Chapitre 11 - Gigoute
- Gigeoute, peux-tu m'amener les melons et les gousses d'ail aussi ?
- Oui ! J'arrive.
Gisèle et moi n'avons rien fait. Heureusement pour moi, une personne très spéciale a interrompu cette bêtise naissante.
- Dis-donc, qu'est-ce-que tu donnes à manger à mon Sébastinounet ? Il est tout maigrichon.
Cette personne n’est ni plus ni moins que madame Giordano, la mère de Gisèle et Sabrina. Il n'y a qu'elle pour appeler sa fille, Gigeoute et moi, Sébastinounet.
Son penchant pour les petits noms est assez déroutant… en effet.
- Il mange bien, maman. Et... ne commence pas. Ok ?
Gisèle est tellement perturbée pas la présence de sa mère. Non seulement parce qu'elle l’a coupée et m’a sauvé par la même occasion, mais aussi parce qu'elle a la réputation d'être son souffre-douleur.
- Oh ! Mais, regarde-le. Mon Sébastinounet est tout chétif.
Gisèle ne s'entend absolument pas avec sa génitrice.
- Humpfff ! Il n'est pas chétif. Tu en fais trop là. Arrête.
Et, c'est quand même bizarre. Ma mère adore vraiment Gigi et me conseille souvent de me rapprocher d'elle - Ça doit être parce qu'elle l'a vue grandir. Elle aurait voulue avoir une fille comme elle, je pense - Tandis que la mère de Gisèle m'aime plutôt bien. Bon, c'est vrai qu'après tout, elle préfère surtout charrier sa fille. Mais, cette situation présente tout de même un contraste assez impressionnant et… je dirais même… amusant.
- Si je te dis qu'il maigrit, c'est qu'il maigrit.
Madame Giordano est très insistante sur le fait que je ne sois pas bien nourrit - C’est un peu blessant, mais… - C’est assez étonnant de se dire qu'elle en parle juste pour taquiner sa fille.
- Mais, je le nourris, j'te le dis... euh !
Et Gisèle est également très résistante - plus que d’habitude - comme si le fait qu’elle me fasse à manger était une obligation. Je pensais que c’était juste censé relever de son libre arbitre.
- Il n'y a même pas beaucoup d'aliments ici. Tu ne fais pas la cuisine régulièrement, on dirait.
Waouh ! Si ce n’est pas un procès, ça.
- Si ! Je la fais. Dis-lui, Sébastien.
Gisèle aurait sans doute préférer que sa mère soit venue quand il y avait encore les délicieux plats qu'elle m'a faits. Ce bien sûr, avant que nos vautours de voisins ne profitent de l’arrivée du médecin comme diversion pour s'en empiffrer.
- Euh ! Bah !
Je ne sais pas quoi dire, moi.
Ne me demande pas ça.
- Tu vois ? Tu ne le fais pas à manger correctement.
Attendez un peu. Je suis perdu là. C'est pour le mariage que madame Giordano et maman ont envoyé Gisèle vivre avec moi ou quoi ? Pourquoi autant de question à mon égard auprès d’une simple colocataire ?
- Je regrette presque tous les sous que je t'envoie chaque fin du mois, en surplus de ton argent de poche. Ces sous qui sont censés contribuer à bien entretenir ce beau jeune homme.
Quoi ? Les fins de mois, on n’envoi de l'argent à Gisèle pour me faire la cuisine ?
Retenez-moi, je vais devenir fou.
- Hun, hun ! Ne dis pas ça. Je… je le fais.
Ce qui veut dire que c’est avec les sommes d’argent que Gisèle reçoit à mon compte, qu'elle passe son temps à se vautrer dans les Nightclub ? Je comprends mieux pour le dîner maintenant. Tout s'explique.
Cette fille me vole.
Merde !
- Vous parlez d'argent madame Giordano ?
- Oui, mon p’tit Sébastinounet.
- De combien exactement ?
- On parle là de trois cent trente Francs.
Hein ? Quoi ?
- De... de trois cent trente Francs ?
- Oui !
J'vais tomber dans les vapes.
Je n'ai jamais été très matérialiste, mais là, contenu du nombre de sous que je perds par mois à cause de l'abonnement à la salle de sport, je pense que les trois cent trente Francs que reçoit Gisèle chaque fin de mois, à mon égard, doivent quand-même m'être profitable.
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