Chapitre 27 - VP Benjamin

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Un soir, elle est entrée dans mon bureau assez tard alors que je parlais avec Bruno, l’un des responsables commerciaux. Elle a eu l’air surprise, a prétexté qu’elle avait un dossier à me rendre mais devait partir pour aller à son entraînement et qu’elle me le rendrait le lendemain matin. Je n’ai même pas eu le temps de dire un seul mot, qu’elle était déjà sortie. C’est pendant que je mattais son petit derrière en train de quitter la pièce, en imaginant qu’elle pouvait bien être la vraie raison de cette intrusion, qui aurait sûrement été bien agréable, que Bruno a lâché sa bombe :

- Tu fais quoi, avec Laetitia ?

- Je matte son cul, ce n’est pas interdit, si ?

- Non seulement, c’est interdit, mais en plus, je ne pense pas que toi, Benjamin Fortet, ait le moindre droit de considérer quoi que ce soit chez Laetitia Delacre. Pour tout un tas de raisons, auxquelles je suis sûr, tu as déjà pensé.

- C’est bon…

- Je vous ai vu, Benjamin !

- N’importe quoi.

- Devant l’ascenseur, il y a quelques jours. Tu l’as ramené à ton bureau, et ça n’avait pas l’air d’être pour travailler sur un dossier !

J’étais un peu abasourdi. En y repensant, nous ne faisions pas assez attention, en comparaison des risques que nous prenions en tous cas. Si quelqu’un d’autre savait ? Là avec Bruno, l’un de mes meilleurs amis, je pouvais avoir confiance, mais n’importe qui d’autre dans cette boîte ?

A ce moment-là, j’ai réalisé que je n’allais pas très bien. Cette histoire me bousillait. Bruno a heureusement réagi comme un ami :

- Je vais sûrement t’engueuler, mais tu peux m’en parler, si tu veux…

- Bon sang, je me sens tellement seul !

- Tu sais que tu peux tout me dire !

- Mais là, reconnais que c’est un peu… délicat…

- Qu’est-ce qui se passe entre vous ?

- Je ne sais pas, c’est assez spécial.

- Peut-être parce que tu sais ce que tu risques si ça se passe mal !

Bon sang, s’il savait…Il pensait seulement au fait que Laetitia était vraiment très importante pour nous parce, même à un niveau mondial, elle a un niveau que peu de personnes ont. Il ne savait pas… le reste. Son père, ma main, tout le reste quoi.

- Ne t’inquiètes pas, ça n’a rien de sérieux. En tous cas… pour elle ! Tu sais comment elle est, un glaçon entouré de laine bien épaisse, et pour moi, elle enlève la laine !

- Et toi, qu’est-ce que tu ressens pour elle ?

- Je crois que je serai prêt à donner les clés de Comexp à n’importe qui, ne serait-ce que pour passer une seule vraie journée avec elle, sans… tout ça derrière !

- Pardon ?

Bruno a eu l’air d’accusé le coup, je pense qu’il ne s’attendait pas à un sentiment aussi profond. Moi non plus d’ailleurs, la phrase était sortie toute seule, je m’étais juré de ne jamais dire ça à personne. Mais j’étais lancé.

- Je l’aime, Bruno. Je suis dingue d’elle. Je sais que je n’ai pas le droit, et qu’elle ne veut pas de moi, mais qu’est-ce que je peux y faire ? Ça ne se commande toujours pas, depuis la nuit des temps, à ce que je sache. Bon sang, on peut aller dans l’espace et on ne sait pas encore maîtriser nos sentiments.

- Il y a peu de chance qu’on puisse un jour, c’est beaucoup plus simple d’aller dans l’espace !

- Qu’est-ce que je peux faire ?

- Arrêter ton petit jeu avec elle, peu importe ce que c’est.

- Je ne peux pas…

- Bruno, tu n’as pas le choix !

- Tu n’as pas bien compris, si je dois choisir entre Laetitia et Comexp, je la prendrai elle !

- Tu ne peux pas être sérieux !

- Je te dis que je crève pour elle. Là, je suis en train de me demander comment je vais faire pour attendre jusqu’à demain matin. Je vais peut-être aller la voir…

- Tu vas voir Laetitia, chez elle ?

- Oui…

- Elle te laisse entrer !?

- Oui !

- Je ne comprends rien du tout.

- On baise ensemble. Voilà ! Après elle me fout dehors et elle passe à autre chose pendant que moi, j’attends la prochaine fois en ne pensant qu’à elle.

- Et tu attends quoi de moi, à cet instant précis, que je te soutienne ou que je te mette une bonne baffe ?

J’aimais bien le côté concret de Bruno. Il a réussi à me faire sourire.

- Si tu veux m’aider, dis-moi juste comment je peux me débarrasser de Julien. Je pense que je vais l’étrangler si je le vois encore une fois sourire avec son air angélique à Laetitia.

Il a éclaté de rire.

- Je ne te pensais pas aussi mesquin. Julien est gay, tout le monde le sait.

- Vraiment ?

- Oui, il est sorti avec un ancien de la boîte, je ne sais plus comment il s’appelait, et maintenant, il sort avec le directeur de La branche d’or.

- Oh ! Julien sort avec l’un de nos directeurs ?! Et pourquoi je ne suis pas au courant ?! Je m’en fiche qu’ils soient gays mais que deux de mes employés sortent ensemble, j’aimerais bien le savoir, quand-même !

- Ah bon, parce que tu trouves ça « bizarre » ?!!

- Oui… exactement ! Pourquoi tu ne me l’as jamais dit ?

- Parce que tu n’avais pas trop l’air de l’apprécier. Et parce qu’il n’est pas écrit dans notre règlement que les salariés n’ont pas le droit de se fréquenter. Heureusement pour toi, d’ailleurs, je serai obligé de te virer !

- Si seulement !

- Arrête de dire des bêtises, allez viens, on va boire un verre !

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