Chp 5 - Faith : sauvetage
J’ai rêvé que je volais. Très haut dans le ciel. Le monde était tout petit. Je voyais le désert. Je me suis perchée sur un rocher, et j’ai laissé mes plumes se chauffer au soleil. J’étais bien. Une créature velue et hirsute, un genre de singe, s’est approché craintivement. Elle a déposé un morceau de viande cru au sol, pour moi. Un produit de sa chasse. Puis elle s’est éloignée en reculant. Je pouvais sentir sa peur, l’odeur riche et suave de son sang. Sa déférence et son admiration. Pour ma forme parfaite, imberbe, mes muscles lisses, ma silhouette de titan. J’ai hésité. La manger, elle, ou plutôt ce maigre cadeau qu’elle m’avait fait ? Ces gens n’ont rien pour subsister. Ce sont de piètres chasseurs, comparés aux autres créatures du Jardin. Parce qu’elle m’a donné cette viande au lieu de la garder pour elle et sa famille, un vieux, dans sa tribu, va mourir. Mais c’est ainsi que Mannu les a voulus. Soumis. Fragiles. Friables. Mortels.
Je ressens une forme de pitié.
Puis des voix me parviennent par-delà les rives du sommeil. Je ne vole plus. Et retourne dans mon corps, le mien. Celui qui est douloureux, qui a froid. Celui qui est marqué.
— T’es sûr que c’était là ?
— La signature biothermique ne ment pas. Il y a un être humain ici.
— Ouais. On a capté un signal. Une balise de détresse.
— Mais y a rien, ici…
— C’est ce que dit le navigateur, pourtant.
Je repars dans ces cieux azur, avec le blanc implacable du soleil. J’ai pris la viande, épargné le singe. Je dois le surveiller sans jamais intervenir. Parfois, je me lèche les babines en le voyant suer, et de drôles de pensées m’assaillent lorsque je le vois prendre sa femelle. Elles mettent bas des petits gluants, roses et vagissants. Je pourrais en croquer un, en éprouver le goût. Mais je n’en ai pas le droit. Juste regarder. Ils ne sont pas notre nourriture. Nous ne sommes pas autorisés à en prélever. Pas encore. J’espère que cela va venir vite. Aujourd’hui, lors de ma surveillance, j’ai vu le singe poursuivi par un prédateur. Une autre Création, qu’on ne m’a pas demandé de surveiller. Alors, pour la viande qu’il m’a laissée, je suis intervenu. J’ai tué le prédateur.
Pourquoi je rêve de ça ?
— Elle a ouvert les yeux !
— C’est incroyable, elle parvient à respirer sans aide artificielle…
— C’est possible quelques heures, oui. Pour moi, le plus dingue, c’est qu’elle ne soit pas en état d’hypothermie. Donne-moi la capsule de sauvetage.
— T’as vu ses cheveux blancs ? Ils lui arrivent jusqu’aux chevilles !
Je sens qu’on me soulève. Je tente de me défendre, bondit sur mes pieds, feule. Je voudrais sortir mes griffes, m’envoler, comme dans mes rêves. Mais je ne le peux pas.
— Quelle tigresse ! Faudra peut-être l’endormir.
Les hommes reculent. Ils sont protégés par des combinaisons. Derrière eux, je peux voir un espèce de cercueil transparent.
Alyz.
Hors de question qu’on m’enferme là-dedans. Je recule plus au fond de la caverne, me pelotonne.
— On est là pour vous sauver, madame !
— Tu crois qu’elle comprend ce qu’on lui dit ?
— Je sais pas. Mieux vaut être prudent.
Je les vois trafiquer quelque chose dans le noir. Ma vision n’a jamais été aussi claire. Un genre d’arme… je me rappelle soudain du nom, et recule trop tard. La fléchette s’est plantée dans ma cuisse. Avant de sombrer, je les vois se rapprocher pour former comme une nasse, prudemment.
Tamyan. C’est lui qui aurait dû m’emmener.
