12.3 - Une ouverture mouvementée
*
Dix minutes de lutte acharnée plus tard et alors que chaque individu tente encore de se relever pour revenir dans la bataille ; sauf Kristofer ; une sirène de police retentit.
Une peur panique s’empare immédiatement de chaque homme ici présent et les plus vaillants détalent aussi vite qu’ils le peuvent et sans demander leur reste, tandis que les plus affaiblis se contentent de continuer de se tordre de douleur sur le bitume.
Joakim ne possède plus l’énergie requise pour courir, mais refuse de finir au poste.
Péniblement et en titubant, il se traîne dans un couloir sombre et délabré jusqu’à réussir à se terrer dans de crasseuses toilettes publiques. Cette pièce malodorante fera l’affaire pour s’y cacher silencieusement le temps que les flics repartent après avoir arrêté les deux lycéens stupides encore couchés au sol. Le jeune Bauer se sent rassuré que Shane ait détalé avec Kristofer inconscient sur le dos.
Il ressent actuellement une effroyable douleur qui lui déchire la poitrine et en déduit des côtes cassées.
À bout de force, il s’accroche pour ne pas perdre connaissance en priant pour que les policiers qui baragouinent au loin s’en aillent rapidement. Il n’en peut plus et un filet de sang s’échappe discrètement de sa bouche. « Bordel ». Il l’essuie sans attendre avec sa manche, tout en passant sa langue contre ses dents afin de s’assurer qu’une n’ait pas péri dans la bataille.
Les minutes défilent et, lorsqu’il n’entend plus le moindre bruit autour de lui, il décide de se relever du sol. Ses jambes refusent aussitôt l’exercice, elles hissent le drapeau blanc. « Bordel. Il est plus mal en point qu’il ne le pensait. »
Dans les vapes, il extrait son téléphone portable de sa poche pour scroller d’une main fébrile jusqu’au contact nommé « Call me !! ».
— Tiens, coucou, lui répond sa rousse pénible.
La jeune fille s’intrigue qu’il daigne l’appeler en soirée et un timide sourire se dessine lentement sur son visage.
— Trisha… Viens me chercher, s’il te plait. Lui souffle-t-il sans attendre.
— Hein ? Pourquoi ? Tu as un problème ? s’inquiète-t-elle immédiatement devant sa voix à peine audible. Joakim, qu’est-ce qu’il se passe ? Ça ne va pas ?
— Tu prends la deuxième à droite après le Westin Hôtel, sur Pasadena avenue. Je suis dans les toilettes… débite le blessé en utilisant ses dernières forces.
Mission accomplie, il s’autorise enfin à perdre connaissance.
— Joakim ?! Joakim ?! T’es là ?! Répète plusieurs fois la rouquine avant de foncer emprunter la voiture de sa mère pour se hâter à l’adresse indiquée grâce au GPS du véhicule.
Elle arrive sur les lieux moins de quinze minutes, l’air paniqué. Sur place, elle remarque très vite les taches de sang sur le sol et cela la terrifie. Le cœur battant et avec angoisse, elle se précipite vers les toilettes publiques.
— Joakim ! s’exclame-t-elle avec horreur en le constatant assis par terre, contre un mur et près des éviers.
Il semble évanoui. Elle se dépêche alors de se mettre à son niveau pour l’entourer de ses bras et le secouer légèrement,
— Joakim ? Dis-moi quelque chose, s’il te plait ! Je suis là !
Sans attendre de réponse de sa part, elle attrape en vitesse son téléphone portable pour appeler une ambulance. Le blessé ouvre aussitôt un œil pour l’en empêcher :
— Pas les urgences !
— Mais pourquoi ? Tu as vu ton état ! sermonne-t-elle, affolée par sa chemise ensanglantée.
« Que s’est-il donc passé ici ? »
— Pas les urgences, j’ai dit ! grogne-t-il. J’ai juste besoin d’aide pour ce soir, si je peux venir chez toi…
— Oui, mais… soupire l’air inquiet de la rouquine.
— Allons-y alors…
— Pfft, t’es chiant ! Bref, accroche-toi à moi et essaie de te relever…
Elle le secoue énergiquement pour l’empêcher de perdre connaissance :
— Tiens bon, j’ai la voiture pas loin, mais il faut que tu m’aides, je ne peux pas te porter seule…
— Oui, go… gémi le jeune homme en se redressant péniblement.
Il lui passe le bras gauche autour des épaules et titube à chaque nouveau pas, tout en tentant de ne pas s’appuyer de tout son poids sur celle qui l’aide à mettre un pied devant l’autre.
— Qu’est-ce qu’il s’est passé ? questionne Trisha avec anxiété alors qu’ils approchent de la voiture.
— Juste une petite mésentente entre bonhommes, toi pas beau, moi taper.
— J’y crois pas, même à demi conscient tu trouves encore le moyen de faire du sarcasme, soupire sa rousse en lui souriant d’un air ému et alors qu’elle ouvre la portière de l’Opel de sa mère pour qu’il s’allonge à l’arrière.
Elle se sent heureuse qu’il ait pensé à elle, avant un éventuel ami, puis lui demande, tout en démarrant le véhicule :
— Pourquoi ne voulais-tu pas que j’appelle une ambulance et comment est-ce que cela se fait que ce soit à moi que tu téléphones ?
— Ma famille ne peut pas avoir cette image-là de moi, lui renvoie-t-il d’une traite en se figeant ensuite honteusement lorsqu’il réalise qu’il aurait pu contacter Miguel Sanchez. Son choix le gêne soudain, ainsi que le visage désormais souriant de l’emmerdeuse qui l’observe dans le rétroviseur. « elle va encore se faire des films romantiques dans son esprit dégénéré d’adolescente mielleuse, au secours ! » se terrifie-t-il.
Les sourcils de la rouquine montent et descendent pour exprimer une moue malicieuse, tandis qu’elle plaisante sur son importance à ses yeux. Peu après et une fois la voiture garée devant son immeuble, elle l'aide à s’en extraire. Ils vont rejoindre l'ascenseur aussi vite qu'il le peut, tandis qu'un sourire radieux ne la quitte plus. « ce petit con a beau faire l’indifférent insensible au quotidien, elle sait désormais qu’elle représente quelque chose dans sa vie ! » Elle jubile.
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