Apparition
« Moi j’suis d’passage… »
Vanessa Paradis dans le rôle de Cécile,
La Clef (2007)
long métrage de Guillaume Nicloux
Je flânais donc. A la recherche d’un présent pour Camille, ou d’un futur pour moi. Parce que mon avenir ne pouvait résolument plus se jouer dans les cours insipides de littérature comparée de Mademoiselle Reinhardt.
Mon esprit vagabondait au rythme de mes pas sur les pavés de la place Saint-Léger. La pluie, facétieuse, me cueillit soudainement au détour de mes pensées. En quelques enjambées, je me réfugiai sous un vulgaire abribus qui semblait avoir davantage vécu que moi, à en juger par les multiples graffitis qui l’habillaient.
A quelques mètres de là, un arc-en-ciel dansait dans un rai de lumière mordorée, peignant trottoirs et caniveaux de teintes plus resplendissantes que leur gris sale ordinaire.
A la faveur de cette rencontre éphémère entre un soleil taquin et une eau espiègle, Elle m’apparut tel un mirage. Elle, silhouette immaculée foulant le sol de ses pieds nus comme une Cendrillon des temps modernes. Elle qui luttait pour passer entre ces gouttes insidieuses. Elle qui savait pourtant que c’était peine perdue, que Dieu était le plus fort à ce jeu-là.
Dans sa course effrénée, j’attrapai sa main et l’attirai à moi; comme si nos vies en dépendaient. Elle était là, fébrile, à trembler comme une feuille agitée par le vent. Ses longs cheveux ruisselaient sur ses frêles épaules, sa robe légère moulant son corps de parfaite sylphide. Dans l’azur de son regard perdu, je parvins à capter l’étincelle et tentai de la conduire dans ma réalité. Nos mains ne se quittaient plus, j’étais son guide.
Enfin, Elle me sourit. Mais à mesure que je m’approchais d’Elle pour lui voler ce baiser que je convoitais tant, son image s’étiolait, se floutait à en devenir presque irréelle. Elle n’était plus qu’un songe d’une nuit d’été, une chimère que le soleil fit disparaître. A mon grand regret…
Annotations
Versions