*
— Ça fait combien de temps que vous étiez là, dans cette grotte, sur ce satellite au milieu de nulle part ?
Je secoue la tête. Cela ne fait que quelques heures que l’on m’a tiré du sommeil narcotique dans lequel les sauveteurs m’ont trouvé. Tout est encore brumeux, et mon corps pèse une tonne.
Tamyan. Il m’a abandonné.
Il n’était plus là quand je me suis réveillée. Disparu. Ne restait plus qu’une plume noire, par terre. La seule trace de sa présence, avec la morsure sur mon cou. Je l’ai prise avec moi, pour qu’on me croie. Mais là, à présent, je n’ai plus envie de raconter. Et j’ai caché la plume. Plus tard, je la brûlerai.
Plus tard.
— Je… Je ne sais pas. Peut-être… 48 heures.
L’homme et la femme se regardent. Toujours deux pour la procédure. C’est la règle. Je m’en souviens, ayant été – dans une autre vie – médecin militaire.
— Vous n’avez pas de numéro de citoyen. Nous avons échoué à vous identifier…
— Je m’appelle Faith Ashori. Je viens de la colonie New Eden, dans le système de Folkerny.
Nouveau regard échangé entre mes interrogateurs.
— Oui, confirmé-je, l’esprit de plus en plus clair. Cette colonie religieuse qui a récemment subi l’attaque de pirates ældiens. Ils m’ont emmené en esclavage avec d’autres survivants. J’ai réussi à m’enfuir de leur vaisseau, et… c’est comme ça que j’ai atterri sur ce satellite où vous m’avez trouvé.
La femme hoche la tête d’un air compatissant.
— Vous avez été très courageuse. Tout ce que vous avez vécu… cela aurait pu avoir de graves répercussions sur votre mental. Les rares survivants de ces attaques que l’on a retrouvés ont pour la plupart subis de tels dégâts psychologiques qu’il a été impossible de recueillir leur témoignage.
Je ne réponds rien.
Pourvu qu’on ne retrouve pas ma sœur dans cet état.
— Est-ce que vous accepterez de témoigner sur le déroulement de l’attaque ? demande l’homme. Et sur votre captivité… Pour qu’on puisse au moins identifier les survivants.
— Il y a ma sœur Mila. Elle a été emmenée sur un autre vaisseau, vendue à un autre ældien… Les autres, je ne sais pas. Il y avait une certaine Dasma, qui est morte là-bas. Le Père Hatat, prêtre dans notre communauté, est mort aussi. Ainsi que plein d’autres gens… En fait, je suis presque sûre que… tout le monde est mort.
Silence. Encore un regard compatissant.
— Bon, je crois que ça suffit pour aujourd’hui. On va vous emmener dans vos quartiers, pour que vous puissiez vous reposer. Demain, un auxiliaire verra avec vous pour la suite : il vous faudra un numéro d’identification, un travail, une habitation… On s’occupe de tout, grâce au fonds de dédommagement des victimes de guerre établi par le bureau gouvernemental.
— Mais je n’y ai pas droit, murmuré-je. Ma famille a rejeté la citoyenneté, et donc, la protection de l’Holos. Je ne peux même pas me connecter aux services de la République sur le réseau.
La femme sourit.
— Ne vous inquiétez pas. Nous sommes en état d’urgence : ces distinctions n’ont plus court aujourd’hui. En attendant, reposez-vous.
Elle se lève. L’homme le suit. Arrivé devant la porte, il se retourne.
— Par contre, il faut que je vous prévienne… le SVGARD a demandé à vous interroger. J’ai essayé de ralentir la procédure, mais les recours aboutissent rarement avec eux…
Le SVGARD. Les Inquisiteurs de l’Holos. Ils partagent la même foi que nous, mais pas les mêmes méthodes. En fait, s’il y en a, dans cette République pervertie, qui peuvent m’aider et me prendre au sérieux, ce serait plutôt eux.
