Trou noir 2/

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Mon téléphone !

Mais c’est évident. Comme pratiquement tout le monde, j’ai un téléphone portable et j’y trouverai au moins le jour, la date et l’heure.

En refaisant le lit dans l’espoir de trouver mon portable, je tombe sur un tee-shirt noir, minimaliste, si petit que le simple Logo IRON MAIDEN le rempli entièrement.

C’est ça, samedi soir, nous sommes allés avec mes potes de garnison fêter l’anniversaire de Tom. Je me revois parfaitement, attabler devant mon verre d’Orangina, avec eux. Je replonge doucement dans mes souvenirs, alors que les odeurs de bière et de boiserie du pub m’embrouillent l’esprit. Tout le monde rit très fort et je les écoute sans rien dire. Une forte envie de pisser me tiraille le bas-ventre et m’oblige à me lever, même si je n’ai pas la moindre envie de traverser la foule jusqu’aux toilettes. En me redressant, je tombe nez à nez avec un décolleté plongeant et ce tee-shirt de Heavy metal qui s’était caché sous les draps. Je suis rouge de honte et ose à peine croiser le regard de la demoiselle. Mais laisser mon regard se perdre sur sa poitrine est encore pire. Quand enfin, j’ose la regarder, une explosion incompréhensible se passe en moi. Ces magnifiques prunelles noires me fixent et le temps semble s’arrêter. Pour l’instant, le reste du visage reste flou, mais je vois distinctement sa main se secouer pour éjecter la bière que je viens de renverser.

— Désolé, je… vous…, baragouiné-je.

Puis plus un mot, elle me sourit, rit même en voyant mes joues s’empourprer de plus en plus. J’ai certainement l’air d’un idiot, mais son regard s’adoucit, devient même bienveillant et son visage s’approche du mien pour me chuchoter quelque chose à l’oreille.

Je suis en colère d’être de nouveau revenu dans cette chambre, accumulant lentement, trop lentement toutes les pièces du puzzle. Et tout ceci ne me ressemble pas : l’alcool, l’amnésie matinale, me réveiller dans un lieu inconnu… Le Mikaël dont je me souviens ne fait pas ce genre de chose.

Qui es-tu Mikaël ? Qui suis-je ? Ce petit garçon bagarreur, ou ce militaire sérieux et respectable ?

La vue du plafond m’apaise, alors que de nouveau je suis dans la position de l’étoile sur le lit. J’espère être dimanche et n’avoir effacé de ma mémoire qu’une soirée. Et surtout, si nous sommes lundi, je suis en retard au boulot, au vu de la hauteur du Soleil.

J’ai de nouveau un flash, mais olfactif ce coup-ci. Un délicat parfum fleuri me chatouille les narines. Est-ce celui de cette jeune fille aux yeux noirs ? Je tends la main et attrape le tee-shirt que j’ai laissé sur le lit et le porte à mon visage. Je m’imprègne de cette odeur qui me ramène dans cette même boite de nuit où j’avalais shot sur shot. Mais maintenant je suis dans les bras de ma belle, ses longs cheveux bruns ondulent au rythme de notre danse. Mon corps est collé au sien, elle agrippe l’une de me fesses pour presser nos bassins l’un contre l’autre. Mon sexe me fait presque mal tellement il est dur, pourtant, j’adore cette sensation… Mon désir, le sien, le nôtre. Je ressens cette attirance presque animale qui nous lit. Je suis à ma place et j’aimerais que le temps s’arrête. La tête me tourne et je ne sais pas si c’est l’alcool, le désir, ou son parfum envoûtant.

Un peu des trois peut-être !

Pourtant, une peur étrange m’extirpe de mes songes à regret. Je ne la comprends pas, tout était si parfait pourtant. Mes poings se serrent de rage, mais ma main droite me fait souffrir. D’où peut venir cette douleur sur mon poing ?

Ces va-et-vient entre présent et passé m’épuisent, mais ils sont mon unique moyen de sortir de cette pièce, j’en suis convaincu. Ma mémoire, j’en suis conscient se ravive par les odeurs de ce qui m’entoure. Alors pourquoi ne pas sentir tout ce qui se trouve dans cette pièce. Je me lève et minutieusement, je hume chaque objet, mais pour l’instant pas le moindre flash-back ne me revient. C’est idiot, mais j’ai l’impression d’être un pervers quand je porte à mes narines cette petite culotte rouge en dentelle.

Et pourtant elle fait immédiatement effet. Je suis dans cette chambre, mais il fait nuit. J’ai la tête entre ses cuisses et je lui dévore le sexe. J’aime tellement ça que j’arrive à peine à respirer, alors que mon visage est trempé par nos désirs mêlés. Mais ce flash est de courte durée et je suis maintenant dans une ruelle déserte. Elle est assise sur le capot, sa jupe noire remontée pour laisser apparaître sa délicate lingerie rouge, qui détonne avec sa tenue noire, aux accents de ténèbres. Je suis à ces ordres. Ma main glisse sa lingerie pour découvrir ses lèvres humides. Je sens son regard sur moi et lève la tête pour voir enfin très distinctement ses traits. En plus de ses yeux noirs et de ses longs cheveux bruns, je découvre une jeune femme magnifique, mais aux traits affirmés, reflet de son caractère fort. Nous maintenons le contact visuel alors que je m’apprête à goûter pour la première fois à son intimité. Ses yeux parfois se ferment quand je glisse en elle un doigt curieux mais délicat.

Son visage s’évapore dans la nuit, je suis de retour dans le présent, mais à genoux devant le lit. La douleur à ma main est de plus en plus forte. J’en ai presque du mal à bouger mes doigts. Et elle me manque, son odeur me manque, son visage me manque.

Adélaïde, mon Adélaïde, tu me manques !

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