V

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Niveau social, je ne dirais pas que j'étais malheureux, loin de là même en fait, mais disons plutôt que mes relations étaient loin d'être conventionnelles. Depuis des années alors, je ne voyais presque plus personne dans le "vrai monde" en dehors de ma famille. Toutes mes relations se passaient sur internet, et en réalité ça me convenait plutôt bien comme situation.

J'y ai toujours été bien plus à l'aise ! Pendant un temps, entre mes 16 et 20 ans, je suis beaucoup sorti avec un groupe d'amis, en fait, je m'y suis greffé un jour, et les ai suivi ensuite plus qu'autre chose. Mais j'y ai toujours été en retrait. Enfin, préférant de loin l'observation, me procurant d'ailleurs souvent le sentiment de vivre, du moins de ressentir, beaucoup plus de choses que d'autres lors de nos soirées, à l'action, je n'étais certainement pas celui qu'on remarquait.

Je pouvais alors, pendant les fêtes, dans un même temps suivre une conversation à côté de moi, des fois même plusieurs, tant qu'elles n'étaient pas compliquées à comprendre, arrivant à savoir où elles allaient et observer les jolies filles danser, éperdues dans le rythme de la musique, entrainée par certaines drogues, fumant moi-même un joint, quand l'un de ceux que j'écoutais n'était capable que de suivre son propre flot de paroles, ignorant les appels de sa copine à l'autre bout du canapé, auxquels je répondais après un temps, exaspéré que ses cris n'atteignent pas le débile grandiloquent qu'elle aimait pourtant visiblement.

Mais toujours, je restais assez seul, j'observais, j'emmagasinais tout ce qui se passait, y repensais plus tard, essayant d'analyser ce que j'avais vu, si bien qu'au bout d'un moment, j'ai eu l'impression de les connaitre trop, du moins, ne venant pas vers moi, et comme je n'irais pas non plus vers eux, j'avais fait le tour de ce qu'ils pouvaient m'offrir.

Alors, comme je suis arrivé, je suis reparti. Je me suis renfermé dans ma chambre, sur mes écrans, et là j'ai découvert plus en profondeur un monde que je n'avais alors qu'effleuré. Un monde où je pouvais être moi, sans aucun risque d'être blessé. Hmm... On peut l'être en fait, il y a des personnes mauvaises partout, mais c'est infiniment plus simple de les ignorer. Dans la "vraie vie" c'est plus compliqué, vous pouvez voir les regards se tourner vers vous, les conversations en même temps, puis les sourires, les rires mêmes, dont on ne sait jamais vraiment ce qu'ils veulent dire, mais qu'on peut bien vite interpréter.

Sur internet, c'est bien différent, on ne voit pas les yeux des gens. On ne peut pas voir réellement ce que pense l'autre. Vous pourriez voud dire que c'est donc bien moins authentique, et vous auriez certainement raison dans la plupart des cas, mais finalement, pas plus que dehors. Puis, il y a quand même ces relations, parfaites à mon sens, même si éphémère dans mon cas, où vous tombez sur les personnes qui vous ressemblent vraiment, qui ont les mêmes goûts, les mêmes envies, les mêmes idées et délires, et tout est alors parfait.

J'ai passé des heures à discuter de tout et de rien, avec des gens que je connaissais en fait à peine, mais comme je ne l'avais jamais fait autrement.

Mais ça aussi j'ai dû le quitter, car, si certains ont l'air de pouvoir, je n'ai jamais réussi à faire partie de ces deux mondes en même temps, et je devais une fois de plus me servir du vôtre afin de faire quelque chose de ma vie.

Ainsi, pendant une formation de plusieurs mois, dans un cadre relativement scolaire, entouré de gens avec qui je partageais au moins un intérêt particulier, je m'intégrais facilement et nouais quelques relations, entretenues surtout par le biais d'internet.

Alors, encore une fois, en quittant la formation n'étant absolument pas en besoin, je crois, d'allers vers les gens, je les laissais s'éloigner, autant qu'ils le faisaient finalement avec moi. Je rejoignais mon nouvel emploi, solitaire comme jamais, et, là, ne trouvait personne avec qui vraiment m'entendre. Le cadre professionnel ne laissant en réalité que peu de place pour ça. S'il y a des temps de déconnade ou de discussion, on y est quand même principalement pour travailler, et je le faisais très bien seul.

Mais ça ne me dérangeait pas vraiment, j'avais un autre "plan", du moins d'autres espoirs afin de retrouver un semblant d'activité sociale "traditionnelle", surtout en réalité pour trouver une âme avec qui je puisse échanger, tant par la parole que par le geste.

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