Chapitre 5: Résurrection
L'acropole d’Avraska culmine au centre de Nosfuria et contrôle l’ensemble de la planète. Toutes les décisions viennent et sont prises de là… Tout est contrôlé de là !
Cette ville érigée sur les hauteurs est gigantesque. Ses constructions sont pharaoniques et l’architecture se rapproche énormément de l’ère antique.
Dès l’entrée, deux impressionnantes statues colossales de noktarï, des soldats de l’armée de Nosfuria, sont dressées de chaque côté des portes de la cité. De magnifiques villas, certaines sur plusieurs étages et surmontées de balcons fleuris, se répandent dans la ville à travers d’autres beaucoup plus rustiques. Des temples sont érigés un peu partout dans la cité à la mémoire des anciens dieux et il y a également d’immenses places où l’on peut rencontrer très souvent des marchands d’épices, de tissus qui vendent également des créatures aussi abracadabrantes les unes que les autres, parfois trouvées sur d’autres planètes, mais encore tout un tas d’autres choses…
Non loin de là, se trouve une sorte de Colysée, plus particulièrement appelé la Neftolia où des combats de gladiateurs un peu spéciaux sont organisés, mais aussi des spectacles.
Les édifices sont ornés de motifs, de fioritures et certains sont incrustés d’une matière dorée si lumineuse qui s’apparente à de l’or. Cette cité respire la richesse. L’acropole est aussi entourée d’immenses jardins et de bois où des variétés de plantes aussi extraordinaires les unes que les autres se confrontent.
Avraska s’est bâtie sur le modèle de l’ère antique, pourtant, ce peuple n’est pas aussi archaïque que les hommes qui vivaient à cette époque.
Bien au contraire, leur civilisation et leurs technologies sont bien plus avancées que celles des humains et pour cause, les énormes montagnes noires qui dominent à l’extérieur de la ville où Anna servait d’esclave sont en réalité des gisements de minerais appelés kupryon. Ce matériau, qui après avoir été travaillé, peut se métamorphoser sous n’importe quelle forme, est indestructible et utilisé pour la construction des vaisseaux, des armes mais pas que…
En ravageant les planètes les unes après les autres, ils s’étaient approprié toutes les connaissances, toutes les technologies et ils s’en servaient pour dominer. Leur armée est si grande, si puissante et les conversions si nombreuses. La notoriété de la grande Nosfuria s’étend dans tout l’Univers…
Thraän et les deux hommes arrivaient à la cité avec le corps inanimé. Ils n’étaient pas passés par l’entrée principale où se trouvaient les deux statues colossales postées aux portes de la ville.
Ils avaient fait un détour par le bois sombre de Panfuria pour pénétrer incognito dans la cité, en empruntant une entrée peu fréquentée de la ville, car ils ne voulaient pas attirer l’attention...
Là, ils arrivaient dans le quartier où l’on s’intéresse à la science. La cité se divise en plusieurs quartiers où chacun possède ses propres attributs. Il y a celui de « la science, de l’ingénierie et la médecine », celui de « l’art de la guerre et de la forge », mais encore « la mode, l’habillement, le tissu et le cuir », « les herboristes, la faune et la flore », ou celui de « l’art et de l’écriture ».
Ils s’arrêtèrent devant un bâtiment de plain-pied, plutôt moderne et pas très élevé. Ils descendirent de leurs montures et Thraän qui portait Anna dans ses bras pénétra à l’intérieur avec les deux hommes.
La pièce était arrondie, d’un blanc éclatant si lumineux. Il n’y avait pas de portes, ni de fenêtres, juste un mur blanc qui faisait le tour de la salle. Ils se regroupèrent au milieu de la pièce.
Wi-Krick, l’un des deux hommes qui accompagnaient Thraän, prononça : « quinaëptia », ce qui signifiait : « quinze étages en dessous ».
Alors là, ils furent immédiatement entourés d’une sorte de champ magnétique et d’un coup, le sol s’ouvrit sous leurs pieds en formant un anneau. C’était en réalité une sorte d’ascenseur qui descendait en profondeur, jusqu’à plusieurs mètres sous le sol. Il y avait plusieurs niveaux et un son, comme une sorte d’oscillation, se faisait entendre à chaque fois qu’un niveau était franchi.
