~ Chapitre 11.3 ~ (69) (70)

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*

Quelques heures plus tard, les premières lueurs du jour réveillent le jeune Bauer qui émerge lentement sur l’un des canapés de son ami.

Celui-ci, toujours en caleçon, lui lance immédiatement, tout en coulant un espresso dans sa cuisine, quelques railleries au sujet de la rousse qui s’illustrait de façon ridicule, la veille.

— Son roudoudou lui manquait ! se moque-t-il froidement. Putain, celle-là, elle en tient une couche…

— Il te reste de l’aspirine ? lui demande Joakim sans relever sa réplique.

— Deux boites, toujours au même endroit, continue de rire Kristofer en le suivant vers le placard à pharmacie. Jo, il faut vraiment que tu la gicles !

— Je t’ai dit que c’était prévu !

— C’est prévu, mais tu ne le fais toujours pas ! le taquine le millionnaire en lui donnant un petit coup de coude amical.

— Je vais le faire, maintenant, laisse-moi, j’ai la tête comme une pastèque et ne me rappelle rien de la soirée…

— Sérieux ? De rien du tout ? Même pas de la venue de ta conne ?

— Non, pourquoi, qu’est-ce qu’elle a fichu encore, cette gourde ?

— Bah elle était ridicule et hystérique, hurlant partout, c’était à mourir de rire !

Manipulateur et fourbe, il se sert du blackout de son ami pour en rajouter une couche.

Choqué et agacé par sa confession, Joakim appelle sa rouquine juste après et celle-ci décroche immédiatement, mais avec une froideur palpable cependant :

— Tiens, salut, toi ! Ça va, la gueule de bois, ce matin ? le nargue-t-elle sans attendre.

— Je peux savoir comment tu as su où j’étais ? lui renvoie-t-il en essayant de garder son calme.

— Je t’ai suivi, ment Trisha pour protéger son alliée.

— Pardon ? Manque de s’en étouffer son petit ami furieux.

— Je n’étais pas bien, hier soir, je ne voulais pas rentrer chez moi, alors au dernier moment, j’ai rebroussé chemin, puis je t’ai aperçu au loin te rendre chez ton pote…

— Mais tu te fous de moi, ou ? beugle le jeune Bauer, choqué par son culot. Comment tu aurais pu suivre ma moto ? Non, tais-toi, ne dis rien, ça vaut mieux, je ne veux même pas savoir ! Car j’ai déjà un énorme doute et j’hallucine !

— Toi aussi, tu me fais halluciner quand je vois que tu m’abandonnes pour aller te bourrer la gueule avec des putes !

— Mais je fais ce que je veux, on n’est pas mariés, merde !

— Encore heureux, tiens. Tu viens en cours, aujourd’hui ?

— J’en sais rien, au revoir ! grogne une dernière fois le jeune homme fou de rage en lui raccrochant au nez.

Kristofer en rit aux éclats en apparaissant derrière lui pour lui mimer des gestes de sorties de ses mains, visualisant par ce geste la rouquine disparaitre de sa vie. Il ne pouvait en être autrement. Cette idiote avait clairement dépassé les bornes et son comparse ne lui pardonnerait jamais sa bévue.

*

Pourtant, et malgré ses certitudes, trois jours plus tard, c’est bien cette insupportable tête rousse qu’il retrouve une nouvelle fois sur le pas de sa porte. Sur le coup, il en frôle l’AVC de l’apercevoir de nouveau devant chez lui et la toise sans un mot et avec un dégoût palpable. Elle lui sourit malgré tout et le salue gentiement, elle qui s’incruste encore ! Avec assurance, en plus, cette fois ! Son visage enjoué le nargue forcément, elle souhaite le provoquer, cette folle ! Il la hait profondément à cet instant et va le lui faire comprendre !

— Je suis désolé, mais c’est une soirée privée, ici. Il faut que tu dégages, ma belle.

