Souviens-toi #2

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Lorsque je le rejoins quelques heures plus tard, dans ce cadre si familier, les choses ont un air de déjà-vu. Et pourtant elles sont différentes. Je sais plus ou moins à quoi m’attendre avec lui. Je ressens de l’impatience et une légère appréhension. Il m’impressionne toujours autant. Peut-être même encore plus qu’avant, à cause de la distance sévère qu’il a imposée entre nous. Mais la courte entrevue de cet après-midi m’a prouvé que l’alchimie fonctionnait toujours. Il me suffit juste de basculer dans mon rôle.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ? me demande-t-il en achevant d’enlever son polo.

J’aimerais lui dire que c’est parce qu’il m’a manqué et que je me régale à redécouvrir son corps qu’il met à nu devant moi. Mais à la place je baisse les yeux en regardant mes mains qui tremblent légèrement.

— Pour rien.

Il émet un son qui semble signifier qu’il ne me croit pas et qu’il est parfaitement conscient de l’impact que sa nudité provoque chez moi. Il s’assoit sur le lit, face à moi. Il ne dit rien. Il m’observe. Je n’ai pas besoin qu’il parle pour savoir ce qu’il veut. Je n’ai pas les yeux bandés cette fois, et bien que mon cœur batte un peu plus vite, j’aime voir son regard s’attarder sur mon corps que je commence à déshabiller lentement pour lui, comme lors de notre première rencontre.

Je me tiens debout devant lui, dans la lueur de l’unique bougie, ne gardant que mon shorty en dentelle. Je pourrais le retirer, mais j’aime qu’il le fasse lui-même. Il glisse ses doigts sous le tissu pour le descendre le long de mes jambes. Je ne cherche pas à me cacher avec mes mains. Je m’assume face à lui, dans le plus simple appareil.

— Tourne-toi.

Un sourire fleurit au coin de mes lèvres. On y est. Je lui tourne le dos.

— Ecarte, dit-il en tapant l’intérieur de mes cuisses.

Il caresse ma peau, dépose quelques baisers sur mes hanches et mes fesses. Le contact de sa barbe de trois jours et de ses lèvres douces m’avait manqué. Il se lève. Il prend mes poignets et les plaque dans mon dos. Il bascule ma tête en arrière, enserrant ma gorge.

— Reste comme ça.

Ses mains redécouvrent tout mon corps. Elles glissent le long de mes cuisses. Elles effleurent mon ventre, s’attardent sur mes seins. Il les masse, tire sur les pointes sensibles, de plus en plus fortement. Je gémis.

— Comment tu te sens, là ?

— Excitée, avoué-je.

Je sens son sexe dur contre ma main et je le caresse du bout des doigts. Son majeur me pénètre et je me contracte.

— Tu es déjà trempée. Je t’ai manqué ?

— Oui, soufflé-je.

Une tape sur les fesses. Je sursaute. Mon excitation grimpe encore d’un cran.

— Oui qui ?

— Oui Monsieur.

— Cela fait deux fois que je dois te corriger aujourd’hui. Tu as pris de bien mauvaises habitudes. Il est temps que je te reprenne en main. Tourne-toi ! ordonne-t-il.

J’obéis pour faire face au lit, tandis qu’il se replace derrière moi.

— Penche-toi. Ecarte mieux que ça, dit-il en poussant mes pieds sur les côtés.

Les deux mains à plat sur le lit, je me cambre vers lui, sentant sa queue se profiler à l’entrée de mon sexe. Il la frotte contre mon clitoris sensible, contre mes chairs palpitantes de désir. De plus en plus vite. Menaçant de me pénétrer, mais sans le faire. Je tremble, au bord de l’orgasme.

— Et ça… ça t’a manqué ?

— Oui Monsieur.

— Je t’interdis de jouir maintenant.

Et il s’insère en moi, centimètre par centimètre, d’une seule poussée. J’en oublie carrément de respirer. Enfin… Je n’en pouvais plus de l’attendre. D’instinct, mon corps part à la rencontre du sien. Il semble apprécier l’initiative car il s’immobilise et me dit :

— Vas-y. C’est toi qui gère... Baise-moi.

Vraiment ? Je peux ? Je ne me fais pas prier. J’ondule du bassin pour mieux le recevoir, je m’empale sur lui à mon rythme, goûtant la délicieuse sensation d’enfin le retrouver et d’avoir pour une fois la maîtrise des opérations. Je gémis en me faisant plaisir.

Il reprend le contrôle en ramenant mes hanches avec force contre les siennes. Ses coups de reins se font plus intenses, plus rapides. J’agrippe les draps en criant. Bordel, s’il savait comme ça m’a manqué… Le plaisir enfle dans mon ventre. Mais il se retire brusquement.

— Assieds-toi.

J’ai le souffle court. Je m’assois sur le bord du lit. Il se penche pour m’embrasser. Il plaque ma tête contre son torse en caressant mes cheveux. Je ferme les yeux en posant mes lèvres sur sa peau et en m’enivrant de son odeur.

— Suce-moi, commande-t-il d’une voix enfiévrée. Comme je te l’ai appris.

