SCÈNE 7 — M. PETIT, MME ROBERT, M. RICHARD.

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La rue.

M. PETIT — Alors, ça y est ! On a Bubuk comme président !

MME ROBERT — Qui s’y serait attendu ?

M. RICHARD — Il y a donc tellement de fous en France !

M. PETIT — J’ai honte de mon pays !

MME ROBERT — C’est à cause de tous ces gens qui n’ont pas voté.

M. RICHARD — Comment on a pu en arriver là ?

M. PETIT — Après… Je vous avoue que durant le second tour… Je ne suis plus sûr de me rappeler pour qui j’ai voté. Bien entendu, la tentation d’adopter un autre programme que celui du candidat pour lequel il fallait voter était grande, et puis comme il s’agissait de deux textes noirs sur un fond blanc, les bulletins de vote se ressemblaient un peu… Alors avec la fébrilité de l’émotion des grands évènements, j’ai glissé le bulletin dans l’enveloppe en craignant de me tromper… Et quand j’ai voulu vérifier que c’était bien le bon, je me suis rappelé que j’avais léché l’enveloppe, et qu’il aurait fallu la déchirer… De toute façon, je l’avais déjà posée dans l’urne… J’avais également mis ma signature et j’étais retourné chez moi… Et tout ça fait que j’ai peut-être voté Bubuk.

MME ROBERT — Je crois qu’il m’est arrivé à peu près la même chose.

M. RICHARD — J’y suis moi aussi allé à reculons.

M. PETIT — On ne pouvait que paniquer à l’idée qu’il puisse être élu.

MME ROBERT — Ça explique notre geste.

M. RICHARD — Mais d’un autre côté, nous avons été courageux de nous rendre aux urnes.

M. PETIT — Nous l’avons fait le menton haut pour résister au populisme !

MME ROBERT — Dans la plus pure tradition française !

M. RICHARD — Et, plein de sang-froid et de logique pure, de notre bras répétant le geste ancestral de dizaines de générations de démocrates avant nous, nous avons accompli notre devoir de tribuns de la République.

M. PETIT — Quelle belle élection !

MME ROBERT — J’étais assez joyeuse, en y repensant.

M. RICHARD — Et moi donc !

M. PETIT — Vous ne savez pas la dernière ? Bubuk trouve son nom ridicule. Pour que plus personne ne puisse s’en moquer, il a demandé à ce que tout le monde s’appelle comme lui. M. Petit deviendra bientôt M. Pepet !

MME ROBERT — Mme Robert Mme Rorob !

M. RICHARD — Et M. Richard M. Ririch !

M. PETIT — Mais comment s’appellera M. Pourroy de L’Auberivière de Quinsonas-Oudinot de Reggio ?

MME ROBERT — M. Poupour de Lolob de Quinquinss de Rérédj !

M. RICHARD — C’est vrai que ça va nous simplifier la vie.

M. PETIT — J’ai toujours dit que ce garçon était plein de bon sens.

MME ROBERT — Après, c’est tout de même un peu inquiétant ce qu’il dit sur les pulls bleus…

M. RICHARD — Ils n’ont que ce qu’ils méritent.

M. PETIT — Il est peut-être un peu sévère, mais il leur faut bien ça… Évidemment ça ne mettra pas d’accord tout le monde. Mais vous avouerez qu’il n’y a pas de quoi déclencher une révolution.

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