~ Chapitre 11.2 ~ (67) (68)
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Vingt minutes plus tard, grâce à Erika, Trisha paie son taxi et en descend devant une luxueuse maison moderne avec piscine, sur les hauteurs de Long Beach, qui donne sur l’océan. La vue magnifique intrigue la rouquine sur la position sociale du fameux Kristofer.
Alors qu’elle s’approche avec appréhension de la demeure, elle perçoit rapidement de la musique, des bruits de rires ainsi que des cris, qui s’en échappent. « Il y a l’air d’avoir ici une sacrée soirée ! » Elle en ressent de l’aigreur tandis qu’elle appuie sur le bouton de la sonnette, tout en serrant un peu plus contre elle son trench. Le mercure semble plus bas que d’ordinaire, cette année, à Los Angeles. L’hiver s’annonce plus rude qu’à l’accoutumée ! La faute à l’auteur de leur avoir porté la guigne, lorsqu’il vantait leur température en début d’histoire.
Attendant que quelqu’un vienne lui ouvrir, elle jette quelques coups d’œil à travers la porte vitrée, pour constater Kristofer au loin, devant un bar. Il semble occupé à la confection d’un cocktail et affiche un air affreusement malheureux.
Et pour cause, Shane n’a toujours pas montré le bout de son nez, ce soir. Il en déprime donc terriblement et offre une humeur massacrante à quiconque ose lui adresser la parole.
La sonnerie qu’il entend l’énerve donc au plus haut point, car il sait que cela ne peut être l’homme de sa vie… Il serre les poings et songe à fumer un nouveau joint, après qu’il ait ouvert à ce « putain de retardataire qui ne sera plus jamais invité, bordel ! »
Il s’esclaffe alors qu’il la reconnait devant chez lui. Il croit rêver !
Pris d’un incontrôlable fou rire, il lui ouvre rapidement la porte et crie le nom de Joakim, avant de repartir d’où il vient. Il pouffe pencore alors qu’il remarque son comparse arriver à son tour vers une idiote qui retire tranquillement son trench pour entrer.
Trisha ne relève pas que l’hôte de la demeure ne l’ait pas saluée, ni rien, trop occupée à s’horrifier de constater son petit ami se rapprocher d’elle en titubant. Il a l’air aussi saoul que tous ces gens qu’elle aperçoit rapidement tout autour de lui…
Jamais encore elle n’avait vu un pareil lieu de débauche et c’est avec dégoût qu’elle toise chaque convive ici présente ; des hommes et des femmes, parfois complètement nus, en train de danser, se tripoter, se bécoter, et même forniquer sur un canapé, au fond de la pièce…
— Heeeeeey, toi, qu’est-ce que tu fais là ? rit Joakim, en se jetant maladroitement sur elle.
Il la plaque ensuite contre le mur le plus proche, un sourire vicieux peint sur le visage :
— Je t’ai manqué, c’est ça… Tu n’étais plus rien sans moi…
Susurrant ces mots, il lui embrasse sensuellement le cou tout en la poussant dans un coin pour continuer là-bas de la caresser de toute part, avec frénésie et perversion.
— C’est donc ce que tu fais quand tu me raccroches au nez, lui renvoie-t-elle avec aigreur.
Son visage se crispe et elle se dépêche de maintenir sa jupe pour l’empêcher de la lui arracher. Furieuse, elle fronce aussitôt les sourcils et voit rouge :
— Lâche-moi Joakim, si tu t’es imaginé que tu allais me sauter au même titre que toutes ces putes, tu t’es foutu le doigt dans l’œil ! Tu empestes l’alcool, en plus !
— Tu es encore plus sexy quand tu t’énerves… ajoute un petit ami qui l’a déçu au plus haut point ce soir.
Elle le repousse vivement alors qu’il glisse sa main droite entre ses cuisses en se passant la langue sur la lèvre supérieure. Son air lubrique lui file la nausée.
— T’es vraiment qu’un gros con ! Je me tire ! Ça vaut mieux ! s’écrie-t-elle en fuyant cette demeure honteuse.
Cet endroit malfaisant empli de dépravés ridicules !
Folle de rage, elle s’éloigne rapidement en remettant son trench, avant d’appeler un taxi pour rentrer chez elle au plus vite.
Sa déception est à son paroxysme, car jamais elle ne l’aurait imaginé tomber si bas ! Lui qui, sous ses airs de jeune homme intelligent, génial et intrigant, qui lui plaisait terriblement, n’est finalement qu’une pathétique épave, un type banal et sans intérêt !
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