Un jour, après environ un mois que je vivais là, alors que je faisais la vaisselle un après midi, encore dans mon pantalon de coton un peu trop large qui me tombé assez bas sur les hanches, j'entendais par la fenêtre entrouverte à ma gauche le bruit des gens qui se baladaient dehors.

Sous un soleil éclatant, les conversations et les rires se mêlaient, formant comme une mélodie insondable de vie que j'aimais particulièrement.

Cette fois ci pourtant, une voix se détachait de la musique naturelle. Une voix douce et enjouée qu'en me concentrant un peu, je pouvais tout à fait comprendre. Celle-ci disait bientôt :

"Il est absolument canon, on s'est croisé une fois, mais je ne l'ai pas revu."

Elle s'arrêta un moment puis, je compris alors qu'il devait s'agir d'une conversation téléphonique, car elle eut l'air de répondre à quelqu'un que je ne pouvais pas même percevoir quand elle reprit :

"Naann ! Enfin si... J'avoue, j'aimerais bien, mais comment veux-tu que je m'y prenne, je ne peux pas juste aller frapper à sa porte et l'inviter comme ça si ?"

Une nouvelle pause puis :

"Oui, c'est écrit sur sa boîte aux lettres, il s'appelle Clément."

À ce moment, je compris d'où venait sûrement cette voix, et instinctivement, comme attiré par son regard, je tournais la tête vers l'extérieur. Mes yeux se posèrent alors directement sur les siens, je pouvais la voir, de l'autre côté de la rue, dans un étrange effet de reflet de la fenêtre d'un appartement vide et sombre.

Elle se tenait là, à sa propre fenêtre, juste au-dessus de moi, le téléphone sur l'oreille, me regardant elle aussi. Dès qu'elle s'aperçut que je posais mon regard sur elle, elle se cacha rapidement derrière son mur et certainement, se mit-elle à chuchoter, car je ne l'entendis plus.

Trouvant l'évènement drôle, mais sans grande importance, le jugeant comme n'étant qu'un heureux hasard, bien que sa réaction me laissait légèrement perplexe, je retournais à ma vaisselle sans trop y penser.