Souviens-toi #1

5 minutes de lecture

Pourquoi ai-je accepté de le revoir ? Pourquoi ai-je pris ce risque ? Nous nous faisons face, au pied de nos véhicules respectifs, dans la douceur de cette après-midi ensoleillée. Je me demandais si je ressentirais toujours quelque chose après des mois d’absence. Si mon ventre se liquéfierait de nouveau en l’ayant en face de moi. Le constat est malheureusement sans appel.

Jamais il ne m’a paru plus séduisant. Les bras croisés, mettant en valeur ses muscles et sa carrure, il m’attendait. Il a relevé ses lunettes de soleil pour que je puisse voir ses yeux. Il n’a pas souri. Il m’a juste fixée intensément. Il m’a serrée dans ses bras, et mon cœur battait la chamade. Il n’a pas dit « bonjour ». Moi non plus.

— Tu ne vas pas te mettre à pleurer ?

— Bien sûr que non.

J’ai joué la fille décontractée, refoulant mes émotions. Mais je sais que cela ne trompe personne, et surtout pas lui. Il a demandé comment j’allais et j’ai été incapable de répondre.

Voilà maintenant une demi-heure que nous papotons avec une apparente légèreté, comme si nous nous étions vus la veille. Plusieurs mois se sont pourtant écoulés. Il n’a pas changé, je crois. Moi si. Je suis davantage dans la retenue. Plus prudente. Plus souvent sur la défensive. Je le crains. Il m’a poussée à me dévoiler et je l’ai payé bien assez cher.

Je sais que cette entrevue sera de courte durée et que cela n’ira pas plus loin. Il a des impératifs. Comme toujours. J’étais curieuse de le revoir en terrain neutre. Il est plus facile de lui résister quand il n’abat pas son atout « sexe ». Il regarde sa montre. C’est déjà l’heure de repartir. C’est mieux ainsi. J’ai mis longtemps avant de me défaire de lui. Et au fond de moi, je sais qu’il ne faudrait pas grand-chose pour retomber sous son emprise et cela me fait peur. Je suis aussi fragile qu’une ex-junkie.

— Tu fais quoi ce soir ? me demande-t-il soudain.

— Pourquoi ? fais-je, suspicieuse.

— Réponds-moi.

Son ton autoritaire me fait frémir.

— J’ai des projets ce soir.

C’est un mensonge, pour le coup. Mais j’aime lui montrer que j’ai une vie bien remplie et que je m’amuse très bien sans lui. C’est puéril, mais c’est une de mes seules armes.

— Oui, et ce sera avec moi, rétorque-t-il.

— Tu plaisantes ?

— J’ai l’air du genre à plaisanter ? Je reste dans la région pour la nuit.

Oh… Ma curiosité prend le pas sur ma volonté de lui résister.

— Où ?

— Là où nous nous sommes rencontrés la première fois. Si tu n’as pas peur de faire quelques kilomètres…

— Ça m’a déjà fait peur ? ironisé-je.

— Non, évidemment.

— Et tu crois que je vais annuler mes plans rien que pour toi ?

— Bien sûr que oui. Que ne ferais-tu pas pour ton dominant…, soupire-t-il. Et puis tu sais pertinemment que quoi que tu fasses ce soir, ça ne sera pas mieux qu’avec moi.

Prétentieux et présomptueux. Il m’agace. Mais il n’a pas tort. Même après tous ces mois, je reste faible. Ça m’énerve. Foutue fierté.

— Souviens-toi…, ajoute-t-il. Je fais de toi ce que je veux.

Il s'avance vers moi. D’instinct, je recule aussitôt.

— Toi et tes manœuvres lubriques, restez loin de moi.

— Mes « manœuvres lubriques » ? répète-t-il en haussant le sourcil. De quoi as-tu peur ?

J’affiche un air bravache.

— Je n’ai pas peur.

— Bien sûr que si. Tu as peur de te souvenir à qui tu appartiens.

Je déglutis.

— Ne joue pas à ça.

— Qui a dit qu’il s’agissait d’un jeu ? réplique-t-il en me saisissant par le bras.

