Prologue

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Le dôme était florissant et Tili adorait marcher sous les grandes verrières. Le soleil était atténué par les multiples couches de verre, le rendant supportable. Tout le long de la structure de multiples lampes chauffantes étaient installées, faisant de longues ombres en travers du chemin. Elles étaient éteintes pour le moment. C’était ce qu’il préférait.

Il n’avait que quinze ans et il était vraiment heureux de vivre dans cette petite cité avec ses amis et ses ainés. Il traversa tout l’espace naturel, enjambant les fougères qui couraient au sol et les plants de courges qui en faisaient tout autant. Il passa devant le grand panneau d’affichage et fit un grand sourire en lisant le grand chiffre « quatre-vingt-dix-sept ». Le taux de bonheur du dôme était plus haut que jamais, comme chaque année aux périodes des nouvelles affectations. Comme tous les jeunes, Tili avait accès à un grand nombre de programmes. Cette année, il avait choisi l’éveil des sens pour poursuivre la découverte de sa toute jeune sexualité. Il adorait également les arts créatifs et y retournerait encore une fois. Sous le tableau, ses amis les plus proches, Lisi, Kimi et Nixi l’attendaient en souriant.

- Tu as vu ? Nouveau record ! s’exclama Jaina en souriant.

Il acquiesça. Effectivement, quatre-vingt-dix-sept, ce n’était pas du tout courant. Habituellement, ils tournaient autour des quatre-vingt-douze ce qui restait très haut.

- Les bébés sont nés ?
- Oui ! Tu n’es pas encore passé les voir ?
- Non, je suis allé dans les grandes verrières.
- Ah les plantes, toujours les plantes hein ! Allez, viens. Suis-moi. La salle d’éveil est ouverte.

Tili observa ses amis qui sautillaient presque sur place mais qui l’avaient gentiment attendus. Le savoir le rendit un peu plus heureux encore et il les suivit. La salle d’éveil était un endroit magnifique qu’il adorait tout particulièrement. Ils n’étaient pas très nombreux à y aller en même temps, alors ils n’eurent aucun mal à trouver des coussins pour s’installer côte à côte.

Très vite, le chef des médecins du dôme arriva et le cours débuta. Comme aucun cours n’était obligatoire en soit, tout les élèves qui venaient étaient sincèrement motivés, alors ils posèrent de nombreuses questions.

- Autrefois, avant le contrôle des naissances, la sexualité permettait la procréation en plus d’ouvrir aux plaisirs. A présent, dans notre nourriture se trouve un contraceptif et le contrôle des naissances remplit les besoins en reproduction. Le sexe est donc considéré comme purement récréatif, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut le prendre à la légère. C’est un très bon levier sur notre taux de bonheur à condition de le faire sérieusement. Avez-vous étudié vos corps ?

Ils acquiescèrent dans un seul et même grand geste. Les anciens avaient déclaré qu’ils n’avaient pas l’autorisation de passer à l’acte avant leurs seize ans et le contrôle de leur santé permettait de s’en assurer… Par contre, ils avaient eu l’autorisation de découvrir leurs zones érogènes et ils ne s’en étaient pas privés.

Le docteur sortit un mannequin et leur proposa, à tour de rôle, de venir toucher une zone qui les excitait sur leur propre corps. Leurs doigts laissaient une trace colorée sur la surface autrement parfaitement blanche. Tous passèrent sans aucune difficulté à s’ouvrir ainsi aux autres. Quand le tour vint pour Tili de se lever, le mannequin s’était habillé de couleur mais il put caresser le bas de ses fesses en rougissant un peu. Il retourna près de Kimi qui lui fit un grand sourire et qui lui murmura qu’il avait hésité à faire pareil. Lisi, lorsqu’elle se leva finalement, alla toucher le côté du cou du mannequin qui était déjà peint d’une petite couleur jaune fade, qui se renforça à son seul contact.

Lorsque tout les jeunes furent passés, les couleurs s’étalaient presque de partout d’une manière qui les surprit.

- Cette année, j’aimerais que vous testiez, sur vous-même, les zones que les autres trouvent érogènes afin de voir si elles peuvent vous plaire également. En connaissant correctement vos goûts vous pourrez orienter vos partenaires quand viendra le moment de passer aux travaux de groupe.

Tout en parlant, il sortit un autre mannequin, blanc au possible.

- On recommence ! Avec une autre règle ! Je vous laisse toucher une zone que vous auriez envie de toucher chez un partenaire sexuel.

Et chacun leur tour, ils passèrent poser leurs doigts sur une zone plaisante. Ils étaient beaucoup plus timides avec l’idée de toucher l’autre que de se toucher soi-même et très vite ils virent que les couleurs dessinaient une zone tout à fait différente du premier mannequin. Le cours se poursuivit encore quelques minutes avant de les renvoyer en leur conseillant d’y aller à leur rythme surtout. Les jeunes repartirent en bavardant joyeusement et en échangeant leurs impressions. L’adulte était entrain d’effacer les marques sur les mannequins lorsque l’alerte résonna.

La couleur chaude des lumières vira au bleu nuit. Il grimaça et alla jusqu’à l’armoire la plus proche. Un peu plus loin, Tili et ses amis en firent autant, enfilant sur leurs tenues légères, les combinaisons de survies en milieu hostile. Un bruit assourdissant se fit entendre, c’était le vent qui venait de se lever en bourrasque sèche et qui charriait avec lui des tonnes de sables. La couche externe du dôme était un peu plus polie à chaque tempête et d’ici quelques minutes, elle serait totalement recouverte. Les lampes prirent peu à peu le relais pour assurer la luminosité ambiante.

- On devrait aller au creux. Proposa Kimi en levant la voix pour qu’on l’entende malgré le vacarme.

Les autres acceptèrent. Tout au centre du dôme se trouvait un immense trou, recouvert par un autre dôme plus petit. En cas d’urgence, c’était la zone de replie idéale mais c’était également un lieu perpétuellement en fête. Chaque semaine, le thème changeait et ils adoraient s’y rendre. Le grand dôme survivrait à cette nouvelle tempête et à la suivante également. Le plus gros danger était qu’un bout de la coque ne se déchire et avec les caprices soudains du climat, ça pouvait virer au drame très rapidement… Après tout, cette tempête de sable pourrait tout aussi bien se transformer en pluie diluvienne qui provoquerait des inondations importantes s’il y avait un défaut dans le dôme. Mais tout était surveillé et les jeunes étaient très confiants. Depuis leur naissance, ils n’avaient jamais vu ou entendu réellement parler du moindre drame.

Plusieurs heures plus tard, le vent se calma et une vague de froid s’abattit sur eux. Ce n’était rien. Ce n’était que leur quotidien.

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