— Si vous voulez revenir sur votre déposition, faites-le avant qu’ils vous interrogent, dit-il avec embarras. Ils ont des moyens pour…
— Je n’ai rien à cacher. J’ai tout dit, tel que cela s’est passé.
— Tant mieux, souffle l’homme avec un soulagement manifeste. C’est impossible de cacher quoi que ce soit à un Inquisiteur chevronné. Et j’ai entendu dire qu’ils nous envoient Gerald Zrivian… On raconte qu’il a un sixième sens pour le mensonge, littéralement.
Puis je me souviens.
Tamyan. J’ai couché avec lui, bu son sang. Pris du plaisir en le faisant. Si l’Inquisiteur arrive à me faire confesser ce péché… je serais coupable d’hérésie.
Tant pis. J’ai rien à perdre.
Et ma volonté de sauver Mila est plus forte que tout.
*
— J’aime pas ça. Vraiment pas ça. Le SVGARD, ici… Vivement qu’ils repartent vite !
Mon ouïe est plus fine qu’avant. C’est comme ça que me parviennent des bribes de conversations. Cela fait plusieurs jours maintenant que je suis confinée dans cette petite cellule, sur la station orbitale de Stellamaris. Safi et Larg, les deux « agents de liaison » qui s’occupent de moi, me disent que dès que l’Inquisiteur m’aura interrogée, je serais libre d’aller ou bon me semble sur la station. Je ne sais pas si j’ai hâte ou non.
J’ai regardé l’approche du vaisseau du SVGARD par le hublot de ma cabine. Un petit croiseur tactique plutôt neutre, qui n’a rien à voir avec ces énormes vaisseaux-monastères qui terrifient tout le monde. Après tout, je ne suis qu’une survivante, une parmi des milliers. Le SVGARD n’allait pas dépêcher tout un contingent pour moi.
Ce sera à moi de les convaincre.
Je n’ai pas à attendre longtemps. Bientôt, on frappe à ma porte.
— C’est l’heure, m’annoncent Larg et Safi, comme s’ils me conduisaient à l’échafaud.
*
Ils m’ont laissée, dans la même pièce où j’ai raconté mon histoire, quelques jours avant. Je ne distingue aucun instrument spécial, aucun lit médical pour l’administration du détecteur de mensonge ou autre torture inquisitoriale élaborée qu’utilise le SVGARD. Il parait que tout cela se trouve à bord de leurs vaisseaux, mais sûrement pas dans le petit croiseur que j’ai vu arriver tout à l’heure. Peut-être, finalement, ne m’ont-ils envoyé qu’un gratte papier, un moinillon situé au plus bas dans leur hiérarchie.
La porte s’ouvre. Un homme entre, grand, blond, les épaules larges. Je reste un moment interdite devant son physique d’Adonis. Si on met de côté Tamyan, Rizhen et toute sa clique – qui ne sont pas des hommes -, je n’ai jamais vu de mâle aussi beau.
Ça ne peut pas être le SVGARD. Ses Inquisiteurs sont tous des gens lourdement modifiés, au crâne rasé et à la mine morbide et austère.
Celui-là arbore une longue chevelure aussi lumineuse que l’or, presque blanche, nouée en une demi-queue lâche. Ses tempes sont rasées : c’est la seule concession faite à la rigueur militaire. Et il a un bras bionique : le gauche. Sa main est entièrement mécanisée, sans revêtement cherchant à imiter la peau.
Il reste planté devant moi un instant, me scrute. Ses yeux sont d’un vert surnaturel. Comme il est humain, je sais qu’ils sont faux, vraisemblablement agrémentés d’un scanner biothermique et d’un lecteur d’implant terminal, comme tous les membres du SVGARD. Mais je suis incapable de regarder ailleurs.
Il plisse le nez, puis tourne la tête.
— Agent Gerald Zrivian, annonce-t-il d’une voix grave en se laissant lourdement tomber sur la chaise. Grand Inquisiteur. J’ai été mandaté pour vous soumettre à la Question.