Je m'immobilise. Mon regard va de sa main sur moi à ses yeux noirs qui semblent m’ordonner de capituler immédiatement. Oh non, ça ne va pas recommencer ! semble hurler ma raison. Il me retourne et se colle contre mon dos. Il attrape fermement mes poignets.

— Souviens-toi, je peux prendre beaucoup de plaisir à te torturer, souffle-t-il dans mon cou. Et toi aussi.

Je ne réponds pas, tentant de garder une attitude défiante à son égard. Mais au fond de moi, je sais déjà que la cause est perdue. Ses mains ramènent les miennes dans mon dos et les y emprisonnent. Ma respiration s'accélère. Je sens l'excitation de la soumission m'envahir. Et la peur également. Nous sommes en pleine nature dans un village de campagne, mais des voitures peuvent passer et nous surprendre à tout moment. Il libère une de ses mains pour titiller mes seins à travers mon chemisier. Il s'attarde sur ma gorge qu'il serre légèrement.

— Et ça, tu t’en souviens ? Qu'est-ce que ça te fait ? demande-t-il en m'embrassant dans la nuque.

J'ai envie de mentir effrontément et de faire comme s'il n'avait aucun pouvoir sur moi. Mais mon corps est un traître. Je ne réponds toujours pas. Devant mon silence, ses doigts se glissent sous mon chemisier pour caresser mon ventre, puis mes seins. Il les extrait du soutien-gorge et tire sur mes mamelons durcis jusqu'à m'arracher un petit cri, résultant d'une décharge d'excitation et de douleur.

— Et là, qu'est-ce que ça te fait ? redemande-t-il à voix basse.

Je capitule.

— Ça m'excite, avoué-je précipitamment. Mais on pourrait nous voir. Tu ne devrais pas...

— Je fais ce que je veux, me coupe-t-il sèchement en déboutonnant mon jeans.

Mes cheveux se dressent sur ma tête. Ça recommence ! Pas ici ! Pas maintenant ! Je tremble lorsque ses doigts entrent en contact avec mon clitoris sensible. J’aurais dû lui dire depuis longtemps de me lâcher, mais je suis déjà hors contrôle. Je désire cet homme depuis des mois et la moindre de ses caresses menace de me provoquer une combustion spontanée.

Son majeur s'imprègne de ma mouille, chaude et abondante, et revient agacer mon petit bouton magique. Je gémis. J'ai les jambes flageolantes et des spasmes à chaque mouvement de ses doigts. Je gémis un peu plus. Il me mordille sous l'oreille en serrant plus fortement mes poignets.

— Tu aimes ça ?

— Oui, soufflé-je.

— Oui qui ?

— Oui Monsieur.

Et merde. Ma raison me regarde avec de grands yeux avant de hausser les épaules et de tourner les talons.

— Humm... Ma petite salope... C’est bien, tu te souviens. Dis-moi que tu viendras ce soir.

Son doigt s’insère au plus profond de moi, me coupant le souffle.

— Je n’ai pas entendu.

— Oui, je viendrai, soufflé-je.

— Parfait.

Il me relâche, me laissant haletante. Quoi ? Il va me laisser comme ça ? Je le fusille du regard.

— Ne me regarde pas comme ça. Ce n’est ni le lieu ni le moment de se prêter à des « manœuvres lubriques », assène-t-il, l’air particulièrement satisfait de sa sortie.

Je pince les lèvres pour ravaler la répartie très vulgaire qui ne demande qu’à sortir de ma bouche. Je reboutonne mon jeans et remets de l’ordre dans mes vêtements. Il prend mon visage entre ses mains et je me fige de nouveau.

— Regarde-moi, ordonne-t-il. Tu vas venir ce soir et tu feras ce que je te dis. Parce que je le désire. Parce que c’est ce que tu désires au plus profond de toi-même.

Je me mordille la lèvre sans répondre, happée par l’intensité de son regard.

— Je t’appelle en fin de journée, conclut-il. Ne me fais pas attendre.

[A suivre…]

Annotations

Vous aimez lire Lilie Berthy ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0