! Déso !

— Il n’y avait donc pas le moindre soupçon de vérité dans tes paroles ? Vraiment ? Reprends la rouquine avec suspicion et intérêt, tu peux me le dire, tu sais, ça ne changera rien à ma relation avec lui, alors s’il y a quelque chose que je dois savoir, s’il te plait…

Son interlocutrice l’interrompt pour lui clarifier la situation :

— En fait, je n’ai jamais vu de filles entrer réellement dans sa vie. C’est la seule chose que je voulais dire, de façon très maladroite, je te l’accorde, mais cela ne veut rien dire, ne t’inquiète pas ! Tu es peut-être la bonne, qui sait ? Je n’ai simplement pas l’habitude, moi, en tant que sœur, de le voir dans une relation sérieuse. Alors, surprends-moi !

La rouquine sourit et reprend espoir suite à ces paroles qui lui réchauffent le cœur. Elle se sent soudain très heureuse. Ragaillardie. Son côté enjoué revient au galop :

— On va essayer, alors ! Du coup, tu ne saurais pas où habite Kristofer, toi?

— Oh, mon dieu, tu veux aller là-bas ? Je t’ai proposé de me surprendre, pas de te suicider… s’esclaffe l’adolescente brune.

— Mais je gère, ne t’inquiète pas pour moi !

— Il vit à Long Beach, je peux t’écrire l’adresse, si tu veux!

— Ça sera parfait ! Merci, merci ! Tu es géniale ! s’extasie de joie Trisha, aux anges.

— D’accord, je te fais ça, sourit la danseuse en attrapant une feuille de papier et un stylo dans son sac à dos posé près de sa chaine hifi. Par contre, je ne te demande qu’une seule chose en retour de ce service : c’est de ne JAMAIS lui dire qu’il vient de moi.

— Comment ça ? En quoi est-ce que cela est un crime ?

— Parce qu’il ne me l’a donnée qu’en cas d’urgence, s’il se passe un truc grave à la maison, quand nos parents ne sont pas là. J’ai interdiction d’y aller, sauf s'il est question de vie ou de mort. Je dois aussi m’abstenir de divulguer cette adresse à quiconque…

— Oh là là, le casse-pieds, je ne vois pas en quoi il fait un tel monde de l’adresse de son pote !

— Ah bah ça, c’est Joakim, tu te rendras vite compte qu’il est très secret. Comme là, ce soir, mes parents croient qu’il bosse un projet pour le lycée, chez un pote ! Il y a vraiment qu’eux pour être aussi aveugles à son sujet !

— En tout cas, merci encore, tu es adorable ! sourit Trisha en récupérant l’adresse écrite sur un bout de papier, par son interlocutrice.

— De rien, c’est ma façon de me faire pardonner pour ma méchanceté à ton égard ! Mais je compte sur toi en retour pour ne pas me balancer, car je suis à l’aube de ma vie et j’aimerais vivre encore quelques années de plus!

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