XV. L'historienne de l'art

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Après vous avoir narré quelques anecdotes de juristes, il me faut maintenant vous raconter les périples d’une historienne de l’art.

J’allais souvent à Lille pour mes études.
Quelle joie immense de prendre le train.
Il fallait me voir, pour y croire.
J’avais toujours le sourire aux lèvres.
Une pochette ouverte, un crayon à papier entre mes doigts.

Quand j’arrivais, j’appelais directement tous mes amis.
« Qui veut sortir ? »

Par ailleurs, j’arrivais toujours à me faufiler entre deux épreuves.
Je me faufilais tellement que le patron du bar de la gare me connaissait par cœur.
Et quand je n’étais pas dans son enseigne, je me promenais.
Je vagabondais entre les ruelles, flânais dans le vieux Lille,
Et quand je voulais profiter un peu de ma solitude,
Je savais que je pouvais rester des heures dans le Palais des beaux-arts.
Tant de sculptures à regarder, de peintures à contempler.
Et à la fin de mon parcours en solitaire,
Je finissais toujours par m’asseoir devant La crucifixion de Rubens.
Le banc était pile à la bonne hauteur.
Alors, je restais ici pendant des heures.

Quand j’arrivais en amphithéâtre,
Je prenais toujours le temps de me faufiler entre les rangées.
Faire quelques étreintes, divers encouragements.
Si bien que les professeurs me reconnaissais aisément.
Ainsi, quand il m’arrivait d’être rongée par l’angoisse,
Il me suffisait d’un regard pointé dans n’importe quelle direction.

Si les personnes étaient trop concentrées durant l’examen.
Il me suffisait alors de regarder le siège devant moi.
En effet, il y avait toujours un homme.
Il devait avoir quarante ans, peut-être plus.
Il levait constamment la main, demandant encore et encore des feuilles de brouillon pour sa dissertation. Ou alors avait-il pris le commentaire ?
Dans tous les cas, son pupitre était inondé de stylos.
Et il me faisait tellement rire, surtout quand on se retrouvait à la sortie.
Je lui disais : « Je t’ai vu demander douze feuilles de copie ! »
Et lui me répondait : « Ah oui ! Et je n’ai écrit qu’une seule page, dis donc. »
Il finissait par ailleurs toujours ses commentaires de la même façon.
En plaçant une citation. N’importe laquelle pouvait faire l’affaire.
Pourvu qu’elles soient mélodieuses à l’oreille du correcteur.
Mais généralement, c’était toujours du Lamartine ou du Victor Hugo.

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