Clara, seize ans, se réveilla en sursaut. La nuit était sombre et silencieuse, mais son esprit était une tempête de pensées tourbillonnantes. Elle regarda l'horloge sur sa table de chevet : 3h27 du matin. Encore une nuit sans sommeil. Depuis plusieurs mois, les nuits sans repos étaient devenues une habitude, une routine désespérante. Les murmures inquiétants de son esprit semblaient plus forts dans l'obscurité, comme si l'absence de lumière leur donnait plus de pouvoir.

 Elle se tourna et se retourna, cherchant une position confortable, mais le confort semblait être un luxe inaccessible. Sa respiration était rapide, ses pensées s'emballaient : "Et si je n'y arrivais pas ? Et si je décevais tout le monde ?" Ces questions, bien qu'irrationnelles, résonnaient avec une certitude effrayante dans son esprit.

 Le lendemain matin, Clara se leva, épuisée mais déterminée à affronter la journée. Elle se regarda dans le miroir de la salle de bains : ses yeux étaient cernés, son teint pâle. "Encore une journée à survivre", pensa-t-elle en se brossant les dents. À l'école, les choses n'étaient pas plus faciles. Clara était une élève brillante, toujours en quête de perfection. Les notes, les examens, les projets, tout cela pesait lourdement sur ses épaules. Chaque échec potentiel était une catastrophe imminente dans son esprit. Ses amis semblaient naviguer dans la vie avec une aisance qu'elle ne pouvait pas comprendre. Ils parlaient de leurs projets pour le week-end, riaient ensemble, mais Clara se sentait comme une étrangère parmi eux.

 Clara était fille unique. Ses parents, bien qu'aimants et présents, ne pouvaient combler ce vide qu'elle ressentait. Elle n'avait ni frères ni sœurs, et même pas de cousins pour partager ses joies et ses peines. La maison était souvent silencieuse, et bien que ses parents fassent de leur mieux pour la soutenir, Clara ressentait un manque profond de la chaleur d'une famille élargie.

 Dans les cours, elle se forçait à se concentrer, mais son esprit vagabondait constamment. "Et si je ne pouvais pas répondre aux attentes ? Et si je perdais mes amis ? Et si mes parents étaient déçus de moi ?" Ces pensées, bien qu'elles semblent banales pour d'autres, étaient un poids constant et écrasant pour Clara.

 Le soir venu, après une journée de lutte silencieuse, Clara se réfugia dans sa chambre. Elle aimait écrire dans son journal, c'était son seul échappatoire. Elle y décrivait ses peurs, ses doutes, ses espoirs. Mais ce soir-là, même l'écriture ne semblait pas suffire à apaiser son esprit tourmenté. Allongée sur son lit, les larmes aux yeux, Clara se demanda comment elle pourrait continuer ainsi.

  Elle savait qu'elle devait faire quelque chose, mais quoi ? À qui pourrait-elle parler de ses angoisses sans paraître faible ou ridicule ? Les jours passaient, et avec eux, l'anxiété de Clara grandissait, telle une ombre insidieuse qui s'étendait sur sa vie.

 Ses parents, inquiets pour leur fille unique, l'avaient encouragée à consulter un psychologue. Après des semaines d'hésitation, Clara avait finalement accepté. Maintenant, elle voyait sa psy fréquemment. Ces séances étaient un mélange de soulagement et de frustration. Parler de ses sentiments lui faisait du bien, mais les affronter était douloureux.

 Un après-midi, après une énième séance, Clara sortit du cabinet de la psy avec un sentiment de légèreté temporaire. Le soleil brillait, mais elle sentait toujours ce nuage sombre au-dessus de sa tête. Ses parents l'attendaient dans la voiture, souriant avec espoir. "Comment ça s'est passé, ma chérie ?" demanda sa mère, sa voix pleine de douceur.

 "Ça va," répondit Clara, esquissant un sourire fatigué. "On a parlé de nouvelles techniques pour gérer l'anxiété."

 Ses parents échangèrent un regard, mélange de soulagement et de souci. Ils savaient que le chemin serait long, mais ils étaient déterminés à aider leur fille à trouver la paix.