— La Question ?
— Je vais vous poser quelques questions, confirme-t-il.
Puis, après une petite pause :
— Ce n’est qu’une procédure banale.
J’en doute fortement. Mais je le laisse dire.
— Pouvez-vous me confirmer votre état civil ? demande-t-il en me projetant les infos sur sa tablette holo.
Je hoche la tête.
— Mes informations me notifient également que vous êtes croyante… J’aimerais que nous commencions cet entretien par un serment sur le Triple Livre Saint, annonce-t-il en plaçant sur la table un énorme livre antique. Si vous le souhaitez, nous pouvons également prier ensemble. En tant qu’Inquisiteur, je suis habilité à diriger la liturgie. Je peux également entendre votre confession, et administrer les saints sacrements.
Je le regarde des pieds à la tête. Lui, son menton carré, sa bouche sensuelle, son regard translucide, sa peau iridescente et sa chevelure qui irradie.
Je n’ai jamais vu de prêtre aussi sexy. Le SVGARD va vraiment trop loin dans les modifications… À quoi ça rime de donner à l’un de leurs agents les traits de l’ange Lucifer ? Cet inquisiteur de mes deux doit donner des bouffées de chaleur aux nonnes à la messe. Mais je me retiens de le dire. Quelque chose, dans son regard brillant et son visage de silicone trop parfait, me met en alerte.
Cet homme est dangereux. Très dangereux. Et en même temps…
— Je ne crois plus en Dieu, lui dis-je alors. J’ai perdu la foi il y a longtemps. J’aimerais donc que cet entretien se déroule dans la plus stricte laïcité, dans la mesure du possible.
Zrivian remballe son attirail religieux.
— Comme vous voulez. C’est votre choix.
Il n’a même pas l’air déçu.
Tu parles d’un prêtre.
Mais je reste sur mes gardes. Le SVGARD, c’est spécial. Ils ne sont pas là pour convertir les masses. Ils sont là pour combattre les hérésies : ce n’est pas pareil.
Et justement, il entre immédiatement dans le vif du sujet.
— Vous avez été en contact avec l’une des pires menaces qui pèse sur l’humanité, dit-il gravement, plongeant son regard vert dans le mien. Vous avez survécu – et avez été témoin – de terribles horreurs. Comment avez-vous fait ? Peu de gens en réchappent.
Ma réponse fuse, un peu brusque.
— Il le fallait. Pour ma sœur.
— Votre sœur. Mila, 17 ans. Étudiante à l’école religieuse de New Haven, enlevée en même temps que vous…
— Elle a été vendue au prince Lathelennil, murmuré-je sourdement.
Zvrivian se penche en avant. Ses yeux reptiliens sont braqués sur moi : je jurerai que la pupille a rétréci.
— Lathelennil ? répète-t-il, très bas. Lathelennil Niśven ?
Mon cœur bondit dans ma cage thoracique.
— Vous le connaissez ?
Zrivian se cale en arrière sur son fauteuil.
— Oui, dit-il sombrement. J’avais espéré que l’implication de la Neuvième Légion ne soit qu’une rumeur, mais visiblement, c’est vrai.
— La Neuvième Légion ?
— Le clan Niśven. Ils formaient ce que les Écritures Interdites, et notamment le Delomelanicon, appellent la Neuvième Légion.
— Des anges déchus, murmuré-je, autant horrifiée que fascinée.
J’avais bien compris la nature de Tamyan. Mon instinct ne m’avait pas trompé.
— Correct, acquiesce Zrivian. C’est ce que sont ces créatures. La Neuvième Légion fait partie de ceux qui se sont rebellés directement : ils furent maudits et précipités sous la terre, dans les ténèbres, en perdant la capacité d’évoluer sous le soleil. Mais d’autres ont commis des crimes : ils furent bannis sur Terre, ou ailleurs, et régressèrent à un statut quasi-animal. Tous ont perdu leurs ailes et leur connexion avec le Chant de la Création. C’est là l’origine des ældiens, selon notre secte.