Là, ils arrivaient comme prévu, quinze niveaux plus bas, sous terre. Le champ magnétique qui les entourait se dissipa et tous les quatre arrivèrent dans un endroit qui donnait sur trois directions.
Autour d’eux, tout était aussi blanc, aussi lumineux et il n’y avait pas un bruit.
Ils empruntèrent le couloir de droite pour arriver face à cette baie vitrée opaque qui s’ouvrait par le haut à leur approche. Ils entraient.
C’était en fait un immense laboratoire, mais également un poste de soins, cependant, à cet endroit, on ne soignait pas ceux qui étaient simplement atteints d’une mauvaise grippe ou d’un léger mal de ventre. Ici étaient soignés les malades et les blessés graves, mais c’était aussi le lieu où étaient testées toutes sortes d’expériences.
Ils étaient entourés de petits êtres : des hommes, des femmes de très petite taille qui portaient tous un uniforme : pantalon blanc et blouse blanche également boutonnée sur le côté gauche. On aurait dit des espèces de gnomes.
Thraän déposa Anna sur une sorte de table d’opération puis rapidement l’un de ces petits hommes vint les rejoindre.
Son uniforme était plus distingué que celui des autres, il était le « dokri’yova ». C’était en quelque sorte un médecin, mais pas que… Il soignait les blessés, les malades, mais c’était aussi un scientifique qui expérimentait toutes sortes d’inventions. Il élaborait et testait de nouvelles technologies.
Le petit homme observa le corps inerte d’Anna et attendait des explications alors Thraän prit la parole dans cette langue.
— Dokri’yova, cette femme est en train de mourir, tu dois la sauver !
Là, le médecin, qui adoptait cette attitude impassible depuis tout à l’heure, voulait en savoir plus à propos de la jeune femme.
— D’où vient-elle ? Elle ne ressemble pas à une Fératih ! Je dois tout d’abord évaluer le niveau de ses blessures et je dois procéder à un scan avant toute chose, sans, comprenez Monseigneur que je ne peux rien faire !
Alors Edhän, l’un des hommes qui accompagnaient Thraän, celui qui avait diagnostiqué l’état de santé d’Anna, plus tôt, et qui tenait toujours le boitier dans sa main tendit celui-ci aussitôt au petit homme.
Il tentait de faire accélérer les choses, mais avant de procéder à quoi que ce soit, il lui précisait tout de même qu’Anna avait été trouvée sur Terre.
— C’est chose faite ! Il faut faire vite, ses fonctions vitales sont engagées, elle ne tiendra pas longtemps, ne perdons pas de temps !
Dès lors, le petit homme saisit le boitier et se dirigea dans une autre salle où il le déposa sur une sorte de terminal à côté de lui. Puis il demanda à Thraän d’allonger Anna sur la table.
Là, toutes les données que contenait le boitier sur l’état de santé d’Anna étaient reportées sur une sorte d’écran virtuelle qui venait d’apparaitre. C’était la même technologie qu’Anna avait aperçue dans la navette qui l’avait transportée sur Terre jusqu’au vaisseau.
Le guérisseur observait l’écran et constatait que l’état de la jeune femme semblait très grave. Il était déjà persuadé de ne rien pouvoir faire pour lui venir en aide, alors il se retourna vers Thraän et lui expliqua clairement son point de vue.
— Seigneur Thraän, son état est très délicat, je pourrais la soigner, mais pour cela il lui faudrait un caisson, cependant, je ne connais pas réellement les effets que pourrait avoir un caisson sur un être humain ! Je préfère vous avertir, l’expérience pourrait ne pas fonctionner et causer à cette jeune femme des dommages irréversibles !
Thraän hésitait encore une fois, mais au point où en était la jeune femme, il voulait tout de même tenter le coup.
— Faites-le ! lui répondit Thraän d’un air décidé.
— En êtes-vous certain ?
