Chapitre 2

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Victor mit son plan à exécution.

Il guetta l’aller-retour de M. Völva lors d'une nouvelle réunion. Cela ne manqua pas.

Aussitôt, Victor se leva, prit un dossier qu’il avait soigneusement mis de côté comme alibi et se précipita vers le bureau. En ouvrant la porte, il vit l’homme refermer brutalement son tiroir de bureau. « Sortez ! » lança-t-il. Vous n’avez rien à faire ici !

- Pardon Monsieur, je voulais simplement vous remettre un contrat pour signature.

« Xavier est là pour ça ! Sortez !! » asséna Völva, la figure pourpre et les tempes gonflées.

Victor retourna à son bureau avec un léger sourire à l’encoignure des lèvres.

Que pouvait-il dissimuler dans ce tiroir ? Pourquoi tant d’emportement à son entrée dans le bureau ?

Il devait découvrir ce qui s’y cachait. Cela devenait une obsession pour lui. La réussite professionnelle aussi fulgurante de Nicolas Völva devait bien couvrir quelques mystères…

À la pause déjeuner, Victor se livra à Xavier. Le manque d’intelligence et d’ambition de ce dernier poussait Victor à avoir confiance en lui. Ce n’était pas le genre de gars à vous doubler mais plutôt à se contenter des restes pourvu que ça ne lui demande pas trop d’efforts.

Sa petite santé lui conférait certainement un manque de vigueur pour la réussite.

Il lui révéla donc sa découverte et la réaction de M. Völva.

- Xavier, tu dois m’aider. Tu es seul à pouvoir accéder à son bureau lors de ses absences. Profites-en pour découvrir ce qu'il y a dans ce tiroir !

- Pourquoi je ferais ça. Qu’est-ce que j’y gagne ?

- Je ne sais pas, j’ai un pressentiment. Quoi que tu découvres, on se partagera le résultat ?

Dans un mouvement de bouche boudeuse, Xavier répondit par « J’vais réfléchir ».

Trois jours plus tard, à l’annonce du départ de M. Völva pour un déplacement professionnel, Victor comprit, par un échange de regards, que Xavier acceptait la mission. Il en était tout excité, comme lorsqu’il était enfant et jouait au détective avec son cousin pour espionner ce que faisaient « les grands ».

Dans l’après-midi, Xavier revint circonspect du bureau de M. Völva. Victor bouillonnait. Et s’il n’y avait rien qu’un foutu paquet de mouchoirs ?

Xavier chuchota en s’asseyant « C’est fermé à clef… ».

Victor se frappa le front, mais bien sûr que c’est fermé à clef. Cela ne pouvait être autrement.

Plutôt que de l’abattre, cela lui donna la confirmation que M. Völva tentait bien de dissimuler quelque chose.

- Retournes-y ! lança Victor.

- Allo… c’est fermé, soupira Xavier

- Force le tiroir, crochète la serrure, j’en sais rien ! On n’va pas s’arrêter à un tiroir fermé ?

Xavier fixa mollement Victor.

- On ? J’te signale que c’est moi qui prends tous les risques dans l’histoire. S’il n’y a rien dans ce fichu tiroir et que je me fais toper, je suis foutu, et s’il y a quelque chose, ben, je suis peut-être foutu aussi. Alors le « on », t’es gentil mais tu peux te le carrer où je pense.

- Xav’ je t’en prie. Essaie encore une fois, moi je ne peux pas, je suis encore en période d’essai et je n’ai pas d’autorisation. Encore une fois. Si ça n’marche pas, j’me débrouille, j’passe à autre chose ! Mais il y a quelque chose de pas naturel dans cette histoire !

- Pas naturel ?

- C’est comme ça que je le sens. C’est louche... Il y a encore cinq ans, personne ne le connaissait et là, c’est le messie de l’investissement qui semble vouer son culte à un tiroir de bureau. Avoue que c’est louche ?

- Sans parler de tous ces objets qui trônent dans son bureau… Une fois, j’aurais juré en voir un bouger tout seul. Bon, ok ! Une fois ! Rien qu’une ! Ce soir, j’y retourne quand les bureaux seront vides.

Victor et Xavier se remirent dans leur dossier avec satisfaction et conviction. Victor quitta le bureau en début de soirée, adressa un clin d’œil à Xavier et rentra chez lui avec une divine excitation. Xavier et lui avaient convenu de s’échanger des textos ce soir pour connaître l’issue de cette histoire.

La soirée se passa sans que Victor ne reçoive de message. Même pas de réponses. Rien !

Le matin, voyant son téléphone toujours silencieux, il s’inquiéta de sa confiance excessive. De nouveau, un pressentiment lui chatouillait le ventre.

Et s’il s’était fait doubler ?

Il devait tirer rapidement cette histoire au clair.

Il ne prit pas le soin habituel pour se préparer et arriva à son bureau plus tôt que d’habitude, col de travers et cheveux hirsute.

Là, il croisa une équipe de la gendarmerie et perçut un affolement dans les bureaux.

Sur la banquette grise de l’accueil, Sandrine la standardiste était en larmes, un mouchoir gluant à la main.

- Mais que se passe-t-il Sandrine ?

- Oh Victor, c’est affreux !

Elle sanglota de plus bel.

- C’est Xavier ! Oh mon dieu Xavier ! Il est mort…

- Mort !

Un frisson d’effroi parcourut le dos de Victor.

- Mais… Mais que s’est-il passé ?

- Une crise cardiaque. C’est M. Völva qui l’a retrouvé dans son bureau, raide mort. Il a dû avoir une attaque après que tout le monde était parti. C’est trop affreux. Un si gentil garçon…

Victor étreignit Sandrine et son regard s’embua. Il se sentait coupable, responsable du sort de Xavier. Il le savait fragile mais n’avait jamais imaginé sa vie en danger.

Il retourna à son bureau, partagé entre l’idée d’arrêter toute investigation ou de poursuivre ce qui était de plus en plus suspect.

Dans un électrisant sursaut, il décida de continuer à enquêter sur le secret de M. Völva. S’il y avait un responsable, c’était bien lui. Personne d’autre que cet étrange personnage.

Et puis il le devait bien à Xavier. Il ne devait pas avoir péri pour rien.

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