— C’est ça, soufflé-je. C’est ce qu’ils sont. Je l’ai vu, constaté de mes propres yeux !
Zrivian sourit.
— Si vous dites ça, c’est que vous êtes encore croyante, s’amuse-t-il. Pour les huiles du gouvernement, et même des scientifiques comme ceux qui ont ramené Ar-waën Elaig Silivren à la vie, il s’agit d’une espèce exomorphe parmi tant d’autres, qui nous ressemble un tout petit peu trop pour être honnêtes.
— Non. Ils sont différents. Beaucoup plus dangereux.
— En effet. D’ailleurs… Avez-vous été en contact avec l’un d’eux ? Je parle de contact physique.
Reste calme. Il ne peut rien savoir. Ce n’est qu’un prêtre. Il ne peut pas s’imaginer ce que tu as vécu.
— Contact… physique ? demandé-je pour gagner du temps.
Zrivian plante son regard incendiaire dans le mien. Il est redevenu l’Inquisiteur qui mène l’entretien.
— Je parle de rapport sexuel. D’accouplement, de fornication.
— Oh, dis-je en baissant la tête.
Zrivian change de tactique.
— Je suis désolé de devoir vous demander ça. Mais ces créatures enlèvent les humaines dans un dessein précis… pour s’accoupler avec elles. C’est là leur premier crime, vous le savez : « Alors, les Élohim virent que des filles des hommes étaient belles. Et ils les connurent, et ainsi naquirent les Nephilim ». Genèse, livre 6, 1-8. Premier tome du Livre.
Je lui jetai un regard qui se voulait discret. Mais il l’attrapa au vol.
— Votre citation est inexacte… tentai-je, ne suscitant qu’un grand sourire de sa part. De toute façon, nous utilisions surtout le troisième tome, selon lequel les anges sont par nature infaillibles.
Inutile de préciser que je n’y croyais plus depuis longtemps.
— J’espérais que vous me diriez ça. Il s’agit de la nouvelle traduction, basée sur une version originale et bien plus ancienne, qui est celle que nous utilisons au SVGARD. Pour nous, c’est la bonne. Alors : est-ce que l’un d’eux – ou plusieurs – vous a connu dans le sens biblique ?
— Non, répondis-je.
— Bien. Mais il y a plus grave encore que la fornication : le partage du sang et le blasphème de la sainte communion. Est-ce que l’un d’eux vous a fait boire son sang ?
— Non ! Quelle horreur, frissonnai-je
Zrivian se leva.
— Parfait. L’entretient est clos pour aujourd’hui, mais je reviendrai demain, et vous poserai les mêmes questions. Vous devez vous reposer, et surtout, bien réfléchir au devenir de votre âme, et ce qu’il peut coûter de mentir à un Inquisiteur…
— Je n’ai pas menti ! m’écriai-je.
— Bien sûr, bien sûr. Je disais juste ça comme ça, cela fait partie de la procédure. Passez une bonne nuit de sommeil pour rassembler vos idées. Au fait…
Il se pencha sur la table, son visage à deux centimètres du mien.
— Vous puez le luith a plusieurs kilomètres, murmura-t-il en retroussant les lèvres. J’ai senti son odeur sur vous à peine mon vaisseau arrimé… Ce mâle vous a marqué. Demain, lors de la confession, vous me donnerez son nom. C’est comme ça que débutera votre purification.
Il se redressa. Toute trace de sourire, de jovialité, avait disparu de son visage. Soudain, je souhaitai ardemment qu’on m’ait envoyé un robot à la voix métallique et aux orbites vides plutôt que cet Inquisiteur à la fois charmeur et glacial.
Comment pouvait-il savoir tout cela ?
— À demain, conclut-il avant de fermer la porte.
Je restai seule, tremblante, les doigts accrochés à la table.
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