Chaque fois, c’est le même problème. Dès que Kimberley sait qu’elle doit rendre visite à sa mère, elle est mitigée, ballotée entre l’espoir que cette fois serait différente des précédentes et la crainte de se retrouver face à cette femme, comme des conséquences qui en découlent toujours. Elle a peur, ressasse les souvenirs, rumine sur sa vie. Elle compte les jours, les mois, les années où elle a souffert de cette relation et tente de comprendre pourquoi. Mais aucune raison ne lui semble à la hauteur de ses tourments. La trentaine bien tassée, elle fait le point sur son existence, des causes qui l’ont poussée à prendre cette décision ; couper les ponts définitivement avec sa famille. Non, elle n’irait plus. Kimberley, rongée par le remords, sait pourtant que c’est la meilleure résolution, pour elle, pour son enfant. Peu importe les liens de sang, ce qu’en diront les autres, elle se doit de mettre un terme une bonne fois pour toutes à toutes ces horreurs. Alors, pour se convaincre une dernière fois du bien-fondé de cette séparation, elle rembobine, douloureusement, le film de sa triste vie, prisonnière d'une tour invisible, l'ascendant d'une mère égoïste et manipulatrice. Aucun enfant, que de vulgaires pions.