X. La librairie

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Le tintement d’une cloche résonne quand elle ouvre la porte.

Cling! Cling ! Cling !

« Bonjouuuuuuuuuuur ! »

Un écho enjoué résonne dans la pièce.

La propriétaire la regarde attentivement, joint ses deux mains en signe de prière.

« Au nom du père, du fils et du Saint-Esprit…» Elle se retourne vers sa collègue.

« Magalie ! Magalie ! Magalie !

— Plait-il ?

— Il va falloir que tu me remplaces. ELLE vient d’arriver.

— Bon courage… On se revoit quand ? Prend des provisions avec toi hein, on ne sait jamais ce qui peut se passer. En temps de guerre, mon grand-père disait toujours...

— Merci. Je ne sais pas encore si j’en sortirais vivante après ce périple. Au nom du père, du fils et du Saint-Esprit… J’en appelle à votre miséricorde…au nom du père, du fils et du Saint-Esprit. »

Pendant ce temps, la fille marche dans les rayons, scrutant les moindres détails. Elle ne remarque pas la propriétaire et sa collègue brandissant leur croix chrétienne pour éloigner le démon.

La propriétaire réitère sa prière puis d’un pas hésitant se dirige vers l’entité malfaisante. Elle sait pertinemment qu’elle va regretter ses paroles, mais on lui a appris depuis l’enfance à braver le danger.

« Puis-je vous être utile ?

— Ah, vous tombez bien ! Oui, en effet. Vous pouvez m’aider.

— Avez-vous une idée de ce que vous cherchez ?

— Ah non, du tout.

— Je peux vous proposer notre dernier joyau qui vient d’arriver. Il s’appelle Une promenade mentale.

Elle lui donne le livre. La fille l’examine sur toutes les coutures.

— Moui, il a l’air pas mal, mais…

Au nom du père, du fils et du Saint-Esprit.

Elle adresse des signaux de détresse à sa collègue puis elle reprend :

« Mais ?

— Disons que je cherche un polar, mais pas n’importe quel polar, vous savez que je suis très difficile, pas vrai ?

— Oh ça, oui, je le sais…

— Il me faudrait quelque chose de la même trempe que Stieg Larsson.

— L’espoir de t’apporter un bonheur indestructible n’animera-t-il pas mon entreprise, ne dirigera-t-il point tous mes pas ? Au nom du père, du fils et du Saint-Esprit…

— Hein ?

— Pardon, j’ai pensé tout haut. Je peux vous proposer alors ce livre, dit-elle en le sortant de l’étagère.

— Non, mais en fait, tout bien réfléchi… Je pense que je suis d’humeur à la dystopie.

— D’accord, répond-elle en s’abaissant vers l’étage d’en dessous.

— Ou alors un livre de la même trempe qu’Asimov ? Vous avez quelque chose qui ressemblerait au Cycle des robots ?

— Oui alors, attendez, parce que…répondit-elle en se redressant vers l’étagère du dessus.

— Quoi que… Je me sens bien aussi de lire une romance. Quelque chose qui aurait autant de pep’s qu’Alexandre Dumas ?

— Euh… Je… balbutie-elle en s’abaissant à nouveau vers l’étagère en dessous.

— Ah ! Mais je n’avais pas vu vos comics ! C’est un nouvel arrivage ?

Un relent d’espoir apparaît sur son visage.

Dieu aurait-il entendu mon appel à l’aide ?

« Oui en effet, on vient de recevoir Umbrella Academy sinon il y a aussi Stranger things, Sabrina, Riverdale…

— Oh, mais j’ai déjà vu les séries… »

Dieu, je vous en conjure, entendez mon appel à l’aide. Au nom du père, du fils et du Saint-Esprit. Bon allez, ne perdons pas courage. On va s’en sortir, on va s’en sortir…

« Sinon, je peux vous proposer d’autres bandes dessinées indépendantes, par exemple, il y a…

— J’étais en train d’y réfléchir. Mais peut-être qu’en fait il me faudrait un livre comparable aux livres d’HP Lovecraft ou d’Edgar Allan Poe. Vous avez ça ?

La libraire se met alors à pleurer.

« Oulaaaah, mais il ne faut pas vous mettre dans cet état ! C’est le travail qui vous fait cet effet-là ? Je comprends totalement vous savez, des fois les nerfs lâchent quand on a un trop plein de travail. Par exemple, hier je marchais quand tout à coup…

Elle l’interrompt puis marche en direction de sa collègue. Celle-ci a le regard horrifié, elle tente de prendre la fuite.

Cling, cling, cling !

Elle n’a pas le temps de mettre un pas dehors qu’elle est imméditament projetée en arrière.

« Magalie, remplace-moi.

— Non, je t’en supplie, ne me laisse pas avec elle.

— On est en temps de guerre. Je dois sauver ma peau, tu comprends ? C’est un ordre.

La collègue se dirige alors lentement, très lentement vers l’arrivante.

« Puis-je…. Vous être utile ?

— Aaaah vous tombez bien, j’expliquais justement à votre collègue que je cherchais un livre de la même trempe que… »

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