Pour une meilleure immersion dans cet épisode:

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Dans les profondeurs de la Tour Romane d’Amay, Tristan et Roxane étaient encerclés par des centaines de cloakers. Ces monstres ressemblaient à des raies, mais ils étaient dotés d’une paire d'ailes en cuir et de crocs acérés.

• Fais attention à ne pas te faire emporter ! cria Tristan tout en projetant brusquement son bras droit vers le bas. Ce mouvement fit apparaître une garde en métal noir dans sa main. En un autre geste, plusieurs fines plaques brillantes jaillirent et s'assemblèrent pour former une lame tranchante.

Lorsqu’un monstre ailé s'élança sur le détective, ce dernier leva son arme et trancha la créature en deux d’un geste rapide. Roxane, qui n'était pas armée, prit un gros grimoire sur la table derrière elle et s’en servit comme bouclier de fortune. Tristan, pas à pas, donnait des coups de lame pour se frayer un chemin vers la jeune femme, mais il était très ralenti par les attaques incessantes de tous ces monstres. L’adrénaline coulait dans ses veines, effaçant toute pensée rationnelle et ne laissant que l’instinct.

• Mais qu'est-ce que c’est que ces choses ? cria Roxane, essayant de garder son sang-froid.
• Des cloakers, mais nous avons de la chance, ils sont petits. C’est sûrement un nid !
• Vous devriez redéfinir le mot chance, monsieur Renard.
• Ah bon, tu me vouvoies ?
• Je vous jure que si je sors de cet endroit vivante…

Roxane n’avait pas pu finir sa phrase. L'un des monstres s'était agrippé à sa chevelure acajou et avait pris de la hauteur, tirant la jeune femme à sa suite. Le détective réfléchit rapidement. Il était habitué à ce genre de situation, mais d’habitude, il était seul. Là, sa cliente était en danger. Il lança sa lame vers la créature qui, blessée, lâcha la femme. Roxane retomba sur la table, une pile de parchemins amortissant sa chute.

Tristan, désormais désarmé, sa lame gisant à dix mètres de là, plongea pour se rapprocher de Roxane. Il l’aida à descendre, puis ensemble, ils se glissèrent sous la table, espérant trouver un peu de répit.

• Il y en a vraiment beaucoup, dit Tristan, cherchant une solution pour récupérer sa lame.
• Bon, s'il n’y a pas le choix…Tolon…

Une autre créature ne laissa pas Roxane finir sa phrase. Le cloaker atterrit juste à côté de la table et se jeta sur les deux humains. Alors qu’il s’apprêtait à refermer sa gueule sur le bras de la jeune femme, le monstre fut attiré par derrière d’un coup sec. Dans un bruit sourd, une hache le coupa en deux.

Un nain s’agenouilla et dit :

• Nous devons parler tous les trois. Sortons vite de ce merdier.

Garry était précis. Chacun de ses mouvements faisait mouche. À chaque pas, une créature s'effondrait. Tristan en profita pour récupérer son épée et commença à se frayer un chemin avec le nain, en plaçant Roxane entre lui et le nouveau venu pour la protéger des attaques des monstres ailés.

En peu de temps, ils atteignirent le couloir menant au puits. Sans demander leur reste, ils partirent en courant, laissant le tourbillon d’ailes derrière eux. Essoufflés, les mains couvertes d'égratignures, ils arrivèrent sous le puits.

Tristan regarda le nain, puis pointa sa lame vers lui.

• Qui êtes-vous ?

Le nain agrippa sa hache, prêt à frapper.

• J'allais justement vous poser la même question !
• On se calme, tous les deux ! intervint Roxane. Je vous présente le détective Tristan Renard. Nous sommes à la recherche de son frère, Pierre. Pouvez-vous vous présenter, maître nain ?

Les deux hommes jetèrent un regard vers la jeune femme, puis éclatèrent de rire.

• Maître nain ? Vous vous croyez dans Le Seigneur des Anneaux ? Hahaha.
• C'est vrai que sur ce coup-là, Roxane, tu perds en crédibilité.
• Bref, reprit la femme, vexée. N'empêche que nous n'avons toujours pas de réponse à la question.

Le nain regarda les deux humains puis dit :

• Je m'appelle Garry, et je crois que mon employeur serait très heureux de vous rencontrer.
• Le problème, c’est que nous ne pouvons pas remonter par le puits. Le guide touristique est sûrement revenu dans la tour, répondit Tristan.

Le nain plaça sa main sur la paroi en pierre, marmonnant dans sa barbe (car en effet, Garry portait la barbe). Puis il appuya sur une petite dalle dans le mur et un passage s’ouvrit devant le petit groupe.

• C’est de la construction naine, du grand art cette tour. Suivez-moi, le temps presse.

***

Pendant ce temps, Benoît, l’orc barman, s'apprêtait à ouvrir le Mordor comme tous les jours à 11h30 précise. Il ouvrit la porte de devant et regarda le ciel. C'était une belle journée, un beau mercredi. Pourtant, Benoît fixait l’horizon, son regard perçant cherchant un signe. Il avait ce sentiment profond, celui qui ronge les entrailles. Quelque chose allait se passer, quelque chose de terrible.

Plusieurs anciennes races comme les trolls, les orcs, les gobelins et d’autres ont une certaine intuition quand les choses mauvaises se préparent. Et aujourd’hui, Benoît espérait se tromper.

Il fut tiré de ses pensées quand Étienne, Marc et Sophie entrèrent dans le bar.

• Salut Ben, dit Marc.
• Yo les jeunes.
• Personne ne parle plus comme ça, répondit Sophie.
• Désolé, j'essaye d’avoir l’air cool.
• Pas besoin d’essayer, tu es le type le plus cool de la commune, ou du moins de cette rue.

Sous le compliment de la jeune fille, Benoît rougit légèrement.

• Qu'est-ce qui vous amène de si bonne heure ?
• Pas de cours cet après-midi. On se disait qu’on allait venir te tenir compagnie.
• Super idée. Je vous sers quoi ? C’est la maison qui offre.

Puis, sur ces paroles, il alla se mettre derrière son comptoir, oubliant pour le moment ses sombres pressentiments.

***

Dans les sous-sols de la ville, le trio marchait de couloir en couloir. Garry les guidait en leur expliquant la différence entre telle et telle pierre et les utilités propres à chacune. Toutes ces informations ne restèrent que quelques secondes dans la tête de Tristan, qui se demandait où le nain les menait. Il avait décidé de garder la garde de sa lame rétractable en main, juste au cas où le nouveau venu les mènerait à un piège mortel.

Après une demi-heure de marche, ils arrivèrent à un cul-de-sac. Garry posa ses deux mains sur le mur pour trouver le mécanisme et enfonça une petite dalle, identique à celle trouvée dans le puits. Le mur pivota. Ils étaient de retour à la surface, apparaissant derrière une fontaine, juste en face de la collégiale d’Amay.

• Voilà, nous ne sommes plus très loin. Vous pouvez ranger votre arme, je ne vais pas vous attaquer en plein jour.
  
  Tristan obéit.

Après encore quelques minutes, le trio entra dans une belle maison à l’ancienne. Garry frappa à une porte et entra, suivi du détective et de Roxane. Un vieux nain dans un fauteuil roulant était installé devant une fenêtre aux rideaux fermés.

• Monsieur, nous avons de la visite, annonça Garry.

Le vieux nain fit tourner son fauteuil pour faire face aux arrivants.

• Je vous présente Tristan Renard, c’est le frère de l'apprenti de Marcel Demoiny.