III

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Au travail, tout continuait sur la même lancée. Je travaillais depuis quelque temps sur un gros projet visant à optimiser la gestion de données particulières pour l'une des filiales du groupe.

Seul, j'avançais à mon rythme sur la programmation d'un site dans son entièreté. Si j'avais déjà fait plusieurs petites applications indépendantes, cette fois ci c'était bien autre chose, du moins c'était beaucoup plus important en taille, et avec énormément d'implications. Et je dois avouer que certaines petites erreurs que je laissais, me disant qu'elles n'impacteraient pas, devenaient, au fil des différents traitements qu'elles subissaient, d'immenses paquets de bugs et il me fallait alors recommencer de grosses parties de code.

Mais rien qui ne puisse être corrigé, et ça ne m'embêtait pas tellement de revenir en arrière, en profitant pour optimiser encore un peu plus le programme. Je me permettais cependant de prendre quelques libertés et me débrouillais, certes pas toujours proprement, mais efficacement pour faire fonctionner les choses. Mon code était finalement une petite usine de traitement, mais qui fonctionnait correctement. Le seul problème était sûrement qu'un autre développeur aurait eu un peu de mal à tout déchiffrer, mais tant que moi je m'y retrouvais ça m'allait très bien.

De toute façon, personne à part Morgan n'aurait pu comprendre quoique ce soit, mes supérieurs n'étant absolument pas des développeurs, ils ne comprenaient pas grand chose à ce que je leur disais pendant nos briefings hebdomadaires. Pendant ceux-ci je leur présentais mes avancées, et ainsi, pour toujours avoir quelque chose de nouveau à leur montrer, il m'arrivait de préparer quelques scripts factices. Ne se souciant que de ce qui s'affichait à l'écran, je leur donnais une espèce de vitrine fonctionnelle qui les trompait à merveille.

Selon le manager, mon unique problème au niveau du travail était que je me reposais trop sur le délai, quand il me demandait quand je pensais que j'aurais terminé, je lui répondais que ce serait fini dans les temps, sans pouvoir donner de précision, ne sachant en réalité même pas si ce serait le cas. Lui me répondait toujours que le délai, qu'ils avaient fixé large exprès, n'était absolument pas quelque chose que je devais avoir en tête, et qu'il fallait que le projet soit terminé le plus vite possible. Alors que c'était exactement ce que je faisais, le site serait opérationnel quand il le serait, je ne me souciais absolument pas de la date limite, qu'on repousserait s'il le fallait.

Mon autre problème selon lui était que je ne m'intégrais pas tellement socialement. En effet, j'avais déjà refusé les quelques soirées auxquelles ils m'avaient invités. Mais je ne comprenais pas du tout en quoi cela leur était important. Je savais pertinemment que pendant ces nuits où il se réunissait dans un bar autour d'un verre, ou de plusieurs, afin de discuter de ceci cela, de décompresser, me disait-il, je n'aurais certainement pas lâché un seul mot.

J'avais déjà un aperçu de ce que donnaient leurs conversations, les écoutant parler pendant leurs pauses café, où même quand, le vendredi, nous allions tous manger dans un restaurant du centre-ville, et, bien qu'ils puissent être assez drôle à des moments, aucune de leurs discussions ne m'avait jamais vraiment intéressé.

Ça ne tournait de toute façon généralement qu'autour du travail et je n'y avais rien à dire qui puisse enrichir la conversation. Puis, bien souvent en plus, c'était pour dire du mal de leurs clients qu'ils jugeaient débiles ou mêmes des gens d'autres services. La secrétaire, en surpoids, revenait d'ailleurs souvent au centre de blagues irrespectueuses qui, pour le coup, ne me faisait pas rire du tout. D'un autre côté, il y avait aussi celles sur les jolies femmes de l'entreprise, toutes aussi dégoûtantes que les premières. Si j'affichais alors un sourire, c'en était un de cynisme devant la bêtise de ces hommes.

Alors je ne voyais pas bien ce que j'aurais eu à faire lors de leurs petites sauteries, ne buvant pas d'alcool et refusant, quand je le pouvais, d'écouter leurs imbécilités. Je voyais réellement ça comme une perte de temps, et n'avait absolument pas besoin de m'intégrer plus que je ne l'étais à l'équipe comme le voulait le manager.

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