Thibaud n'était pas là ce week-end, toute la famille était partie au Mont-St-Michel alors j'ai rongé mon frein et j'ai passé beaucoup de temps avec Sébastien et Sophie. Je crois que cela m'a fait du bien. J'avais presque oublié ce que ça faisait d'être à la maison, de pouvoir me lever à n'importe quelle heure sans craindre de rater le petit déjeuner ou de traîner le soir sans que la lumière ne s'éteigne ou que quelqu'un vienne me prendre mon portable ! D'être libre tout simplement !

Dès lundi matin Thibaud m'a appelé et je lui ai proposé de venir manger avec moi à midi.

-"Tu n'auras qu'à dire à ta mère que tu viens m'aider à passer l'aspirateur, elle comprendra !

-"Heu... oui d'accord mais je ne vais pas lui dire ça !"

-"Non, tu as raison, ce n'est pas la poussière qu'on va aspirer !

Je l'ai presque vu rougir mais j'ai aussi entendu le désir dans sa voix et j'ai raccroché tout guilleret.

'Moi aussi, rien que d'en parler ça m'excite alors qu'est-ce que ça va être tout à l'heure !'

Comme il faisait beau, on a mangé sur la terrasse derrière la maison. Ce n'est pas encore l'été mais bien à l'abri du vent, en cette saison, on peut déjà commencer à profiter de la vie au grand air.

-"C'est encore un peu juste pour la piscine...

-"Ah oui... quelle chance vous avez !

-"Pour les vacances de Pâques, peut-être ? On se fera des séances fesses à l'air !

-"Oh tu crois ? Ca ne craint pas ?

-"Mais non et puis je t'assure quand tu auras passé une après-midi tout nu, tu verras comment c'est bien et tu ne voudras plus mettre tes vêtements !

-"Ouais faut voir mais en tous les cas, seulement si on est tous les deux !

-"Ah oui, je n'ai pas envie que tout le monde voit mon petit copain quand il est en forme olympique !"

Il a rougi et j'ai éclaté de rire avant de l'embrasser.

-"D'ailleurs, puisqu'on en parle, on pourrait peut-être aller passer un moment dans ma chambre ?

-"Oui ! Et là pas de problème pour faire un peu de naturisme !"

...

Je ne sais pas si ça fait ça à tout le monde mais je sens quelque chose de tellement fort en moi, un désir si profond, presque violent. J'ai envie de Thibaud, physiquement, sauvagement. J'ai besoin de l'embrasser à pleine bouche, de me frotter sur tout son corps et bien sûr de lui faire plaisir. Mais j'ai aussi envie de tendresse, de petits mots murmurés au creux de l'oreille, de douces caresses avec les doigts et avec la bouche. J'aime quand j'entends sa respiration devenir rauque et son souffle heurté. J'aime quand je vois qu'il devient rouge écarlate, que ses muscles se tendent et qu'il gémit doucement. Et puis après, je pose ma tête sur sa poitrine et j'écoute son cœur lentement s'apaiser...

Je crois que j'aime autant lui faire plaisir que devenir l'objet de toutes ses attentions et pourtant c'est tellement fort que j'en reste pantelant à chaque fois. Je crois qu'il est comme moi soucieux, attentif et qu'il aime me faire jouir après avoir retardé au maximum l'inévitable échéance.

Ce sont les jeux de l'amour que nous découvrons et je pense que pour des débutants nous nous débrouillons très bien.

'Non, mieux que ça, c'est parfait !'

...

Mercredi matin, je suis parti pour Locmariaquer. Edouard et Marie me l'ont proposé dès qu'ils ont su que Stéphane passerait sa convalescence dans un centre de rééducation de Quiberon. Bien sûr, je serais bien resté à Nantes pour passer les vacances avec Thibaud et tous mes amis mais j'avais aussi envie de partager du temps avec Stéphane et puis bien sûr aller à la pêche avec Edouard ! Comme Sébastien et Sophie travaillaient, je suis parti en car et il m'a fallu 2 heures 30 pour aller jusqu'à Lorient où mes grands-parents sont venus me chercher.

Les visites se font l'après-midi, le matin étant réservé aux soins et dès le café pris nous sommes partis pour Saint-Pierre-Quiberon, la commune située juste à l'entrée de la presqu'île. A vol d'oiseau ou mieux, à la nage comme les poissons, c'est tout proche mais il y a une trentaine de kilomètres par la route.

Nous nous sommes garés sur le parking du centre de rééducation "Les mouettes" qui est vraiment tout près de la mer. Stéphane nous attendait dans sa chambre. Nous l'avons embrassé avant de nous installer sur des chaises et sur le lit pour discuter.

-"C'est mieux qu'à l'hôpital ! Et puis tu as une jolie vue !

-"Oui, ça progresse mais il faut dire qu'avant la vue n'était pas très importante !

-"Alors, explique-nous ce que tu as fait depuis que tu es arrivé ici ?"

Il nous a raconté qu'il avait un programme plutôt chargé et j'ai été surpris de voir qu'il ne faisait pas que de la rééducation avec un kiné pour retrouver des forces mais qu'il avait aussi des séances avec une orthophoniste.

-"Ah bon, pourquoi ? Tu as des problèmes pour écrire ?

-"Pour écrire, je n'en sais rien; c'est de la motricité fine. Je n'en suis pas encore là ! Non, c'est pour vérifier si la tête fonctionne bien, si je suis capable d'apprendre des choses, de les synthétiser et de les retenir...

-"Oh... et ça va ?

-"Oui, pour l'instant les signaux sont au vert mais j'ai quand même du travail à faire pour relancer la machine !

-"Et puis tu vois un kiné ?

-"Oui, je fais des mouvements en piscine et j'ai un kiné qui me fait travailler deux heures tous les matins. A la fin de la journée, je dors comme un bébé !

-"Oh, ça va c'est quand même pas trop dur ?

-"Non et puis je suis motivé alors je m'y emploie à fond ! Aujourd'hui, j'ai réussi à me tenir debout !"

Quand il a dit ça, je me suis rendu compte à quel point il était diminué et qu'il lui faudrait du temps pour revenir à 100%.

'Oui, on voudrait que tout redevienne comme avant d'un claquement de doigt alors qu'il va en falloir des efforts et de la volonté ! Rien n'est donné, il faut le gagner !'

...

Il était trop tard pour aller à la pêche alors nous sommes restés à la maison. J'ai appelé Thibaud en lui disant qu'il me manquait déjà et lui m'a dit que des vacances sans moi ce n'était pas des vacances ! Ca m'a fait sourire car je crois que nous sommes vraiment en tous points au diapason.

Puis, je suis descendu aider Marie à la préparation du repas. Elle n'avait pas besoin de mon aide, c'est sûr, mais je sais que cela lui fait plaisir. J'ai épluché des pommes de terre, la nourriture de base du breton, tandis qu'elle s'occupait des autres légumes pour préparer son pot-au-feu. J'ai laissé mon esprit vagabonder.

Il fait bon dans la maison, le poêle ronfle dans le salon. Edouard regarde la télé, Marie s'active dans la cuisine. La vie est simple parfois.

'Pas besoin de luxe ou de choses extraordinaires, être avec des gens qu'on aime et qui nous aiment, c'est ça le bonheur tout simplement...'

Et moi, je redécouvre le bonheur...

...