XXI. La déprime
J’ai pris l’habitude d’aller nager dans un lac.
Un lac si limpide, si serein en surface dont moi seul connais la véritable profondeur.
J’ai pris l’habitude de nager avec des chaînes encerclant mes pieds.
Depuis, elles ne veulent plus me quitter
C’est la dernière fois que j’irais nager.
Je t’en fais la promesse, les doigts croisés derrière mon dos.
C’est la dernière fois.
On connaît la triste vérité.
Je nage en pensant savoir où je vais, jusqu’à ce que l’horizon disparaisse.
Des mouvements de brasse dans le Tartare, les chaînes veulent me noyer.
Je bois la tasse, un mélange de sucre et d’alcool qui se répand dans tout mon corps.
Le goût devient amer et me donne envie de pleurer.
La substance atteint mon cerveau et agit comme un somnifère.
Tout devient très lent, mon corps pèse des tonnes.
L’eau est si limpide et si claire pourtant.
Au loin, j’entends d’autres personnes nager ensemble en batifolant.
Puis, un épais brouillard se répand.
C’est vrai que le Tartare aime se déguiser en jardin d’Eden.
Le paradis pourrait s’effondrer, les anges tomber du ciel et agoniser sur le sol brûlant pourtant, l’amour véritable est le plus violent des maux et nager dedans est une véritable torture.
Je n’arrive plus à avancer.
Je ne crie même plus, j'ai pris l'habitude qu'il me noie.
Je me réveille dans ma chambre, une odeur de bougie à la myrtille envahit la pièce.
C’est drôle, c’est comme si mon lit tentait de me noyer lui aussi.
La couverture est une chaîne, les volets sont l’épais brouillard.
La bougie à la myrtille essaie de me faire croire que cela va être une merveilleuse journée.
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