Alice

4 minutes de lecture

Une partie de chapitre difficile à écrire. J'ai ajouté, retiré, plusieurs scènes à plusieurs reprises. j'ai décidé de me concentrer surle retour d'Alice vis à vis de Gary.

Samedi 16 septembre 2023


Ma montre indique neuf heures et demie, d'un pas entraînant je passe le portail du parc. Normalement, en semaine, je viens à huit heures avec mon père. Pendant cent vingt minutes, avec l'aide de ma pince et ma poubelle à roulette, je ramasse les déchets que les clients ne prennent même pas la peine de jeter dans une corbeille. Le week-end, mon paternel ne travaillant pas, j'arrive un peu plus tard.


Étant encore un peu tôt, mes collègues ne sont pas arrivés. Je me dirige vers le local à clé et déverrouille en tapant le code, en espérant qu'il n'ait pas été changé. La porte s'ouvre. Je pénètre dans l'étroite pièce et contrôle le tableau des affections manèges. À la recherche de mon prénom, je le parcours une seconde fois. Je ne le trouve pas. Je ressors et fonce au bureau pour avoir des réponses à ce micmac.


Soudain, un bruit de dérapage se fait entendre, je tourne la tête vers le raffut et j'aperçois une voiturette utilitaire qui arrive bien trop vite. Je sers les poings et ma bouche se pince. Des graviers volent, de la poussière s'élève au moment du brusque freinage. Le conducteur descend du véhicule, tout relax. Je me retiens de ne pas exploser. En passant devant moi, il me demande :


- Alice, comment vas-tu ?

- Ça t'intéresse vraiment ou tu veux juste me montrer que tu as appris la politesse et le respect, sifflé-je entre les dents.

- Ah oui, tu attaques direct !

- Jérôme, il faut dire que tu me donnes de la matière, répliqué-je tout en le regardant droit dans les yeux. Rien que de te voir, j'ai envie de t'en mettre une.

- Tu sais quoi ? Je me fous de savoir si tu vas bien, avoue-t-il en me bousculant pour rentrer dans les vestiaires.


Sur ces mots, je reste de marbre. Après les mots doux, les gestes tendres, viennent les évitements et les humiliations. Je me demande bien, comment j'ai pu tomber amoureuse d'un connard pareil. Rageusement, j'essuie les larmes qui menacent de couler. Il est hors de question que je laisse cet enfoiré gâcher ma journée.


Avant de pénétrer dans le local, je prends une bonne bouffée d'air afin de reprendre contenance puis, je retire un mouchoir de mon sac et le passe sous mes yeux.


Dans la salle, je fais face à deux bureaux, deux ambiances.


À droite, Gary, coupe militaire, rasé de prêt, habillé sans un pli. Sur la table, chaque chose se trouve à sa place : les papiers bien classés, les stylos et crayons rangés dans une tasse avec inscrit le « meilleur papa » et la corbeille vide. À Gauche, Christophe, le chef des opérateurs manèges, cheveux grisonnant en bataille, chemise non repassée qui dépasse d'un jeans délavé et barbe de trois jours. Son coin est un bordel sans nom : feuilles éparpillées ou en tas, stylo sans capuchons, poussière abondante et poubelle à ras bord.


Avant d'avoir pu émettre un son, mon patron se lève et quitte le bâtiment, sans un mot, ni regard pour moi. Je lève les yeux au ciel et laisse un souffle d'impatience s'échapper de ma bouche. Je choisis donc d'aller embêter mon secourisme préféré.


- Bonjour Gary.

- Bonjour princesse, comment vas-tu ?

- Bien... Dis-moi, tu sais pourquoi je ne suis pas sur un manège ? Demandé-je après avoir contournée le bureau et poser mes fesses sur le rebord.

- Christophe avait déjà fait le planning quand tu as prévenu de ton retour, m'explique-t-il en s'installant au fond de sa chaise.

- Magnifique ! Lâché-je. Je suis sûre que tu peux arranger ça, dis-je en affichant un de mes plus beau sourire.

- Je suis désolée, mais l'équipe est au complet. Par contre, Clément cherche des mains pour de la peinture... Et je pense qu'une reprise en douceur serait bien pour toi. Ton père m'a parlé de tes migraines et de la chevillère, enchaîne-t-il.

Sur ses paroles, je comprends qu'il s'inquiète pour moi. Je trouve ça plutôt chou. Je préfère ne pas entrer dans le débat. M'énerver n'arrangera pas les choses, mais il est hors de question que j'abandonne le projet de retourner à mon poste habituel. Une lumière s'allume dans ma petite tête.


- Et pour les pauses... j'ai une idée qui pourrait plaire à tout le monde, ajouté-je après une courte réflexion.

- Je t'écoute, répond il en penchant légèrement la tête sur la droite.

- Peut-être que je pourrai t'accompagner pour les pauses de midi et celle de l'après-midi. Tu pourras garder un œil sur moi et moi, je bougerais un peu plus. C'est un bon compromis non ?

- Hum... rumine-t-il en tapotant ses doigts sur le bureau.


Impatiente, je change de position, un de mes pieds tapote le bas du meuble dans un rythme régulier.


- Ok, faisons ça.


À peine la dernière syllabe prononcée, je me jette à son cou pour le remercier. Mon regard croise ses yeux noisette, soudainement, mes joues s'enflamment et des papillons dansent dans mon ventre. Avant qu'il ne s'aperçoive de mon trouble, je me relève et prends un talkie-walkie.


- Tu veux que je te rejoigne à quelle heure ? Questionné-je tout en essayant d'attacher cette foutue radio à ma ceinture.


Silencieusement, Gary s'approche de moi, il m'aide à fixer l'objet de communication à mon pantalon. Des frissons courent sur mon corps au moment où nos doigts s'effleurent.


- Retrouve-moi ici à onze heures vingt, chuchote-t-il. C'est noté.


Je lui souris de nouveau, puis je sors.


Dehors, une brise légère vient caresser mon visage. Je prends quelques secondes pour me remettre des faiblesses de mon corps. J'ai beau rassemblé mes pensées, je n'ai jamais ressenti ce genre d'émotion auparavant. Sans que je ne le veuille, mes lèvres s'étirent dans un smiley de bien-être.














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