— Faites-le ! Pendant tout ce temps, vous avez accompli des prouesses pour Nosfuria, alors vous pouvez le faire !
L’homme termina sur ces mots quand soudain, Anna, qui était allongée sur la table et qui clignait lentement des yeux, éblouie par la luminosité de la salle, murmura d’une voix frêle quelques mots.
— Est-ce…est-ce que je suis morte ?
Thraän vint se placer au niveau de sa tête, puis il passa sa main sur son visage en lui caressant doucement la joue.
— Non !
Et avant de perdre connaissance à nouveau, elle supplia qu’on l’achève.
— Tuez-moi, s’il vous plait, j’ai mal… je vous en supplie, tuez-moi !
Là, Thraän vint se replacer en face du petit homme et lui jeta un petit regard qui semblait vouloir tout dire.
— Je compte sur vous !
— Très bien Monseigneur ! Je tâcherai de ne pas vous décevoir !
Aussitôt, le guérisseur fit sortir les trois hommes de la pièce et prépara Anna. Lui et ses assistants transportèrent la jeune femme dans une autre salle en utilisant ce brancard flottant à environ un mètre du sol, programmé pour s’auto-mouvoir.
Anna était entièrement nue, étendue sur cette table, les bras le long du corps, à proximité de cette énorme machine qui s’apparentait à un appareil d’imagerie médicale, équipée de tuyaux transparents.
Le médecin entra des données sur le terminal relié à la machine et là, un autre écran virtuel avec des informations apparut. Un halo lumineux entoura Anna immédiatement.
La table s’activa, des petites lumières bleues s’allumèrent autour de celle-ci et elle coulissa à l’intérieur de la machine. Le processus était alors enclenché…
Des panneaux de verre très fins, sortis de nulle part, vinrent entourer la table où était allongée Anna en formant une boite. Cela ressemblait étrangement à un sarcophage de verre. Il y avait une ouverture sur la paroi du haut où un tuyau était raccordé. Un produit anesthésiant, une sorte de gaz discret vint s’y introduire.
Sur les côtés droits et gauches, il y avait six ouvertures. Les bras articulés situés de chaque côté du caisson vinrent s’abaisser et de ces énormes tuyaux jaillirent des aiguilles impressionnantes avec un diamètre d’environ cinq millimètres qui se déployaient et venaient de se planter d’un coup sec dans le corps d’Anna. Ces aiguilles étaient implantées de chaque côté de son cou, ses épaules, ses poignets, ses hanches, le haut des cuisses et ses mollets. Pendant ce temps, un liquide bleu remplissait l’intérieur des tuyaux transparents et se rependait dans le corps d’Anna.
Subitement, la jeune femme, qui avait pourtant sombré dans un coma profond, ouvrit les yeux d’un coup et se mit à hurler juste une fois avant de perdre connaissance.
Thraän attendait seul à l’extérieur dans le couloir. Les deux hommes l’avaient laissé. Il entendait au même moment Anna en train de hurler. Il se sentait si impuissant et il s’en voulait tellement que de rage, il donna un violent coup de poing dans le mur et l’enfonça.
Le produit continuait de se répandre dans l’organisme d’Anna. Dès cet instant, un phénomène étrange vint se produire…
Chaque blessure, chaque lésion se refermait au fur et à mesure. Sa lèvre et son arcade déchirées se recollaient petit à petit. Ses côtes cassées et ses membres fracturés se ressoudaient eux aussi. Anna était-elle réellement sortie d’affaire ? Rien n’était certain…
Après environ une demi-heure de transfusion, la machine s’arrêta enfin. Les aiguilles se replièrent à l’intérieur des tuyaux, puis les deux bras articulés se relevèrent et s’éloignèrent. Le caisson de verre se dématérialisa et la table où était allongée Anna glissa à l’opposé de la machine.
Avant d’être transportée dans la salle d’observations, la jeune femme fut recouverte d’une membrane formant une seconde peau afin de préserver son intimité.
