Hiver
J'ai sauté dans l'inconnu. J'aime ma routine mais je suis un caméléon. Je m'adapte à tout environnement tant que la compagnie est agréable. Ma main dans la tienne, on a plongé. Quelques battements de pieds et je suis remontée jusqu'à ce nouveau rivage. De ton côté, tu as bu à grosses goulées... L'univers se ligue contre toi. Rien ne t'est épargné. Tu as beau plaider ta cause, c'est une fin de non recevoir.
Notre nouveau départ est compliqué. On a gagné au change question qualité de vie mais, tu déchantes côté professionnel. Tu sombres. La chute n'en finit plus. Tu toucherais le fond que tu creuserais encore. La phrase m'amusait avant. Aujourd'hui, elle m'effraie de par sa véracité. Tu es allé trop loin. Ton désespoir s'est mué en une chose visqueuse qui s'est posée sur ma peau et m'a grignoté petit à petit. J'ai pris peur. Je suis partie. J'ai pas d'excuse. Je t'ai abandonné quand tu étais au plus bas et si je devais le refaire, j'agirai à nouveau ainsi. A un moment, il faut savoir se préserver. A tes côtés, je me suis oubliée. Je m'oublie toujours un peu.
Malgré tout, je suis revenue car souffrir à tes côtés m'est moins pénible que vivre sans toi. Je crois toujours au "Nous". C'est tenace un espoir quand on aime. Tu le sais bien que mes sentiments pour toi sont sincères. Tu ne sais pas pourquoi. Tu me répètes que tu ne me mérites pas et que je mérite mieux. Tu es sot, parfois. Tu m'aimes. Je ne demande pas plus. Tu as tes faiblesses. Je les connais. Je les dompte quand je peux. Malheureusement, je suis faillible. Je reste humaine. Petit à petit, je fais le deuil d'être celle qui parviendra à panser tes plaies. Quand on y pense, j'ai fait preuve d'une belle prétention.
Ta guérison, la voie vers le meilleur, c'est à toi seul de la modeler. C'est effrayant parce que tu es loin d'être adroit de tes dix doigts quand on y songe ! Néanmoins, tu as réussi à pétrir la pauvre âme que je suis, tout espoir n'est donc pas perdu. Je ne sais pas si demain, je serai toujours à tes côtés. Pourtant, je n'arrive pas à te quitter. C'est comme ça. J'ai la conviction qu'il y a quelque part en toi cette force qui soulèvera la chape de plomb qui te broie. Je ne serai peut-être pas là pour le voir. Ce ne sera pas contre toi. La raison prendra peut-être le pas sur les sentiments. A un moment, je ne pourrais plus t'accompagner si moi-même, je tombe.
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