La Bohème 3/3
- Eddy, c'est fini, Hélène est partie.
- Je suis désolé Henry, elle va nous manquer... à tous.
- Et à moi encore plus, ajoutai-je. Peux-tu prévenir la presse, la maison de disque et...
- Je me charge de tout, Henry, occupe-toi d'elle.
La grande horloge du salon, battait la mesure du temps qui c'était arrêté, à la mort de mon aimé. Elle me laissait seul maintenant, avec une vie qu'elle avait enchantée. Au fond, je n'arrivais pas à être triste, car je n'avais eu aucun regret et tellement de chose que je n'aurais osée rêver, sans elle, dans mon petit atelier.
L'homme que nous avions croisé le soir de son anniversaire, qui était l'un des plus grands producteurs de musique, il l'avait pris sous son aile et avait fait d'elle une immense star. La maison en Bretagne, les enfants, mon atelier... Tout, nous avions tout eu, et même plus. Mais elle était toujours restée Hélène, libre, rêveuse, insaisissable, les cheveux flottant dans le vent. Chaque année, nous passions un grand week-end avec nos amis de jeunesse, pour son anniversaire, à boire du vin et manger des pâtisseries, en souvenir du bon vieux temps. Je n'étais pas devenu le nouveau Renoir, mais j'étais libre de peindre, pour le plaisir et c'était le plus beau des cadeaux.
Notre amour résista à toutes les épreuves du temps, et même à quelques liaisons.
Mon amour, tu vas me manquer.
Je m'allongeais à côté d'elle. Son corps semblait seulement endormi et apaisé. J'étais à Montmartre, elle me donnait une pièce. J'étais chez Jean, l'écoutant chanter. J'étais dans mon atelier à peindre ses jolies courbes.
Nous étions un dimanche après-midi d'été. Nous nous étions arrêtés à la terrasse d'un petit restaurant, sans avoir vraiment réfléchi à notre possibilité de payer l'addition. Avais-je suffisamment de pièces dans mes poches ? Ce n'était pas important en fin de compte. Je me noyais dans ses yeux, comme elle se noyais dans les miens. Nous voulions oublier pour une fois, les fins de mois difficile, les calculs savants pour prioriser bois ou nourriture.
- Bonjour messieurs dame, que puis-je pour vous ?
- Et bien, de toute évidence nous voulons manger, commençai-je.
- Et boire aussi, ajouta Hélène.
- Qu'avez-vous à nous proposer ? continuai-je.
- Aujourd’hui, le chef a préparé du coq au vin. Sinon, nous avons aussi...
- Le coq au vin nous ira très bien, le coupai-je, en voyant le regard de ma belle. Et vous nous mettrez deux verres de Bourgogne.
- Rouge, je suppose ?
- Bien évidemment.
- Je vous apporte ça tout de suite.
- Je crois, que c'est une folie, Henry.
- Je le crois aussi, mais c'est tellement bon d'être fou.
Elle me sourit tendrement et glissa son pied contre le mien. Je crois que ce plat, reste dans mon souvenir le meilleur de tous ceux que j'ai mangé de ma vie. J'ai souvent essayé de retrouver cette saveur si spéciale. Mais aucune épice n'a le goût de la liberté, du bonheur et de l'insouciance. Une fois nos ventres remplis, j'avais fouillé dans le fond de mes poches et n'y avait trouvé que trois pièces. Hélène, voyant mon désarroi, avait cherché dans les siennes, mais n'avait pas eu plus de succès.
Un large sourire était apparu sur son visage. D'un signe de tête, elle m'avait fait comprendre qu'elle avait l'intention de partir en courant, dès que le serveur serait rentré dans le restaurant. D'un clin d’œil, j'avais accepté sa proposition et comme convenu, quelques minutes après nous étions tous deux dans une ruelle à courir le plus vite possible, se tenant par la main.
Son rire, emplissait l'air de joie, alors que les pigeons s’envolaient devant nous. Combien de temps avons-nous couru. Je ne pourrais le dire. Mais nous nous sommes arrêtés dans une petite ruelle isolée. Je l'ai embrassé, encore essoufflé.
- Henry, je t'aime.
- Je t'aime aussi, Hélène.
Une main sur sa poitrine et l'autre sous sa robe, je m'abandonnais au plaisir charnel. Elle n'arrêta pas mes ardeurs, au contraire, elle défit mes bretelles et ouvrit mon pantalon. Dans l'urgence de notre passion commune, je soulevais ses jupons et libérais ses fesses de sa lingerie. Elle s'accrocha à mon cou, alors que je la soulevais de terre, pour lui faire l'amour passionnément. Elle retenait ses cris pour ne pas alerter le voisinage, elle mordait ses lèvres pour les contrôler. Je ne ménageais pas mes efforts et m'abandonnais complètement. Un puissant orgasme nous submergea tous deux et nous terrassa.
Je la gardais encore un peu contre moi plaquée contre le mur.
Je me rappelle son odeur qui se mélangeait aux Lilas en fleurs, des oiseaux qui chantaient l'amour, de la douceur de ses boucles rousses entre mes doigts, du goût de ses lèvres, de ses yeux clairs et rêveur. Je me rappelle de toi Hélène.
Mon amour, j'arrive.
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