Stressé, il tire une taffe de sa cigarette en espérant que le paria disparaisse au plus vite.

— Je voudrais voir Joakim, lui sourit-elle en cherchant du regard son petit ami par-dessus son épaule, Joakim ? Joaaakim ?

Le concerné surgit soudain en grimaçant de colère et en la poussant vers l’extérieur pour lui parler en privé.

Kristofer jubile et observe la scène à travers une fenêtre. Ravi, il imagine déjà ce que cette idiote doit recevoir comme insulte en ce moment ! Elle l’a mérité, cette cruche !

— Putain qu’est-ce que tu fais encore là ? envoie furieusement le jeune Bauer à sa rousse.

— Viens passer la soirée avec moi, on est samedi, lui minaude-t-elle avec un doux sourire et en lui attrapant tendrement les mains, passons la nuit rien que tous les deux ! C’est mieux que de rester ici avec ces gens malsains, non ?

— Je fais encore ce que je veux de mes samedis, bordel ! lui grogne-t-il avec indignation.

Il n’en revient pas qu’une femme tente de lui donner des ordres, pour la toute première fois de sa vie :

— Tu me gonfles, Trisha, ajoute-t-il avec colère.

— Parce que je tiens à toi ?

— Tu quoi ? Mais tu es folle ! lui renvoie-t-il furieusement.

Il lui esquisse de gros yeux et commence à s’éloigner de la demeure de son ami.

Ravie de cette attitude, sa petite amie trotte après lui, heureuse qu’il ait sans doute décidé de passer la soirée avec elle, plutôt qu’avec tous les déchets humains de la maison derrière !

Espionnant toujours la scène de sa fenêtre, Kristofer en tombe des nues. « Son comparse serait-il en train de s’en aller avec la crétine au lieu de rester chez lui ? » Sa rage grimpe crescendo alors qu’il souhaite le pire à la « fouteuse de merde qui doit disparaitre au plus vite de leurs vies » !

Quelques pas plus tard, une fois sur la plage et hors de vue, son ami s’arrête et souffle avec agacement, sans même se tourner vers sa rousse pénible :

— Qu’est-ce que tu attends de moi ?

— Comment ça ? se renfrogne la jeune fille en croisant les bras d’un l’air boudeur.

— Pourquoi tu agis bizarrement ! Ça veut dire quoi, tout ça ? lui crache t-il.

Interloqué par son attitude, les mains sur les hanches, il ressent beaucoup de colère envers elle.

— Mais je n’ai rien fait de mal, tu es mon copain, alors j’ai envie d’être avec toi, c’est tout.

— Mais on se voit déjà au lycée !

— C’est une blague ? grince la jeune fille, frustrée.

— De quoi ?

— Je ne suis pas un joujou à ressortir du placard une fois de temps en temps, quand tu t’ennuies, s’offusque-t-elle.

Elle en grimace de colère, piquée au vif sur un point sensible.

— Et moi, je ne suis pas habitué à avoir un pot de colle qui me colle aux basques.

— Je.. Je suis un pot de colle, à tes yeux ?

— Depuis quelques jours, oui, carrément ! T’es tout le temps collée à moi, comme un morpion !

La mine de la jeune fille s’assombrit. Elle accuse silencieusement la réplique en déglutissant de douleur, les yeux désormais humides.

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♪ Monster - Kris Allen ♪

[Juste quand tu penses que tu m’as cerné, je change de façon de faire, j’attends que la lune soit pleine. Ça fait juste partie de mon jeu.]

— Bref, on s’est bien marrés toi et moi, ajoute froidement Joakim, mais il vaudrait peut-être mieux qu’on arrête maintenant, je ne sais pas jouer le petit copain. Désolé.

Gêné et affecté par ses grands yeux bleus emplis de larmes qu’il trouve magnifiques, il détourne le regard.

[C’était un simple avertissement. Avant que tu réalises ce en quoi je me transforme peu à peu.]

