Automne
Lorsqu'arrive ta rechute, je t'en veux. Je ne comprends pas. Je ne l'explique pas et je m'en veux terriblement pour ça. Je n'ai pas vu de signes. Ou, si je les ai vu, je les ai ignoré. Je les ai balayé comme de petits nuisibles qu'on chasse de la main et qu'on oublie aussitôt. Avec le recul, je ne sais pas si j'étais aveugle ou si tu étais bon simulateur. Secret, tu l'es. Tu te livres difficilement ou après coup, lorsqu'il est trop tard. C'est terrible de n'avoir rien vu et je me sens nulle de t'accabler. Ok, il y a rechute. Un parcours sans faute, c'est difficile. Avant de courir, il faut marcher et ça ne se fait pas sans quelques bobos. Il faut se relever et reprendre la course. Tu peux le faire. Je crois en toi. Je crois pour toi.
J'avoue, je suis déçue. La désillusion est à la hauteur de mes espérances et c'est vrai, je nous voyais déjà fonder notre famille. Tant pis, je remets ce projet à plus tard. Mes sentiments sont inchangés. Je sais que les tiens sont réciproques. On a perdu une bataille mais pas la guerre. Tu fais de ton mieux. Je te soutiens du mieux que je peux. Je réalise vite que mon aide seule ne suffira pas. Ta volonté vacille. Tu multiplies les recours mais je te vois dégringoler au fil des semaines. Tu contemples l'abysse et l'abysse te regarde aussi. Tu sombres. Tu t'autodétruis. Gardes à vue. Urgences. Appels à l'aide. Il y a un feu en toi. Une rage qui t'énivre, te blesse et blesse ceux qui t'entourent. Je suis en première ligne. Je suis témoin de tes souffrances. Je suis désemparée devant mon impuissance. J'épluche tous les livres et les témoignages qui me tombent sous la main. Si je n'ai pas les réponses, d'autres les ont peut-être.
Sobre, tu l'es quelques jours. Je te retrouve alors et mets aussitôt sous clef les moments difficiles. Chaque accalmie est une bouffée d'air frais. Je m'accroche à ces moments. Je t'aime tellement. Tu sais je ne cherche pas à retrouver ce qu'on a perdu. Je veux plutôt construire de nouvelles fondations. Solides. Ta détresse, je m'en empare si tu le veux. Je sais celui que tu caches. Tu restes un homme blessé. Je ne peux pas te sauver. Ce pouvoir-là, je ne le possède pas. T'accompagner, par contre, je pense en être encore capable. Changement de région, changement de métier : on opte pour le nouveau départ.
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