Il n’y avait rien autour d’elle, à part une console qui la reliait avec des électrodes, une blouse blanche posée sur un crochet dans le mur et des outils de médecine qui s’apparentaient à des scalpels. La lumière était si puissante, les murs si blancs et sur la paroi à sa gauche, de l’autre côté, il y avait une salle, un poste d’observation avec une vitre semi-réfléchissante permettant d’observer les sujets, mais il lui était impossible de percevoir cette salle.
Thraän était là, debout, de l’autre côté de cette vitre avec le médecin. Il observait attentivement Anna et attendait impatiemment son réveil lorsque soudain, elle ouvrit les yeux d’un coup. Les deux hommes continuaient de l’observer.
L’esprit embrumé, la jeune femme se redressa et s’assit sur la table un instant. Elle examina ses bras, ses jambes, son corps envahis d’électrodes. Elle les arracha les unes après les autres et observa autour d’elle sans savoir qu’elle était sous surveillance.
Dès lors, elle se leva directement, récupéra la blouse suspendue au crochet et s’emmitoufla avec. Elle saisit également l’un des scalpels posés sur la console qu’elle dissimula dans l’une des poches.
Ensuite, elle se dirigea vers la porte et s’engagea à toute vitesse dans le couloir après l’avoir inspecté. Thraän partit aussitôt à sa poursuite...
La jeune femme ne savait pas où elle était ni ce qu’elle faisait là. Elle n’avait que très peu de souvenirs. Elle courait et cherchait dans l’affolement, une issue de secours mais à un moment, elle tomba nez à nez sur deux gardes qui patrouillaient dans l’endroit.
Elle était aussitôt démasquée, alors elle fit demi-tour, courut de toutes ses forces et emprunta l’un des multiples couloirs qui s’offraient à elle. Les gardes se mirent à sa poursuite très rapidement et donnèrent l’alerte.
Une énorme alarme retentit. Anna était paniquée, mais elle réussit à trouver, par chance, un petit renfoncement dans le mur où elle put se glisser.
Les deux hommes passèrent devant elle sans la repérer, alors une fois qu’ils s’étaient suffisamment éloignés, elle sortit de sa cachette et emprunta très vite un autre couloir.
Là, elle arriva dans un endroit qui se séparait en quatre directions perpendiculaires. Elle s’apprêtait à prendre la direction face à elle, lorsqu’un garde sorti de nulle part, vint l’en empêcher.
Elle se retourna, jeta un œil à droite où un autre garde vint de se positionner puis à gauche, idem…
Anna était prise au piège !
Elle se tourna lentement, dévisagea le garde qui lui faisait face, puis elle s’empara du scalpel qu’elle avait trouvé dans la salle. Au point où elle en était, elle se dit qu’elle n’avait plus rien à perdre, alors elle saisit le scalpel à deux mains et tenta de se l’enfoncer d’un coup sec dans la poitrine quand une voix retentit soudain : « Stop ! »
La jeune femme s’exécuta. Puis elle se retourna pour voir qui l’avait empêché de commettre l’irréparable.
C’était Thraän. Il se tenait debout devant elle et il venait de dissuader la jeune femme de se donner un coup fatal.
Anna qui tenait toujours le scalpel dans sa main droite se mit à sangloter.
— Vous êtes qui ? Qu’est-ce que je fais là ? On est où ? Mais… je vous connais… si…je vous connais ! Vous aviez dit qu’il ne m’arriverait rien ! Vous m’avez menti ! Je vous faisais confiance ! Et puis…qu’est-ce que vous m’avez fait ? Quelque chose a changé…
Alors Thraän, à la fois ému et bouleversé s’avança lentement vers elle.
— Anna, calme-toi, je ne t’ai pas trahi, je vais tout t’expliquer, mais calme-toi ! Je te dirai tout, mais pose ce couteau, pose-le !
Il s’adressa aux gardes dans cette langue et leur demanda de baisser leurs armes. Les quatre hommes obéirent. Ils partirent en direction de Thraän et, tout passant aux côtés de la jeune femme, sans se préoccuper d’elle, ils quittèrent l’endroit.
Thraän et Anna étaient, à présent, face à face et seuls dans ce couloir.
Elle observa le couteau qui était dans sa main droite, puis elle releva la tête en pleurs.
