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Il était là, tout près de moi, et je pouvais encore sentir la chaleur de son souffle. Le dernier. L’ultime souffle.
Je l’avais tué, mes mains étaient rouges de son sang, mes poings n'étaient que lambeaux de chairs. Un mélange de chair, de sang et de salive. Mon sang, ma chair. Son sang, sa chair. Le sien, le mien, le nôtre peu importe. Nous ne faisions qu'un, nous ne ferons qu'un, même maintenant que toute trace de vie avait disparu, même maintenant que son regard ne me transperçait plus.
Lui, moi.
Nous.
Lui.
Oui, lui surtout.
J’étais assise sur le parquet de notre chambre, lui était allongé au sol, le visage déformé, détruit. C'était beau. C'était affreusement laid, une horreur magnifique. J'étais enfin libre. Finalement, il ne m’atteindrait plus et je me retrouvais désespérément seule.
Je me réveille en sursaut. Complètement bouleversée. Je glisse doucement la main sous les draps jusqu’à toucher le corps chaud et endormi de mon mari.
Il faut que je retrouve mes esprits et que je me calme. Je m’oblige à respirer profondément et écoute le son rassurant de la respiration forte et régulière de l’homme de ma vie.
Il est bien là, vivant, et je me blottis contre lui pour me rassurer. Son corps réagit instinctivement et se positionne pour m’accueillir, comme deux blocs complémentaires d’une partie de Tetris. Je souris et le serre fort contre moi.
Je l’aime tellement, tellement que je pourrais le tuer un jour, tellement qu’il me tuera le premier, tellement que je suis déjà en sursis, tellement que je m’en fiche.
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