VI

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Je comptais donc sur ce nouvel appartement, cette nouvelle vie qui s'offrait alors à moi. Ayant habité toute ma vie dans un petit village au milieu de champs, je rejoignais l'effervescence même de la grande ville la plus proche.

Dans mon logement tout neuf, situé au beau milieu de la rue piétonne principale, j'espérais pouvoir développer des envies de sortir, d'aller me confondre au monde nouveau qui se glissait sous ma fenêtre. Mais, n'ayant jamais eu vraiment à le faire, certainement grâce à une bonne figure et un contact gentil, on m'avait toujours invité à rejoindre tel ou tel groupe, ou, si j'avais poussé un minimum pour l'intégrer, on ne m'en avait jamais fermé les portes, sans pour autant que je doive jouer de quelques mécaniques particulières.

Ainsi donc, plus qu'essayer d'aller vers la vie sociale, j'attendais qu'elle vienne à moi. J'ai cru apercevoir un moment une faille par laquelle m'y insérer.

Revenant un après-midi du tabac, un peu plus loin dans la rue, sous un doux soleil de fin de printemps, heureux de ma vie, certainement aidé dans ma béatitude par le joint que j'avais fumé quelques heures auparavant, je m'approchais de la porte de mon bloc d'appartements quand je vis, juste devant celle-ci, un jeune fille, la vingtaine, des cheveux châtains et tout bouclés, un corps svelte, orné de jolies petites formes parfaitement arrondies.

Elle était accompagnée de deux énormes valises et d'une plus petite, cherchant dans son sac à main le badge permettant l'accès à nos logements. La voyant s'énerver un peu, ne trouvant pas son trousseau dans un sac certainement trop rempli, je venais doucement, sortant le mien de ma poche et m'intercalais fièrement entre elle et la porte, lui adressant un "Bonjour." avec ce sourire qu'on m'a souvent dit être charmant, afin de passer mon badge contre le lecteur. La serrure se déclenchant, je poussais alors le panneau de bois, entrais, et lui adressant toujours le même sourire, je retenais la porte afin qu'elle puisse entrer avec ses bagages.

Elle me rendit un chaleureux, bien que légèrement timide, sourire, et alors, je me laissais, instinctivement, aller à proposer mon aide :

"Je peux t'aider ?"

Lui demandais-je en approchant la main de la première valise qu'elle faisait avancer difficilement par l'ouverture de la porte. Elle plongea ses yeux verts dans les miens et accepta d'un signe de tête, rougissant maintenant faiblement.

Alors je saisissais la poignée, faisais glisser le bagage à roulette à l'intérieur et quand elle approchait la deuxième, je réitérais l'action.

Finalement, j'embarquais les deux vers l'ascenseur, la belle me suivant avec la petite qui restait.

À l'intérieur de la cage de fer, je lui demandais à quel étage nous allions et appuya sur le bouton du deuxième après sa réponse.

"Alors, d'où tu reviens avec tout ça ?" me renseignais-je gentiment, et réellement intéressé.

"Oh... Je... J'étais chez mes parents pendant une semaine." balbutia-t-elle en réponse.

Surpris, je regardais les valises, devant contenir à elles seules plus que je n'avais moi-même d'affaires dans mon armoire, et toujours souriant, lui demandais :

"Une semaine ?"

La jeune femme, saisissant la taquinerie, répondit en riant :

"Oui, en réalité je ramène des affaires de chez eux !"

J'apprenais ensuite qu'elle s'appelait Emma alors que la porte de l'ascenseur s'ouvrait, nous obligeant à détourner le regard l'un de l'autre. Je la suivis alors dans le couloir menant à son appartement, celui-ci étant exactement le même qu'à l'étage du dessous, je lui dis, quand nous arrivions devant sa porte :

"Oh, mais je suis ton voisin du dessous il semblerait !"

Tout d'un coup enjouée, elle me répondit :

"Ah ! C'est parfait alors ! J'avais peur de qui s'installerai ici, le dernier locataire, qui n'est pas resté très longtemps heureusement, était assez bizarre en vrai."

Ne comprenant pas bien en quoi ça pouvait la gêner, je plaisantais une nouvelle fois :

"Oh, j'espère alors l'être moins !"

Elle ria à nouveau en enfonçant et tournant les clés dans la serrure.

"Tu veux entrer ? Je t'offre un rafraichissement pour ton aide !" me demanda-t-elle, arborant un tout nouveau sourire.

J'acceptais bien volontiers, et se passa ce qui devait se passer...

Ça, c'est ce qui aurait pu advenir si mon inconscient, alors au contrôle, n'avait pas juste lâché la porte alors qu'elle y posait la main pour la retenir en faisant passer sa première valise. Au lieu de l'aider, sans même y penser sur le coup, je la laissais à ses occupations et grimpais rapidement les escaliers menant au premier étage où se situait donc mon appartement.

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