Elle jeta à l’homme un petit regard affligé avant de récidiver, mais celui-ci arriva devant elle d’une rapidité extrême.
Il saisit le couteau de justesse avant de le jeter violemment à terre. Puis il serra très fortement les deux mains d’Anna, conscient d’avoir évité le pire.
Elle avait peur et demeurait désespérée, mais de façon très spontanée, elle se jeta aussitôt sur son torse en pleurant de plus en plus fort.
L’homme l’étreignait comme pour la rassurer.
« Tu n’as rien à craindre maintenant. Personne ne te fera de mal… je te promets qu’il ne t’arrivera rien…partons de cet endroit maintenant, viens avec moi ! »
Il décrocha la cape sur ses épaules et entoura avec la jeune femme qui était frigorifiée, puis ils progressèrent lentement dans le couloir jusqu’à l’ascenseur.
Arrivés en haut, ils étaient dans cette grande pièce, à l’entrée du bâtiment. Ils quittèrent tous les deux l’endroit.
Thraän la conduisit vers sa monture, mais à la vue de la bête, Anna fut saisie de peur. Elle observait la créature de tous ses yeux et refusait de faire un pas de plus.
— Mais…mais qu’est-ce que c’est ?
Thraän jeta un œil sur sa monture, il esquissa un petit sourire et tenta à nouveau de la rassurer.
— N’aie pas peur ! Elle peut paraitre impressionnante, mais elle ne te fera aucun mal.
Anna n’était pas très rassurée, mais ils avançaient tout de même vers la créature.
La monture de Thraän ne ressemblait en rien à tout ce qu’Anna avait déjà pu voir. Elle était magnifique, mais en même temps si impressionnante. C’était un pthërog, une sorte de grand félin noir, d’au moins un mètre cinquante de hauteur sur quatre mètres de long. Elle possédait une longue queue qui s’agitait dans tous les sens, de magnifiques ailes d’au moins deux mètres de long qui se déployaient et ses yeux magnifiques étaient illuminés d’un splendide doré. Elle était si belle, mais à la fois si effrayante à première vue.
Ce n’était pas un animal comme les autres, elle était bien plus que cela...
Le pthërog est une monture de combat. Ces grandes griffes acérées et la vapeur acide verdâtre qui émanent de sa gueule sont redoutables pour ses adversaires. Seuls les seigneurs peuvent posséder de telles créatures ou ceux qui sont autorisés à en avoir une.
Thraän fit monter Anna sur la créature ailée puis il grimpa à son tour derrière la jeune femme. Le pthërog se mit à galoper en direction du chemin peu fréquenté puis ils partirent pour la villa.
Ils s’étaient suffisamment éloignés du cœur d’Avraska. Ils traversèrent un sous-bois puis des champs fleuris pour arriver au bas de cette petite colline qu’ils arpentaient.
Au sommet, une immense et somptueuse villa sur deux étages leur faisait face. Il y avait beaucoup de motifs, de fioritures, de détails qui ornaient les murs. Des colonnes de types corinthiens soutenaient l’étage supérieur de la villa. Elle ressemblait trait pour trait à l’une de ces prestigieuses villas que l’on pouvait admirer au centre de la cité. L’endroit était calme, isolé et à proximité, il y avait également un magnifique jardin et un petit bassin. Cette demeure appartenait à Thraän.
Je reprends enfin mes esprits. Nous sommes arrivés en haut de cette petite montagne. Il y a cette immense maison devant moi. Je ne sais pas ce que je fais là, ni pourquoi je suis là.
Cet homme, Thraän me fait descendre de cette chose et me conduit jusqu’à la maison.
Avant d’entrer, j’inspecte les lieux, car je ne sais pas ce qui m’attend.
À l’intérieur, je suis si surprise en découvrant ce décor somptueux : des meubles très travaillés, des fresques aux murs, des statues et toutes sortes d’objets de déco. Cet endroit est plutôt luxueux. Je suis émerveillée.
— Où sommes-nous ?
— Nous sommes chez moi… et désormais, tu es ici chez toi ! me dit Thraän d’un air ravi.
