Chapitre 28 - VP Benjamin
Quelques semaines plus tard, Claire et Mathieu ont eu la bonne idée (ou la mauvaise d’ailleurs), de m’inviter à manger en même temps que Laetitia, pour lui annoncer leur mariage et lui demander d’être la témoin de Claire. Sur le coup, j’étais sur un petit nuage. Nous sommes arrivés séparément mais j’avais vraiment l’impression qu’on allait faire un truc « de couple ». C’était sans compter sur son caractère de cochon.
Nous avons pris l’apéro dans les magnifiques canapés des jeunes fiancés, eux d’un côté et Laetitia et moi sur celui en face, ce qui était carrément kiffant. Mais lorsque Claire a demandé, bêtement, si ça ne l’embêtait pas de manger en présence de son boss, elle a rétorqué :
- Franchement, je m’en serai bien passé, je le vois assez la journée, mais bon, si ça vous fait plaisir !
Claire a éclaté de rire, plus devant l’effronterie de son amie que sur le côté marrant, parce que ça ne l’était pas du tout !
Sauf que lorsqu’ils se sont absentés tous les deux quelques minutes après, elle faisait déjà moins la maligne :
- Alors Mademoiselle Biscuit, on a quelque chose à me reprocher ? Je suis resté trop longtemps sans te mettre de fessée et tu es en manque ?
- …
- J’ai déjà remarqué à quel point tu changes quand tu te retrouves toute seule avec moi, que ce soit pour travailler ou pour… autre chose. Pourquoi tu ne parles pas? Tu perds ta langue ?
- … pas du tout, je n’ai pas envie de vous parler, c’est tout. Comme je viens de le dire, je vous vois déjà assez la journée.
Je me suis vraiment demandé comment était-il possible qu’un tel décalage existe entre nous : je ne rêvais que de passer du temps avec elle, et elle ne daignait pas m’adresser trois mots en privé. Je n’ai pas osé lui rétorquer que pour faire autre chose que parler, ça n’avait pas l’air de la déranger.
Nos hôtes sont revenus et ils ont fait leur annonce de mariage, puis leur demande de témoin, et quand Claire a dit que je serai le témoin de Mathieu, Mademoiselle Biscuit a répondu :
- Ah mince, bon ; ce n’est pas grave, je viendrai quand-même, surtout à Cuba !
Malgré ça, nous avons passé une super soirée, tout simplement parce que, quand il y avait quelqu’un avec nous, elle se comportait avec moi tout à fait naturellement. C’était presque bizarre. Je me demandais à quel moment jouait-elle un rôle : quand les autres étaient là, parce qu’elle me détestait pour de vrai mais ne voulait pas que cela se voit, ou bien avec moi, pour ne pas que je me fasse des films (ce que je faisais quand même) ?
J’ai insisté pour la raccompagner et nous avons pris l’ascenseur ensemble. Elle savait qu’elle allait se faire enguirlander, elle a tout de suite pris son air sur la défensive :
- Qu’est-ce que vous avez avec les ascenseurs ? J’ai l’impression que nous passons plus de temps ensemble dans des ascenseurs qu’à bosser.
J’ai appuyé sur le bouton « Stop ».
- C’est parce que j’aime beaucoup te sentir prisonnière.
- Appuyez sur ce bouton, je suis fatiguée.
- Je veux que tu m’expliques Laetitia, pourquoi fais-tu ça ?
Elle a soupiré comme une gamine.
- Tu crois que je ne sais pas que tu dis « bonjour » et « au revoir » à tout le monde, sauf à moi ?! Tu prends des nouvelles de nos collègues tout le temps, tu connais le prénom de leurs conjoints et de leurs gosses, je t’admire pour ça, mais je voudrais savoir pourquoi tu me vois comme un pestiféré ?
- Vous n’avez pas de femme et pas de gosse.
- J’ai une fille.
- Vraiment ?
- Tu l’as déjà vu !
- Je ne pense pas.
- Tu avais 12 ans, tu t’es occupée d’elle toute la soirée pendant un gala où je ne sais plus trop quoi.
- …
- Tu étais déjà très gentille à l’époque, alors je te le demande bon sang, pourquoi est-ce que je semble être la seule personne sur cette planète qui ne mérite pas ton attention ?
- Vous n’êtes pas le seul, je ne m’intéresse pas à mon père, ni à Thomas Maillot, Jessica, la totalité des crétins de 4C…
- Donc, tu me mets dans le même sac qu’eux ? Uniquement des personnes que tu détestes ?!
J’étais effondré.
-…
- Qu’est-ce que je t’ai fait, Laetitia ?
- Vous m’appelez « Mademoiselle Biscuit » !
- C’est tout ?
- Vous me mettez des fessées aussi.
- Si je ne le fais pas, tu es encore plus désagréable.
- Je ne sais pas.
- Pardon ?
- Je ne sais pas pourquoi vous me faites ça. Cet effet-là je veux dire. Vous me stressez. Violemment.
- Tu voudrais qu’on arrête ?
- Qu’on arrête ?
- Nos… arrangements ?
- Non…
- Moi, je voudrais arrêter.
- Vraiment ?
- Oui. Comme tu le dis si souvent, je gagne 90 000€ par mois, et pourtant, je me sens comme le dernier des hommes quand je suis avec toi.
- Pour le coup, je ne vois pas le rapport avec l’argent ...
- Tu sais très bien ce que je veux dire !
- C’est vous qui me traitez bizarrement. Pourquoi n'allons-nous jamais dans votre appartement, par exemple ?
- Tu veux vraiment… venir chez moi ??
- … Non.
- Alors c’est fini, Laetitia. Je promets que je ne raconterai jamais ton secret à personne, et disons que, tu ne raconteras jamais le nôtre.
J’ai relancé l'ascenseur.
Elle a appuyé sur le bouton stop, et s’est précipités sur moi sans me regarder dans les yeux. Elle a baissé mon pantalon et à commencer à me faire tout un tas de choses vraiment délicieuses. Je me suis tourné un peu pour qu’elle puisse se voir dans le miroir : ça la gêné et elle a détourné le regard. Moi par contre, j’avais la sensation en plus de la vision, et c’était quelque chose : comment cette petite chose coincée pouvait-elle être aussi…gourmande !??
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