— Non ! Je ne veux pas rompre ! refuse-t-elle vivement en se jetant sur lui pour l’enlacer de ses bras. Excuse-moi si j’ai exagéré. On est bien tous les deux, tu ne peux pas le nier…

[Quand tu fermes enfin les yeux en essayant de te dire que c’est fini, tu réalises que je ne suis pas l’homme que tu pensais, chérie. Je t’hypnotise, je te paralyse. Va et tente de hurler ! Mais personne ne pourra venir t’aider…]

— Trisha, souffle le jeune Bauer d’un air las et impassible, tu sais, je ne me mets pas en couple d’ordinaire, et je ne vois pas ce que je t’apporte, alors pourquoi t’accroches-tu ainsi à moi ? Sachant que tu sembles souffrir ? À quoi joues-tu ? La comédie de ce couple ridicule a assez duré.

[Est-ce que je t’ai déjà dit que j’étais un monstre ? Tu n’as jamais vu cette part-là de moi… Peut-être que je devrais porter un warning pour prévenir les gens du danger lorsqu’ils m’approchent.]

— Notre couple n’est pas ridicule et j’aime être avec toi, au point de ne pas avoir respecté ton espace… Alors on reste ensemble et je ferais des efforts !

Elle le serre un peu plus fermement en prononçant cela, terrifiée à l’idée de le perdre, et ce, malgré que sa mère et Amy lui aient crié de le quitter…

[Je t’ai pourtant conseillé de partir en courant, mais tu me dis que tu n’as pas peur… Mais quand je vais te briser le cœur un jour, chérie, il faudra que tu sois prête.]

« Plus besoin de dire que l’amour rend aveugle, car ça crève les yeux » [Sami Ghaddar]

— Je.. Je ne comprends pas tes motivations, marmonne le jeune homme perdu en lui caressant délicatement une joue.

Son autre bras reste ballant le long de son corps, tandis qu’il s’embrouille dans les réactions incompréhensibles de quelqu’un qu’il n’arrive pas à cerner.

— J’ai cru comprendre qu’en effet, tu as du mal avec les relations humaines, le taquine-t-elle affectueusement, alors du coup, je vais me répéter et te redire que je tiens à toi. Et je pense qu’au fond, tu tiens aussi un peu à moi.

[Alors, écoute, j’ai un petit et crade secret à te révéler ! Tu n’en reviendras pas de la façon dont je vais te retirer l’air que tu tentes de respirer ! Mais je suppose que tu ne réalises rien parce que ton amour est aveugle.]

— Je ne comprends pas ces conneries, mais je ne veux plus jamais que tu me suives ou t’incrustes là où tu n’es pas attendue… Oublie cette adresse !

Prononçant cela, il abdique et lui passe enfin un bras autour des épaules.

— Très bien. Et moi, je ne veux plus jamais que tu me raccroches au nez !

Heureuse, le feu aux joues, elle lui pose une main sur le torse et il la lui attrape immédiatement avec douceur, acceptant de poursuivre un peu plus cette comédie étrange qui semble trainer en longueur.

Le couple réconcilié commence ensuite à s’éloigner lentement, lové l’un contre l’autre…

— On ne se dirige pas vers la maison de Kristofer, là, non ? souligne la rouquine en dévisageant son petit ami d'un regard pétillant et empli d’un amour décuplé.

— Bah, tu m’as demandé de passer la soirée avec toi, faudrait savoir !

Pour réponse, elle lui saute au cou pour l’embrasser tendrement…

[Est-ce que je t’ai déjà dit que j’étais un monstre ? Tu n’as jamais vu cette part-là de moi… Peut-être que je devrais porter un warning pour prévenir les gens du danger lorsqu’ils m’approchent. Bref, tu ne sais pas, ce que moi je sais. Et tu ne sais pas, ce que moi je sais.. Que tu n’es pas en sécurité ! Whooo Whoooo...]

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