Je suis ses directives sans me poser de questions. Je le prends dans ma bouche avec délicatesse, retrouvant des sensations que je croyais avoir perdues. J’avais oublié combien j’aime être à sa merci de cette façon, tout en ayant une sensation de pouvoir sur son plaisir.

— Comme ça... Souviens-toi… Enlève tes mains. C’est ça… Je vais baiser ta bouche, ma petite salope.

Ces mots, qui m’auraient horrifiée il y a quelques mois, m’excitent car c’est lui qui les prononce. Il met à exécution ses intentions tout en me tenant la tête. Sa queue, douce et brûlante, pénètre ma bouche de plus en plus profondément. Je l’y accueille avec délectation, sensible à sa respiration qui devient plus rauque à mesure qu’il intensifie ses mouvements.

Il me laisse reprendre mon souffle. Il m’attrape par les cheveux, relève mon menton pour m’embrasser à plusieurs reprises. Je réponds à ses baisers avec la même passion. L’excitation me tord le ventre. Son regard plonge dans le mien.

— Tu aimes que je sois dur comme ça avec toi ? souffle-t-il.

— Oui Monsieur.

Ses doigts serrent mon visage, comme pour affirmer son emprise sur moi. Mes lèvres tremblent. Je désire cet homme sans limite.

— A qui tu appartiens ?

Ma réponse est immédiate, et je fais fi du vouvoiement cette fois.

— A toi.

— A moi seul ?

Il y a quelque chose de sévère dans sa question et dans son attitude.

— A toi seul.

— Allonge-toi.

Je m’exécute, écartant d’instinct les cuisses pour l’accueillir. Il s’allonge sur moi. Je passe mes bras autour de lui. Je gémis dans son cou alors qu’il me pénètre de nouveau. Je savoure le bonheur de le serrer contre moi. J’ai envie de lui dire qu’il m’a manqué depuis six mois, mais je garde cela pour moi. Ma bouche cherche la sienne. Front contre front, noyée dans ses yeux, je m’abandonne au plaisir qu’il me donne.

Il se redresse et s’agenouille sur le lit, sans cesser ses va-et-vient. Attrapant mes chevilles, il pose mes pieds sur chacune de ses cuisses ouvertes.

— Caresse-toi.

Haletante, je glisse mes doigts dans ma bouche pour les humidifier avant de les porter à mon clitoris. Oh putain… Oui…

— Je veux t’entendre jouir.

Il me prend vite et fort. Je me mords les lèvres en commençant à trembler. J’aime le regarder faire. Il ne me lâche pas du regard. Il se penche sur moi.

— Je sais que t’aimes ça. Vas-y, je veux te voir jouir.

C’est à croire que mon corps n’attendait que sa permission. Ma respiration devient soudain incohérente. Un par un, tous mes muscles se contractent, du creux de mon ventre jusqu’à chacune de mes extrémités. Mes cuisses serrent convulsivement sa taille. L’orgasme déferle en moi, inexorable et dévastateur. Mon cerveau disjoncte. J’agrippe convulsivement son bras de ma main libre et referme ma bouche dessus pour étouffer mes cris.

Je tremble de tous mes membres. Il se retire et s’allonge sur le dos.

— Viens dans mes bras. Calme-toi…

— C’est nerveux, m’excusé-je d’une toute petite voix en continuant à frissonner.

— Tu as froid, chuchote-t-il en remontant la couverture sur mes épaules.

Je pose ma tête sur son torse avec reconnaissance. Je me sens apaisée, emplie d’une douce félicité. Il caresse mon épaule d’une main, entrelace ses doigts aux miens de l’autre. J’embrasse sa peau avec tendresse. Je me laisse bercer par les battements de son cœur qui résonnent dans mon oreille.

— Et toi ? chuchoté-je, soudain inquiète.

— Quoi moi ?

— Tu n’as pas…, commencé-je sans achever ma phrase.

Je me mordille les lèvres, me sentant très égoïste et mal à l’aise.

— Non. Mais ça suffit. Il est tard, il faut dormir.

Dormir ? Je n’ai pas envie de dormir. J’ai envie qu’il prenne autant de plaisir que moi. J’ai envie de faire l’amour toute la nuit avec lui. Tu as bien dit « faire l’amour » ? m’interpelle ma conscience, effarouchée. Oui et alors ? Depuis quand « faire l’amour » est devenu plus vulgaire que « baiser » ? la défié-je. Oh ce n’est pas plus grossier, me rétorque-t-elle, mais c’est en revanche beaucoup plus dangereux…

Ces réflexions personnelles me fatiguent. Je me redresse sur un coude pour déposer un baiser sur le coin des lèvres de l’homme contre lequel je vais dormir. Je caresse sa tempe avec douceur. Il me sourit. S’il ne tenait qu’à moi, je passerais la nuit à le câliner et à déverser toute la tendresse qui me submerge à son contact. Mais ma raison n’a pas tort. C’est trop dangereux. Il ne fait pas bon montrer ce que l’on ressent quand on n’est pas un couple.

Je lui tourne le dos et me blottis au creux de son corps. Il enroule ses pieds autour des miens pour me réchauffer. Je tente de faire abstraction de sa nudité. La nuit va être longue…

[A suivre…]

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