Je ne comprends pas ce qu’il veut dire par là. Je veux en savoir plus, je suis persuadée qu’il se moque encore une fois de moi.
— Chez moi ? Mais où sont vos enfants ? Votre femme ? Je ne crois pas qu’elle appréciera de me voir ici !
Thraän se met à rire, mais semble également très gêné.
— Rassure-toi, il n’y a rien de tout ceci…il n’y a que moi qui vit ici !
Je suis assez étonnée. Je continue d’inspecter les lieux et de temps à autre, je zieute le plafond, car son décor m’attire.
Et puis, j’observe ce Thraän droit dans les yeux et je le taquine un peu.
— Oh ! et, ce n’est pas ennuyant de vivre tout seul dans une aussi grande maison ?
Là, j’ai dû le mettre mal à l’aise, car il vient de baisser aussitôt les yeux et me répond plutôt sèchement.
— Pas vraiment…disons que j’ai d’autres préoccupations !
Il m’emmène ensuite dans une pièce où nous nous asseyons. J’ai froid et je tiens fortement sa cape qui m’enveloppe.
Je scrute tout autour de moi ce petit salon plutôt coquet.
— Je ne me rappelle plus de rien ! Pourquoi je suis là ? Qu’est-ce que vous me voulez ? Et puis, pourquoi je ne me sens pas comme d’habitude ? Quelque chose a changé ! Je n’entends plus pareil et puis…mes yeux…mes yeux… Tout est plus net maintenant !
Lorsqu’Anna se confie à l’homme, il devient inquiet et son visage change d’expression. Le caisson était censé guérir ses blessures et lui sauver la vie. Le vigo-trōn a également le pouvoir de corriger les petits défauts, tels que les troubles de la vision dont elle était sujette, mais en aucun cas, des pertes de mémoire ne devaient se produire !
— Et de quoi te souviens-tu exactement ?
Là, je lui énonce tout ce qui me revient à l’esprit.
— Je me rappelle de rien à part que nous étions dans un endroit, seuls ! Je vous vois en train de me dire que tout ira bien, de vous faire confiance. Je me rappelle aussi que j’étais au bureau et que les vitres ont explosé…ensuite, tout est si flou !
Thraän me regarde d’un air plutôt inquiet.
— C’est vraiment tout ce dont tu te souviens ? Rien d’autre ?
— Non ! Rien d’autre !
— Je vais tout t’expliquer, mais avant je vais faire venir le dokri’yova pour qu’il t’ausculte.
Ce mot ne me dit rien.
— Le quoi ?
Après m’avoir expliqué sa signification, je comprends qu’il s’agit d’une sorte de médecin.
Je ne suis pas très convaincue, alors j’insiste pour qu’il m’explique d’abord tout ce qui s’est passé depuis le début.
Il hésite, mais il finit par me raconter brièvement tout ce qui m’est arrivé.
— Anna, tu viens de la planète Terre…
Je l’interromps d’un air moqueur.
— Oui, ça je sais merci !
— Mon nom est Thraän. Mon armée était en train d’envahir ta planète lorsque nous nous sommes rencontrés ! Tous ceux qui ont été capturés ont été emmenés sur Nosfuria, ma planète, l’endroit où tu te trouves en ce moment. Avant de quitter la Terre, je t’avais demandé de me faire confiance car pendant le voyage, je ne pouvais te garder avec moi. Pour ne pas attirer de soupçons sur mes intentions, je devais te traiter comme les autres, mais je te réservais un meilleur sort. Malheureusement, rien ne s’est passé comme je l’avais prévu…un garde était censé te récupérer dans la salle où tu étais détenue avec les autres, mais à notre arrivée sur Nosfuria lorsqu’il partit te rejoindre, il ne te trouvait pas ! Tu avais déjà quitté la salle et tu avais suivi les autres. Je t’ai cherché pendant des jours et des nuits, mais rien ! J’ai inspecté chaque endroit de la cité et je ne pensais sûrement pas que tu aurais atterri dans cet endroit… un jour, deux de mes hommes t’ont rencontré dans une des mines et t’ont questionné. L’un d’eux t’avait reconnu alors il vint m’en informer directement et nous partions sur-le-champ pour te sortir de là, mais lorsque nous arrivions, il était déjà trop tard ! L’hoyük, une des créatures qui surveille les esclaves dans la mine, t’avait massacré et quand j’arrivais sur place, tu étais à moitié morte, étendue sur le sol. Je me refusais à te laisser mourir, je t’avais fait une promesse alors nous t’avons transporté au medh’yova, un poste de soin où tu as été mise dans le vigo-trōn, un caisson de régénération. Après cela, tu as été inconsciente pendant sept jours. Tu as survécu, mais jamais nous n’avions eu l’occasion de tester le caisson sur un être humain...
