CHAPITRE 2 partie 1 - Alice
Vendredi 15 septembre 2023
Ma table à repasser ouverte, mon fer branché, j'attache mes cheveux bruns en un chignon désordonné. Je suis prête pour attaquer le repassage de mes chemises de travail au couleur beige et bordeaux. Demain, j'en aurai besoin pour la reprise.
Sous la concentration, un bout de langue dépasse de ma bouche, j'essaie d’appliquer au mieux les conseils de ma mère. Vous n'allez sûrement pas le croire, mais j'apprécie cette activité. Ça me détend. Plus jeune et afin d'aider ma maman qui n'est pas une grande fan, je me suis chargée du linge. Je passais des heures à étirer, déplier, plier les différents vêtements de la famille. J'en ai brûlé certains, que je planquais au fond d'un tiroir ou d'une armoire, pour ne pas que ma mère s'en aperçoive. Depuis, je me suis améliorée et en seulement quelques minutes mes deux tenues sont sans pli et sur un cintre.
Je range mon bazar, puis je décide d'aller prendre ma douche. Je ne m'éternise pas sous l'eau. Une serviette enroulée autour de mon corps, j'essuie le miroir à l'aide d'un chiffon, me permettant d'observer mon reflet. Des cernes s'étirent sous mes yeux clairs, couleur noisette. Je ne suis pas étonnée. J'ai toujours souffert de migraines, le traumatisme crânien causé par ma chute, les a multipliées par deux. Par conséquent, je ressens de la fatigue plus rapidement et plus souvent.
Après m'avoir retiré quelques poils aux sourcils, je m'habille d'un débardeur blanc mettant en évidence ma poitrine volumineuse et d'un jogging noir. Mes jambes trop courtes m'obligent à rabattre le bas du pantalon. Avant d'enfiler mes chaussettes, je remets la chevillère et je quitte la salle de bain embuée pour me diriger vers le salon.
Tout en attrapant une grande enveloppe sur la table basse, je m'installe confortablement sur le canapé en me couvrant d'un plaid en polaire.
Pour une énième fois, je relis les mots de rétablissement de mes collègues.
Un jour, mon père est apparu avec un carton rempli de choses variées : bouquins, magazines de jeux, chocolats, puzzle, bijoux fantaisie... Il m'a expliqué qu'une collecte a été ouverte pour moi et chaque participant a laissé une trace écrite sur la carte géante que je tiens entre les mains. Après cette annonce, les larmes me sont venues aux yeux. Avec la boite au trésor et l'étreinte de mon père, mon moral est remonté en flèche.
Travaillant lui-même au parc, lors de ses visites, j'en profitais pour lui demander des scoops.
J'ai aussi reçu deux trois appels de Marie-Anne, avec qui je suis régulièrement en binôme. Elle mettait le haut-parleur, me permettant d'entendre et de parler plus facilement avec une partie de l'équipe.
Un beau matin, mon portable a sonné et en découvrant Gary inscrit sur l'écran, mon expression s'est subitement figée avec la bouche entrouverte, et les yeux agrandis. La surprise a soudain laissé place à de la satisfaction. Malgré tout, j'ai répondu les mains tremblantes.
Sur un mois de repos forcé, chaque semaine, Gary prenait de mes nouvelles. Au début, on discutait beaucoup de mon état de santé, puis nos conversations ont glissé sur tout et n'importe quoi. En examinant l'historique de mon téléphone, je me suis aperçue que nos bavardages ont duré entre quarante-cinq minutes et une heure.
Mes souvenirs me faussent compagnie, au moment où le coucou de la pièce fait son numéro. L'horloge indique vingt-deux heures. Je boucle la porte d'entrée de l'appartement, éteins les lumières et vais dans la chambre. Couchée dans le lit, je prends le livre sur ma table de chevet et je lis jusqu'à m'endormir.
Lors de la première version de l'histoire, ce chapitre n'existait pas. Je l'ai ajouté afin d'en dire un peu plus sur les personnages et de les découvrir en dehors du parc.
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