Encore une journée de merde.

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Sept heures et me voilà encore sur le chemin pour attraper le métro parmi tous ces gens autant motivés et heureux d'être là que moi. En même temps, rester enfermé dans une boîte qui pue l'urine pendant quarante-cinq minutes pour ensuite s'enfermer de nouveau derrière un bureau entouré de collègues aussi intéressants que ma feuille d'impôt, c'est pas ce qu'on fait de plus passionnant.

Hochement de tête par ci, petit signe de main par-là, c'est tout ce à quoi j'ai droit. Personne ne prend le temps de s'arrêter, me saluer vraiment ou me demander comment je vais aujourd'hui. Non, moi, Bernard Martin, je suis aussi transparent qu'une vitre. Je suis l'employé invisible dont on se rappelle uniquement quand il y a une corvée à faire ou des remplacements. Je me sens tellement inutile, bon à rien, insignifiant.

Coincé derrière un bureau pendant huit heures à retranscrire des données sur mon pc. Quel boulot de merde ! Mais je n'ai jamais rien trouvé de mieux dans cette région dépeuplée.

Midi arrive et pendant que tout le monde descend au restaurant collectif, j'attrape mon sac et file me réfugier sur mon banc, face au port. C'est ici que je passe tous mes déjeuners. Seul face à la mer, à regarder ces bateaux partir loin. Je les imagine voguer à l'aventure, dans les mers du sud. Seuls et libres. Navigant au gré des vents. Ce que j'aimerais moi aussi tout plaquer et partir, mais soyons honnête, c'est pas avec mon salaire de misère que je vais pouvoir réaliser mon rêve.

J'en ai assez de ma vie, de mon boulot. Oh, j'aime ma femme et mon fils, mais rentrer chez moi pour les écouter encore se plaindre. Elle, car elle en a marre de cet adolescent insolent. Lui parce que sa mère est envahissante. Non, cette vie là je n'en veux plus.

Treize heures, faut que j'y retourne. Un dernier coup d'oeil pour admirer un énorme voilier prendre la mer alors que moi, je prends le chemin de mon enfer. Le même depuis quinze ans.

Retour à ma réalité. Ma chaise, mon pc et une pile aussi longue que mon bras de dossiers à retranscrire. C'en est assez, ça suffit. J'en peux plus de cette routine.

C'est trop, je supporte plus de devoir faire semblant, venir ici c'est m'enterrer un peu plus chaque jour.

C'est la dernière fois !


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