« Est-ce qu’il vient de me dire que j’ai été miraculeusement ressuscitée d’entre les morts ? »
C’est insensé ! Je nage en pleine fiction !
Il se redresse sur le divan et poursuit : « Si autrefois, tu étais prédisposée à des problèmes de santé, désormais, le vigo-trōn les a éliminés ! Parmi eux, ton audition, ta vue, ton ouïe… tous tes récepteurs sensoriels ont été restaurés… »
— Hein ? Mais…mais…comment ?
— Désolé, mais je ne peux pas t’en dire plus… à vrai dire, je n’ai pas les connaissances nécessaires pour t’expliquer le fonctionnement de cette machine, mais à mon avis, ta perte de mémoire est peut-être due à son effet…à ce propos, je ferais venir le dokri’yova pour qu’il t’ausculte, je voudrais m’assurer que tout va bien !
Je suis très perturbée par ce qu’il vient de m’avouer, mais je ne peux que le croire. Tout ce qui m’entoure est si surréaliste ! Et à présent, je comprends mieux, par quel incroyable miracle, mes problèmes de myopie se sont soudainement volatilisés…
Cependant, plusieurs questions me viennent à l’esprit : « Quand est-ce que je retournerais chez moi ? Et pourquoi moi ? Pourquoi m’avoir sauvé ? »
Je l’embarrasse encore une fois, alors il ne me répond pas. Il soupire discrètement, puis il se lève et me demande de le suivre.
Nous empruntons une sorte de grand escalier bâti dans un matériau comme du marbre et nous arrivons au deuxième étage où je distingue plusieurs portes.
En haut de l’escalier, nous tournons à gauche et pénétrons dans une pièce. Il y fait sombre, mais dès que nous pénétrons à l’intérieur, une lumière sortie de nulle part vient d’éclairer la pièce.
C’est une vaste chambre. Il y a un lit gigantesque suspendu à un mètre du sol qui plane dans le vide et la tête de lit est entourée de petites lumières bleues. J’aperçois aussi des espèces de caissons avec des compartiments accrochés sur le mur en guise d’armoire et une table qui n’a pas de pieds, fixée sur une autre cloison.
Un petit couloir donne lieu sur une autre salle où il y a une sorte de cylindre de verre relié au plafond. J’observe cette grande vasque et cet immense miroir entouré de minuscules petits néons bleus. Ça doit être une salle de bain... Il y a aussi ce truc qui s’apparente à des toilettes, en forme d’arrondi et qui s’auto-nettoient en affichant des petites lumières. Enfin ça, je ne l’ai compris que bien plus tard…
Le design des équipements parait très futuriste, je n’avais jamais vu ça auparavant. Je suis tellement admirative devant cette chambre, que j’en oublie de lui reposer mes questions qui étaient restées sans réponses.
Il se tourne vers moi et me fait une annonce assez particulière : « Ce sont tes appartements, tu pourras te reposer ici. Maintenant, attends-moi, je vais chercher le médecin, je veux qu’il t’ausculte, je n’en aurai pas pour longtemps ! »
Il quitte l’endroit en me laissant seule dans cette grande demeure. Je décide de faire ce qu’il a dit, car à vrai dire, je ne sais pas où aller. Je m’allonge sur le lit en l’attendant, mais évidemment, j’ai la brillante idée de m’assoupir dès cet instant.
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